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DJ Snake, Zidane…Ces ambassadeurs dont l’Algérie profite peu

DJ Snake, Zidane…Ces ambassadeurs dont l’Algérie profite peu

« Citoyen d’honneur » est la comédie de la rentrée française. Ce long-métrage du cinéaste franco-algérien Mohamed Hamidi met en scène Kad Merad, qui joue le rôle de Samir Amin, un écrivain d’origine algérienne qui a obtenu le Prix Nobel de littérature.

Ce dernier est invité dans son village d’origine en Algérie pour recevoir le prix de citoyen d’honneur. Ce lieu où il est né et a grandi, l’a inspiré, mais il ne l’a pas revu depuis 35 ans.

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Cette comédie raconte avec humour et tendresse le lien indestructible qu’ont les Algériens de la diaspora avec leur pays. Ce film permet d’interroger la place de personnalités binationales dans leur pays d’origine.

Qu’ils soient nés ou non en Algérie, les talents binationaux n’ont de cesse d’afficher leur attachement à leur pays. Parfois l’Algérie inspire même leur travail. Mais à l’inverse, le pays est-il fier de voir ces Algériens ailleurs ?

Une relation à sens unique ?

L’importance de la diaspora algérienne a été placée au cœur des débats de cette année 2022. Que ce soit pour son influence à l’étranger ou pour ses choix politiques et son impact social. Comme pour le rôle de diplomatie culturelle qu’elle assure.

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Lors des élections françaises d’avril 2022, on a beaucoup évoqué le poids de la diaspora algérienne – la première communauté étrangère de France – dans l’électorat.

La myriade de personnalités franco-algériennes dans la délégation d’Emmanuel Macron lors de sa visite en Algérie fin août dernier (25-27 août) a beaucoup fait parler.

Le succès planétaire de DJ Snake qui s’est lancé dans une soudaine revendication de ses racines algériennes a permis de s’interroger sur l’intérêt de s’assumer en tant qu’Algérien dans l’industrie musicale.

Tous ces signaux ont rappelé à quel point les Algériens, qu’ils aient un lien proche ou éloigné à l’Algérie, n’oublient jamais de faire honneur à ce pays. Pourtant, l’Algérie profite peu ou prou de cette vitrine que lui offre sa diaspora.

Les personnalités d’origine algérienne réussissant à l’étranger sont pourtant nombreuses. Elles n’hésitent pas à afficher leur amour du pays, de leurs racines ou de celles de leurs parents. Les parcours épatants de ces célébrités, chercheurs, artistes ou sportifs font le bonheur des médias algériens. Sur les réseaux sociaux, les internautes raffolent des success stories de leurs compatriotes éparpillés aux quatre coins du monde.

Mais du côté des officiels, les hommages sont plus timides. On évoque peu les réussites de personnes d’origine algérienne. Il n’est ni question de minimiser ou de nier leurs succès.

Elles sont tout simplement inexistantes. Seul le sport avec le recrutement de binationaux au sein de l’Équipe Nationale a su reconnaître l’importance d’avancer avec les Algériens de l’autre rive. Mais les autres compétences ne sont pas sollicitées pour aider le pays à se développer.

Malgré ce manque de reconnaissance de la part de l’Etat algérien, des personnes comme Zinedine Zidane, DJ Snake ou Tahar Rahim sont devenues des ambassadeurs de l’Algérie au point de redorer son image.

Les compétences algériennes apprivoisent tous les domaines médiatiques

Il y a pourtant de quoi faire la fierté d’un pays. Tous les secteurs comptent leur lot de personnalités ayant des origines algériennes.

Le sport que nous avons déjà cité, est marqué par des joueurs internationaux qui ont changé la vision de l’Algérie dans le monde. Tout a commencé avec l’incroyable destinée de Zinedine Zidane.

L’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football n’a jamais caché ses racines algériennes. Il s’est même énormément investi en Algérie à travers sa fondation Zinedine Zidane en venant régulièrement en aide au peuple algérien.

Zinedine Zidane n’est pas le seul joueur qui offre une image positive de l’Algérie. Karim Benzema et ses prouesses footballistiques en Equipe de France comme au sein du Real de Madrid, n’a de cesse de rappeler sa fierté d’être Algérien. Les championnats européens comptent également leur lot d’Algériens tels que Riyad Mahrez, Ismaël Bennacer, etc.

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Les arts ne sont pas laissés de côté. La musique tout d’abord connaît ses artistes aux origines algériennes qui diffusent des sons inspirés de l’Algérie. Leur métissage a participé à leur création artistique. DJ Snake que l’on a déjà cité, le monde du rap est aussi marqué par la présence algérienne avec des rappeurs comme Médine, Soolking ou encore l’Algerino.

