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« El Khawa 2 » : accusé de plagiat, le producteur réplique

Le réalisateur Yahia Mouzahem vient de saisir un avocat pour déposer une plainte contre les producteurs du feuilleton « El Khawa 2 », diffusé durant le Ramadhan dernier par la chaîne privée El Djazairia One.

« J’ai demandé à un avocat d’engager la procédure. Même si j’ai toujours évité ce genre de choses, mais là, j’ai constaté avec surprise en regardant sur Youtube quelques épisodes d’El Khawa 2, l’existence de beaucoup de ressemblances avec ce que j’ai écrit dans le scénario « Le prisonnier ». Un scénario que j’ai présenté aux producteurs en 2016. On a pris l’essentiel de mon histoire dans El Khawa2. Tout sera tranché devant la Justice. Il y a beaucoup de jeunes auteurs qui se plaignent du vol de leurs idées mais ils n’ont pas le courage d’aller jusqu’au bout. Ils ont peur. On est arrivé à une étape où le recours à l’application de la loi est inévitable. Je vais demander mes droits. J’assume mes responsabilités..», a déclaré Yahia Mouzahem, lors de son passage dans TSA Direct.

Il a évité de parler de « vol » du scénario. « C’est à la Justice de qualifier les faits. Ce qui est sûr est qu’on a puisé dans mon scénario (pour El Khawa 2). J’ai contacté Imad Henouda (producteur d’El Khawa 2), mais je n’ai pas pu l’avoir au téléphone. Par respect, j’aurai aimé qu’il m’appelle pour me rassurer quant à la non exploitation de mon scénario surtout qu’on est lié par un contrat » , a-t-il dit.

« Je voulais qu’on réalise un bon produit »

Selon lui, le personnage de Moussa (interprété par Abdelkader Djeriou) d’El Khawa 2 est pris du scénario de « Le prisonnier ». Autant que d’autres personnages qui évoluaient en prison autour de Azzeddine G’Tâa (Djamel Barek) lors des premiers épisodes d’El Khawa 2.

« Il y a aussi la scène de la fuite de la prison. Le personnage du dealer de drogue qui se trouve emprisonné et celui de la servante dont le père décède…plein de choses », a-t-il appuyé.

Il n’est plus possible, selon lui, de réaliser la série « Le prisonnier » puisque le scénario a perdu son originalité. Yahia Mouzahem a rappelé que Samir Boudjadja, qui était directeur de production à Echourouk TV en 2016 avant de rejoindre El Djazairia One, l’a sollicité pour écrire une série sur la prison « à l’américaine ».

« Cela m’a intéressé parce que je voulais changer un peu et faire un drama à l’image de « Lalla Zbida » (un long métrage sorti en 2016). J’ai écrit un synopsis et développé le traitement de l’histoire avec les personnages comme Sid, Omar et Moh. Samir Boudjadja m’a proposé de réaliser le projet avec l’agence Wellcom. Je n’ai pas les moyens en tant que producteur de tenir une grosse production. J’ai accepté parce que je voulais qu’on réalise un bon produit. En décembre 2016, j’ai signé un contrat avec Imad Henouda, responsable de Wellcom advertising. En tant que réalisateur je devais chapeauter tout ce qui est dialogue et direction d’acteurs », a-t-il détaillé.

Un scénariste égyptien sollicité

Les producteurs ont, selon lui, contacté un scénariste égyptien pour élaborer l’histoire sur 30 épisodes.  Il s’agissait de Bilal Fadl qui est également nouvelliste et journaliste.

Il a, à son actif, une trentaine de scenarios entre drama et longs métrages ( «Noktatou al nour », « Mahatat Misr », « Al Houroub », « Ahl Cairo » etc).  « J’ai trouvé que c’était une bonne idée de se frotter à d’autres expériences. Ils se sont entendus avec lui mais après il n’a pas pu venir car il avait un emploi du temps chargé. Le tournage n’a pu avoir lieu en 2017. Ils ont alors tourné El Khawa (saison 1) puisque le scénario était déjà prêt. Le feuilleton a rencontré le succès. Entretemps, j’ai réalisé « Ayla high tec » avec Hadj Lakhdar (Lakhdar Boukhors). Après, j’ai repris contact avec Samir Boudjadja, installé dans ses fonctions de directeur de production à El Djazairia One. Il m’a demandé d’attendre et précisé que l’idée d’une série sur la prison n’était pas intéressante pour le Ramadhan. Il m’a conseillé alors de proposer une série familiale. J’ai dit que le contrat est toujours là et que je ne demandais pas encore mes droits puisque je n’avais rien réalisé. J’ai présenté le concept d’une nouvelle série avec un passage dans le temps », a souligné Yahia Mouzahem

El Khawa 2, « une œuvre de plus de 1300 pages »

Les propos de Yahia Mouzahem sur l’exploitation sans son autorisation de son scénario « Le prisonnier » dans la série El Khawa 2 sont démentis par Imad Henouda, producteur du feuilleton et responsable à Wellcom.

