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Départ de Ould Abbès : les enjeux cachés d’un coup de théâtre retentissant

Départ de Ould Abbès : les enjeux cachés d’un coup de théâtre retentissant

Le ciel politique de cette année pré-électorale a encore vrombi. Autant Djamel Ould Abbès n’a été que très peu pris au sérieux tout au long de ses deux années passées à la tête du FLN, autant son départ s’apparente à un coup de tonnerre dont les vibrations se sont étendues au-delà du vieux parti pour secouer toute la scène politique.

Ould Abbès était au pilotage -du moins prétendait-il- d’un projet central pour le pouvoir, un cinquième mandat pour le président Bouteflika, et son départ ou son débarquement à l’approche de l’heure fatidique pose au moins question.

D’abord les inévitables interrogations basiques. Quel crédit accorder à cette histoire de soucis de santé soudains ? Si les raisons sont ailleurs, quelles sont-elles ? Est-il parti de son plein gré ou l’a-t-on poussé vers la porte comme la mécanique du pouvoir sait si bien le faire avec les timoniers des partis qui tournent dans son orbite ?

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Aussitôt la démission de Djamel Ould Abbès « pour des raisons de santé » annoncée en début d’après-midi de ce mercredi 14 novembre, des sources au fait du bouillonnement du sérail depuis le début de l’été dernier se sont empressées de rectifier qu’il s’agit d’un départ décidé « en haut lieu » et acté depuis quelques jours. Même le subterfuge du malaise cardiaque lui aurait été suggéré par « la partie » qui lui a signifié sa fin de mission.

L’homme est donc parti comme il est venu, c’est-à-dire sur une décision prise ailleurs qu’au sein des instances du parti. Cela, nul besoin du concours de « sources informées » pour le deviner.

Depuis au moins trois décennies, le FLN -et même le RND depuis sa création en 1997- change de tête suivant le même procédé, souvent sans anicroches, parfois avec quelques résistances qui ne font pas long feu.

Du reste Ould Abbès n’a pas la carrure d’un Abdelhamid Mehri ni ne dispose des « soutiens » d’un Ali Benflis pour avoir des velléités d’empêcher les choses de tourner en rond.

Vient donc la bonne question : pourquoi la fin de mission du secrétaire général du FLN survient-elle à ce moment précis ? Plus clairement, il faut s’interroger sur le lien entre cette disgrâce subite de l’homme et son positionnement énigmatique dans la polémique qui a vu s’affronter un cacique de son parti et le chef d’un parti rival.

Il y a deux jours, Djamel Ould Abbès faisait clairement savoir que les attaques de Tayeb Louh contre Ahmed Ouyahia n’engageaient que leur auteur. Le même Ould Abbes, d’habitude prompt à dégainer lorsqu’il s’agit du 5e mandat, n’a rien dit lorsque Abdelaziz Ziari déclarait sur TSA Direct jeudi dernier, que Ouyahia était la seule personnalité capable de remplacer Bouteflika.

D’aucuns diront que la coupe était pleine et rappelleront les innombrables écarts de langage et autres légèretés du désormais ex-chef du FLN qui n’a pas épargné adversaires et amis de ses piques sournoises ou même de ses injures inacceptables, jusqu’à créer un véritable malaise au sein du bloc des partis et personnalités qui soutiennent le président Bouteflika.

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L’hypothèse d’une « pression » de ces derniers afin d’obtenir la « neutralisation » de Djamel Ould Abbès n’est pas totalement farfelue. On voit mal par exemple un Amara Benyounès aller faire campagne pour le cinquième mandat ou tout autre plan, comme si de rien n’était, avec un personnage qui, il y a quelques mois, le chargeait publiquement d’une insulte inqualifiable.

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Autre grief qui pourrait avoir été retenu contre le controversé Ould Abbès, son annonce plus que prématurée de la candidature du président au nom du FLN, une précipitation qui serait très peu appréciée en haut lieu et parmi les alliés politiques de son parti.

Pas plus que n’aurait été aimée sa gestion de la crise qui a secoué le Parlement en octobre dernier et qui a débouché sur un coup de force grossier qui frappe du sceau de l’illégitimité un poste aussi sensible que celui de président de l’APN.

Tous ces écarts ont peut-être fini par convaincre que Djamel Ould Abbès n’est pas l’homme qu’il faut pour la campagne à venir, quel que sera son objet.

Mais le plus troublant reste cette quasi-simultanéité entre sa « neutralité » inattendue dans la polémique Louh-Ouyahia et sa « démission » tout aussi imprévue.

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Place donc aux questions cruciales. Le ministre de la Justice, qu’on sait très proche du cercle présidentiel et pas toujours en bons termes avec M. Ould Abbès, a-t-il acquis au sein de l’appareil du FLN ce poids qui lui permet de dégommer avec une telle facilité même le secrétaire général du parti quand il ose le contrarier ?

Ou alors, les attaques de Tayeb Louh à l’égard d’Ahmed Ouyahia cacheraient-elles des tiraillements plus dramatiques et des visées suffisamment décisives pour causer un changement à la tête du parti majoritaire à quelques semaines du renouvellement partiel du Sénat ? L’enjeu semble en effet très sérieux. Le danger aussi. Le mieux à faire, c’est de regarder un peu plus du côté de la maison du chef du RND.

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