Les niveaux des déficits budgétaires et de la balance des paiements de l’Algérie, même si en diminution «demeuraient élevés » malgré un important assainissement budgétaire en 2017, note le FMI dans son dernier rapport sur la situation économique de l’Algérie rendu public ce mercredi 13 juin.
Le déficit budgétaire est passé de 13.5% du PIB en 2016 à 8.8% en 2017 et devrait s’établir à 9% en 2018. La balance de paiement a quant-à-elle enregistré un déficit de 12,9% en 2017. Il devrait se situer à 9,75 en 2018 et 10,1% selon les prévisions du FMI.
Baisse des réserves de change
Le FMI estime que la croissance du PIB réel a « fortement ralenti », passant de 3,3% en 2016 à 1,6% en 2017, « principalement en raison de la contraction de la production des hydrocarbures », bien que la croissance du secteur hors hydrocarbures soit « stable ». Dans ce contexte, le FMI prévoit une croissance de 3% pour cette année et 2,7% en 2019. Concernant la croissance hors-hydrocarbure, celle-ci a été de 2.6% en 2017 et sera de 3.4% en 2018 et 2,9% en 2019.
Autre indicateur dans le rouge : le chômage a augmenté à 12,3% à fin 2017 contre 10,5 à fin 2016. Le FMI souligne qu’il reste « particulièrement élevé » parmi les jeunes (28,3%) et les femmes (20,7%).
L’inflation moyenne a pour sa part diminué de 6,4% en 2016 à 5,6% en 2017 « en raison du ralentissement de l’inflation des biens manufacturés et des services » fait remarqué le FMI. Elle devrait monter à 7,4% en 2018 puis à 7,6% en 2019.
Les réserves de change, bien que jugées « assez abondantes », ont chuté de 17 milliards de dollars pour atteindre 96 milliards de dollars en 2017. Celles-ci représentaient 22,6 mois d’importations en 2016 et 19,1 mois en 2017. Le niveau des réserves de change équivaudra à 16,2 mois d’importations en 2018 et à 13,5 mois en 2019, selon les projections du FMI.
Les investissements directs étrangers (IDE) ont représenté 1% du PIB en 2016 avant de diminuer à 0,7% en 2017. Les IDE devraient se maintenir à 0,8% en 2018 et 2019.
Les recommandations du FMI
Le FMI recommande aux autorités algériennes d’adopter une approche qui permette d’obtenir des résultats qui soient « meilleurs et plus durables ».
Le Conseil exécutif du FMI a estimé qu’une consolidation fiscale « progressive » pourrait être réalisée à partir de 2018 sans recours à la planche à billets, mais, en s’appuyant sur « un éventail plus large d’options de financement », y compris les emprunts extérieurs pour financer des projets d’investissement bien choisis.
Le FMI préconise également une « dépréciation graduelle » des taux de change, qui, combinée à des efforts visant à éliminer le marché parallèle des changes pourraient contribuer à soutenir les efforts d’ajustement.
Le FMI ajoute aussi que la politique monétaire devrait être « indépendante » et viser à contenir inflation tout en encourageant les autorités à « se tenir prêtes » à resserrer la politique monétaire si des poussées inflationnistes devaient apparaitre. Une critique à peine voilée du recours à la planche à billets.