« Ce qu’il dit n’est pas vrai. Sarah Berretima et Dora Fazâa ont écrit pendant des mois le scénario en présence parfois de plusieurs acteurs. Les techniciens et les collaborateurs peuvent en témoigner. Ils ont assisté au développement du premier au dernier épisode. Hassan Kechache (premier rôle de la saison 1 d’El Khawa) est resté des mois pendant ce développement. Il n’était pas d’accord sur certains points, il est parti. D’autres comédiens sont venus comme Djamel Barek, Abdelkader Djeriou et d’autres. Tout le monde a assisté à l’atelier d’écriture du scénario. C’est une œuvre écrite sur plus de 1300 pages », a précisé Imad Henouda.

« On a eu 21 versions du scénario. À chaque fois, il y a eu des modifications. C’était sept mois de travail. Sara Berretima et Dora Fazâa travaillaient de 16 à 17 heures par jour. Après, Mouzahem arrive pour dire qu’on a pris de son scénario ! », a-t-il regretté.

« Ce que m’a proposé Mouzahem n’était pas un scénario »

Imad Henouda a confirmé la signature d’un contrat avec Yahia Mouzahem en 2016 mais en tant que réalisateur, mais pas en tant que scénariste. « Une boite de production paye les droits à un scénariste. S’il avait ramené un scénario, je n’aurai pas cherché un scénariste étranger. Il n’a pas réussi à faire le buzz avec ses produits, il veut le faire en s’attaquant à El Khawa. Nous l’avons engagé en 2016, suite à la demande de Samir Boudjadja, comme réalisateur. Il était à la recherche d’un scénariste. Je lui ai trouvé Bilal Fadl, un scénariste égyptien, engagé pour écrire un scénario. Comment alors Mouzahem parle-t-il d’un scénario qui lui appartiendrait ? Il m’a envoyé un mail, fin août 2016, me disant qu’il souhaitait réaliser une série sur la prison. L’environnement carcéral a été évoqué dans une centaine de films et des dizaines de séries à travers le monde depuis les années 1940. Cela ne peut pas être exclusif à Mouzahem. C’est une idée que d’autres peuvent explorer. Ce que m’a proposé Mouzahem n’était pas un scénario, ça n’a rien à voir avec El Khawa 2 », a ajouté Imad Henouda.

Selon lui, l’idée de réaliser une série sur la prison a été proposée par Samir Boudjadja, pas par Yahia Mouzahem, en s’inspirant du feuilleton égyptien « Al Oustoura » (la légende) de Mohamed Samy, diffusé en 2016.

Il y a une suite logique entre la saison 1 et 2 d’El Khawa

« Le projet de la série de Mouzahem est tombé à l’eau après le départ de Samir Boudjadja d’Echourouk TV. Mouzahem ne m’a pas appelé au téléphone. J’ai un seul numéro et je réponds à tout le monde. Même si je n’étais pas très convaincu, je voulais l’aider en tant que réalisateur. J’aime que tout le monde ait sa chance. Lorsque Samir Boudjadja, me l’a proposé, je lui ai dit : « Avec plaisir ». Je voulais mettre à sa disposition des moyens. Je n’ai pas envie de ramener à chaque fois un réalisateur étranger », a relevé le producteur d’El Khawa 2.

Il a expliqué que la scénariste Sara Berretima était obligée de traiter l’univers carcéral dans le feuilleton El Khawa 2 parce qu’Hassan Mostéfaoui (personnage central de la saison 1 d’El Khawa) était en prison.

« Après son assassinat, elle a continué avec les autres personnages qu’elle a créés comme Moussa (Abdelkader Djeriou), Djallil (Abdelkader Slimani), Farid (Mohamed Reghis) ou Azzeddine G’Tâa. C’était une suite logique avec la première saison. Il n’y avait pas de rupture dans le scénario comme certains l’ont prétendu », a tranché Imad Henouda.

Son agence, Wellcom advertising, qui a été créée en 2011 et qui est spécialisée dans la création et la production de contenus et de concepts de communication, a, à son actif, plusieurs productions pour la télévision comme “DZ Comedy Show”, “Casbah City”, “Bibich et Bibicha”, “Coke Studio” et “Fi Darna”.

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