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Djamel Ould Abbès a « roulé tout le monde dans la farine »

Djamel Ould Abbès a « roulé tout le monde dans la farine »

Que restera-t-il du passage de Djamel Ould Abbès à la tête du FLN ? « Absolument rien », répond sans ambages un membre du Comité central. « Il s’est mis tout le monde à dos et a passé son temps à faire le pitre et à faire rire les Algériens », juge sans appel un membre du CC.

Au parti, le départ-surprise du docteur Ould Abbès, mercredi 14 novembre, n’a pas suscité d’oppositions. Même si au FLN on n’a pas l’habitude de contester les décisions venues « d’en haut », le silence renseigne sur le degré d’indifférence avec lequel ce départ a été accueilli par la base et les cadres du parti.

« Je vous mets au défi de trouver deux personnes qui vont le regretter. D’anciens SG Benflis, Belkhadem ou même Saïdani ont encore des soutiens au sein du parti. Mais, Ould Abbès personne ne se souviendra de lui dans quelque temps », nous affirmait samedi dernier un ancien sénateur à Annaba, lors du meeting de l’association des anciens élus du FLN.

Quant à l’attitude d’Ahmed Boumahdi, membre du BP, qui continue à affirmer que Ould Abbès est toujours aux commandes, elle n’étonne personne au sein du parti.

« L’attitude de M Boumehdi est extraordinaire. Il réclame que le règlement intérieur soit respecté, alors qu’il est issu d’un BP illégal, car non adoubé par le CC. En réalité sa réaction est purement carriériste. Il veut avoir des assurances de ne pas être débarqué du prochain BP », affirme une source interne au parti.

Occasion gâchée

Après la démission de Amar Saïdani du poste de secrétaire général, le 30 octobre 2016, Djamel Ould Abbès a récupéré un parti scindé en deux. Il y avait les pro Saïdani et ses adversaires.

C’est dans ces conditions que Djamel Ould Abbès a pris les rênes du parti, à la faveur du règlement intérieur conférant au plus âgé des membres du BP de prendre la direction du FLN pendant 30 jours le temps de convoquer le CC pour désigner un nouveau SG. Il ne l’a jamais fait.

« Il a bénéficié de la bienveillance de ceux qui ne voulaient plus de son prédécesseur et espéraient trouver en lui l’homme du rassemblement », affirme Boualem Djaafar, sénateur.

Judicieusement, Ould Abbès a tenté de jouer la carte de la réconciliation entre toutes les factions du parti, pour calmer les esprits et obtenir un répit. « La maison du FLN est ouverte à tous ses militants, sans exception », déclarait-il quelques instants après son installation à la tête du parti. « Il a promis à beaucoup et fait peu. Il a roulé tout le monde dans la farine », constate amer Abdelkader Ziari, ancien président de l’APN.

Stand-up

Rapidement, Ould Abbès par son style cynique et burlesque, est devenu une attraction médiatique. Pendant deux ans, le patron de la première formation politique du pays faisait le buzz par ses déclarations, plus farfelues les unes que les autres.

Un jour, il a affirmé avoir étudié avec la chancelière Angela Merkel à l’université de Leipzig en ex-République démocratique allemande (RDA). Problème : il est né en 1934 à Tlemcen alors que la chancelière allemande est née en 1954, à Hambourg.

Un autre jour, sur la chaîne « El Bilad TV », il a prétendu avoir inventé un appareil révolutionnaire : « J’ai inventé un appareil de radiographie, le D300 S12, qui a été par la suite exporté vers d’autres pays », a-t-il proclamé.

Le docteur Ould Abbès n’a eu de cesse de réécrire sa propre histoire, surtout celle liée à son parcours durant la guerre de libération nationale.

Il a soutenu avoir été le compagnon d’armes de Larbi Ben M’hidi, l’un des héros de la Révolution. Il a affirmé avoir été condamné à mort par la justice française pour sa participation à un attentat à la grenade. Sans convaincre. « Faut-il que je sois guillotiné pour qu’on me croie ? Pensez-vous qu’on puisse s’improviser moudjahid et condamné à mort ? » s’est-il offusqué en réponse aux nombreux sceptiques.

Il n’en demeure pas moins que ni la puissante organisation nationale des moudjahidine (ONM), ni l’association nationale des anciens condamnés à mort ne reconnaissent ses faits d’arme.

Mieux, les deux organisations avaient pris position en faveur de son adversaire Saïd Bouhadja dans le conflit qui l’opposait au chef du FLN. « Il fatiguait même ceux qui l’ont protégé. À la longue, il devenait un problème par son attitude », considère un sénateur du tiers présidentiel. Celui qui a annoncé au salon international du livre d’Alger qu’il allait s’atteler à l’écriture de ses mémoires peut dorénavant y consacrer tout son temps. Les exploits de Djamel Ould abbès ne sont pas prêts de s’arrêter.


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