Politique

Discours de Gaïd Salah : ce qu’il faut retenir

Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, a prononcé, ce mardi 18 juin, une allocution en marge de son deuxième jour de visite de travail et d’inspection en 3e Région militaire, à Béchar. Voici ce qu’il faut en retenir :

Attachement à la Constitution

Ahmed Gaïd Salah a réitéré, dans son allocution, l’attachement de l’institution militaire à demeurer dans le cadre constitutionnel dans la quête d’une issue à la crise politique que traverse le pays, taclant au passage ceux qui appellent à s’affranchir de la Constitution pour répondre aux revendications populaires exprimées depuis le 22 février.

« On parle beaucoup de l’importance de trouver une solution consensuelle entre les dispositions de la Constitution et les revendications populaires. Croient-ils qu’il existe une contradiction ou bien un écart entre ce à quoi tendent les dispositions de la Constitution dans leurs véritables dimensions et ce à quoi appelle le peuple algérien dans ses marches successives ? », a expliqué le vice-ministre de la Défense.

« Le peuple qui a plébiscité sa Constitution est le plus apte à préserver la loi fondamentale de son pays et ses dispositions et à s’y conformer. Aussi, il est impensable de procéder au nom du peuple, à la destruction de la réalisation du peuple algérien, qui est la loi fondamentale, soit la Constitution », a soutenu Gaïd Salah.

Mise en garde contre les risques d’une sortie du cadre constitutionnel

Le chef d’état-major a également pris à partie ceux qui appelleraient à sortir du cadre de la Constitution, mettant en garde contre les risques que présenterait une telle entreprise. « Ceux qui prétendent, par ignorance ou arrogance et entêtement, ou animés par des intentions aux objectifs ambigus, oui ambigus, que le pouvoir du peuple est au-dessus de la Constitution et au -dessus de tous- et c’est une vérité utilisée à tort, car ils tentent sciemment d’outrepasser, voire geler, l’application des dispositions de la Constitution, réalisent-ils que cela signifie la suppression de toutes les institutions de l’État et s’engouffrer dans un tunnel obscur dénommé le vide constitutionnel ? », s’est-il interrogé.

Pour Ahmed Gaïd Salah, outrepasser la Constitution signifierait « la destruction des fondements de l’État national algérien et penser à construire un autre État avec d’autres standards, d’autres idées et d’autres projets idéologiques, auxquels seront consacrés des débats sans fin ». « Est-ce leur objectif ? », s’est encore interrogé le vice-ministre de la Défense.

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Vision de l’Algérie et sa Constitution

En exprimant ses craintes de voir « la destruction des fondements de l’État national et penser à construire un autre Etat avec d’autres standards », le chef d’état-major a levé voile sur sa vision et sa définition de ce qu’est l’Algérie.

« L’Algérie n’est pas un jeu de hasard entre les mains de n’importe qui, ni une proie facile pour les amateurs d’aventurisme. Elle est le produit des sacrifices d’une révolution glorieuse, dénommée le 1er Novembre 1954 », a indiqué Gaïd Salah, ajoutant que la Constitution est « le giron du peuple et son rempart imprenable; elle est le fédérateur des composantes de son identité nationale et des solides constantes qui n’ont nul besoin de quelque forme que ce soit de révision ou de changement ».

Justification de l’inaction de l’armée face à la corruption

Enfin, Ahmed Gaïd Salah a tenté d’apporter une explication aux nombreuses voix qui se sont élevées pour s’interroger quant à l’inaction de l’armée durant des dernières années face à la corruption rampante dans le pays.

Le général de corps d’armée a affirmé dans ce contexte que la corruption est intervenue à une période durant laquelle l’armée était notamment occupée à « se hisser aux plus degrés de professionnalisme », à « protéger les frontières nationales » et à éliminer « le terrorisme au nord du pays ».

«Au moment où les enfants du peuple, au sein de l’Armée nationale populaire s’acquittaient de leurs missions avec sincérité et dévouement et de leur devoir national au service du développement et de la promotion des Forces armées pour les hisser aux plus hauts degrés de professionnalisme, et leur permettre de protéger les frontières nationales, avec tout ce qu’elles impliquent comme défis, et continuer à relever avec succès l’enjeu de l’élimination définitive du fléau du terrorisme au nord du pays, je disais qu’en ce moment précis où l’Armée nationale populaire travaillait avec responsabilité, abnégation et désintéressement, certaines personnes dénuées de conscience et de scrupules, planifiaient avec ruse la manière d’usurper les deniers publics, soit l’argent du peuple algérien », a affirmé Gaïd Salah.

« Là réside toute la différence entre celui qui agit avec dévouement et bonne intention et celui qui manigance avec malveillance. Ces derniers ont oublié que cette voie est courte, voire une impasse », a conclu le chef d’état-major.

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