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Droits de l’Homme en Algérie : le tableau idyllique de Lamamra à Genève

Droits de l’Homme en Algérie : le tableau idyllique de Lamamra à Genève

Ramtane Lamamra Sidali Djarboub/NewPress
Ramtane Lamamra ministre des Affaires étrangères

En matière de droits de l’Homme, l’Algérie est un très bon élève. C’est Ramtane Lamamra qui l’affirme. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a dépeint, ce lundi à Genève, une situation presque rose des droits de l’Homme en Algérie. Il a nié presque toutes les accusations et pointé du doigt une « littérature peu objective », selon lui, au sujet de présumées entraves à l’agrément d’associations.

En présentant son rapport périodique à la 27e session du mécanisme d’examen par les pairs du Conseil des droits de l’Homme (CDH), Ramtane Lamamra a notamment ignoré les poursuites qui visent les « Ahmadis », les pressions sur les médias ou encore les entraves à l’exercice syndical et politique dont font cas régulièrement les animateurs de la société civile.

Interdiction des marches à Alger : la raison sécuritaire

Au chapitre des manifestations publiques, Ramtane Lamamra a laissé entendre qu’il n’y avait « aucune entrave à travers » tout le pays, hormis à Alger -où les marches sont interdites depuis les « dérapages » de la manifestation organisée par les Archs en 2001- pour des raisons sécuritaires.

Lamamra, dont les propos sont rapportés par l’agence officielle, feint d’ignorer que des manifestations ont été interdites y compris dans certaines villes de l’intérieur, comme le rapporte régulièrement la presse. « Les libertés de réunion et de manifestation ne sont pas des événements sporadiques pour les partis, les associations ou les syndicats. Il s’agit d’une activité régulière qui reflète la vitalité de la vie démocratique. Toutes les régions d’Algérie connaissent une intense activité qui vise à mobiliser les militants ou les sympathisants autour de programmes et d’idées qu’ils partagent en commun », a-t-il affirmé.

Selon lui, les mesures qui s’appliquent, « à titre exceptionnel, à la manifestation sur la voie publique à Alger est liée à des considérations propres à la capitale ». « L’État ne peut, en sa qualité de responsable de l’ordre et de la sécurité publics, se risquer à les autoriser lorsqu’il est avéré que leurs organisateurs ne remplissent pas les conditions qui concourent à leur déroulement pacifique et sans porter préjudice aux biens des personnes ou être la cible de visées terroristes », a-t-il justifié en observant que les « tristes nouvelles que rapportent régulièrement les médias à travers le monde soulignent la pertinence de notre démarche ».

La démocratie n’est pas un « slogan de campagne »

Pour le chef de la diplomatie algérienne, la démocratie en Algérie « n’est ni un slogan de campagne ni un caprice d’intellectuels ». « La démocratisation en Algérie n’est ni un slogan de campagne, ni un caprice d’intellectuels. La tenue régulière et dans les délais fixés d’élections libres et transparentes, la diversité de la composante du Parlement où sont représentés 36 partis et une vingtaine d’indépendants, le fonctionnement démocratique des institutions, le foisonnement de l’expression libre des opinions, le développement prodigieux du mouvement associatif sont la parfaite démonstration du pluralisme en l’Algérie », a-t-il estimé.

Signe de ce pluralisme : l’existence de 71 partis politiques agréés et de plus de 100 000 organisations non-gouvernementales, un nombre qui a progressé avec la mise en œuvre des dispositions de deux nouvelles lois à partir de 2012, « contrairement à ce qui est rapporté par une littérature peu objective au sujet de présumées entraves à l’agrément d’associations », selon lui, dans une allusion aux critiques de nombreuses ONG.

« Il n’existe pas de délit d’opinion en Algérie« 

Les libertés syndicales sont exercées par « 65 organisations et la tripartite, qui a tenu 20 rounds depuis son institution, a été l’occasion pour le patronat, les syndicats et le gouvernement d’examiner et de convenir de formules consensuelles pour préserver l’emploi, renforcer la protection sociale et améliorer la compétitivité, en somme favoriser le dialogue social », a-t-il ajouté.

« Il n’existe pas de délit d’opinion en Algérie, ni de peine privative de liberté pour les professionnels de l’information« , a affirmé par ailleurs le chef de la diplomatie à propos de la presse. Selon lui, « les atteintes à la vie privée, à la considération des citoyens et la diffamation constituent, comme partout ailleurs, la quasi-majorité des poursuites qui ont été intentées par des citoyens (…) ».

Une presse libre

Lamamra s’est réjoui que la presse algérienne est l’une des « plus libres dans sa sphère géographique ». « La presse en Algérie est, de l’avis unanime des observateurs, l’une des plus libres dans sa sphère géographique. Avec 142 quotidiens, 43 hebdomadaires et 90 autres périodiques mensuels, elle reflète à la fois les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique en Algérie », a-t-il dit, rappelant que « le secteur de la presse a longtemps bénéficié du soutien de l’État ».

Ce secteur qui a longtemps bénéficié du soutien de l’État en matière de prestation et d’allègement de charges « est aujourd’hui dans un espace concurrentiel où seul le lecteur est juge et, par conséquent, détermine la viabilité économique des titres de presse », a-t-il affirmé, assurant « qu’il n’existe pas de censure, ni de monopole sur l’impression, puisque des collectifs de journaux se sont organisés pour acquérir les équipements nécessaires et procéder, pour leur propre compte et pour d’autres titres, à l’impression de journaux ».

L’Algérie opposée à « l’uniformité » des droits de l’Homme

Pour expliquer la différence entre son appréciation et celle des ONG de défense de droits de l’Homme, Ramtane Lamamra a indiqué que l’Algérie récusait « l’uniformité » des droits de l’Homme plaidant pour le respect des spécificités des pays. « L’Algérie a foi dans le multilatéralisme. Elle fait sien le principe de l’universalité des droits de l’Homme. Elle récuse, au nom de la diversité de la composante de la famille humaine, l’uniformité en se fondant précisément sur la reconnaissance des particularités philosophiques, civilisationnelles, historiques, culturelles sociologiques et religieuses », a-t-il détaillé. « L’universalité ne doit aucunement signifier unicité et/ou uniformité du modèle d’organisation sociale ou politique », a-t-il souligné.

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