Le cinéma est aussi nourri par l’âme algérienne. Toute une nouvelle génération d’acteurs et actrices aux origines algériennes crève l’écran en Europe, mais aussi aux Etats-Unis.

Ces noms d’origine algérienne s’imposent dans les génériques de long-métrages qui participent à faire émerger une part de la culture algérienne. Reda Kateb, Lyna Khoudri, Tahar Rahim, Leïla Bekhti, Sofia Boutella, Dali Bensalah, sont devenus incontournables dans le 7e art.

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L’humour est également aux couleurs algériennes. Des comédiens comme Redouane Bougheraba, Nawel Madani, Naïm, Houria les yeux verts sont porteurs d’un humour empreint de la culture algérienne.

De près ou de loin, ces comédiens offrent une immersion dans notre monde, notre culture et dévoilent jusqu’aux moindres mimiques de n’importe quel Algérien.

Nombreux sont ceux qui partagent leur talent entre les deux rives. Ces humoristes rêvent de laisser leur empreinte dans leur pays d’origine. Redouane Bougheraba et Ahmed Sparrow sont récemment venus jouer en Algérie. Melha Bedia, la sœur de Ramzy Bedia, a même tourné « Miskina », la toute première série Amazon Prime en Algérie.

La recherche internationale profite du talent algérien

Les arts et le monde du divertissement ne sont pas les seuls domaines où les binationaux ont fait leurs preuves. Le monde de la science est également un terreau fertile pour les talents algériens.

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On peut citer, Belgacem Haba, considéré comme un inventeur de génie. Le chercheur d’origine algérienne a déposé plus de 1500 brevets d’invention dont 500 aux Etats-Unis.

Le physicien Noureddine Melikechi, a fait des prouesses dans la recherche spatiale, un domaine inexistant en Algérie. El Mouhoub Mouhoud est le président de l’Université Paris Dauphine, l’une des meilleures au monde.

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Ces scientifiques ont, certes démarré leurs études en Algérie, mais ont dû s’expatrier pour développer leurs compétences. Leur pays d’origine ne leur a pas offert d’opportunités à la mesure de leur intelligence, pourtant, ils ne l’oublient jamais et tentent de s’impliquer le plus possible en Algérie.

L’Algérie passe à côté de ces ambassadeurs internationaux

Lors de son voyage d’amitié, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la France allait soutenir et impulser les projets de binationaux en Algérie. Le président français a évoqué un fonds de 100 millions d’euros annoncé lors du Forum des Mondes Méditerranéens pour développer un écosystème entrepreneurial entre les deux rives.

L’ancien commissaire à la diversité et à l’égalité des chances sous Nicolas Sarkozy, Yazid Sabeg estimait dans une interview accordée au quotidien Le Télégramme, « qu’ il serait temps, qu’à l’initiative de la France, la contribution de la diaspora franco-algérienne, qui est le socle de la mixité franco-maghrébine, puisse être évaluée et exploitée par les deux pays. »

Les voix prônant l’investissement des compétences binationales se multiplient. Pourtant, l’Algérie semble toujours aussi absente de cette orientation. C’est ainsi que beaucoup de ces talents algériens ne déploient pas leur force en Algérie.

Si l’on reprend l’exemple du film « Citoyen d’honneur », on peut souligner que ce projet essentiellement algérien ait été tourné au Maroc. Parce qu’il est trop complexe d’obtenir les autorisations adéquates pour le faire sur le sol algérien, beaucoup de long-métrages racontent l’Algérie depuis le Maroc, qui est plus enclin à recevoir des équipes de tournage.

On se souvient de Nawell Madani qui avait le projet de développer sa version algérienne du Marrakech du rire. Mais le projet est resté en suspens.

Aussi, il y a une certaine surveillance dans le comportement de ces personnalités d’origine algérienne. Elles doivent sans cesse prouver qu’elles méritent leur seconde nationalité. Cet été, Karim Benzema a été vilipendé car il n’a pas posté de message à l’occasion du 5 juillet et des 60 ans de l’Indépendance algérienne.

Bien sûr, ces personnalités qui ont réussi à l’étranger ne doivent leur succès qu’à leurs propres compétences et à leur travail. Elles sont prêtes à utiliser leur notoriété pour valoriser le pays de leurs parents ou dans lequel ils sont nés. N’existerait-il pas une formule permettant de valoriser leur parcours pour à minima offrir une inspiration aux Algériens, qui ne demandent qu’à rêver ?

 

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