Économie

El Oued : Condor met au point un pivot solaire pour l’irrigation

El Oued, dans un champ agricole, la caméra s’arrête sur la roue du pivot d’irrigation. Une courroie reliée à un moteur électrique actionne les roues. Surprise, une vue de l’ensemble montre deux panneaux solaires fixés au-dessus de l’engin. Le groupe Condor met au point un pivot d’irrigation alimenté par l’énergie solaire.

Certes, il ne s’agit pas des pivots de grande dimension capables d’irriguer plusieurs dizaines d’hectares. L’engin est plus modeste et ne permet l’irrigation que d’une parcelle ne dépassant pas un hectare.

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Mais c’est l’engin préféré des petits agriculteurs locaux, car il leur a permis de se lancer dans l’irrigation avec un modeste capital. Et c’est ce pivot artisanal construit localement à des milliers d’exemplaires qui a permis à El Oued de devenir une grande région productrice de pomme de terre.

Si la partie mécanique a toujours été montée par les artisans locaux, c’est également le cas des panneaux solaires et des 4 batteries équipant l’engin. En effet, il s’agit d’un matériel « made in Algeria » mis au point par le groupe privé algérien Condor.

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Mokhtar Saoudia, responsable commercial chez Condor le confirme à Ennahar TV : « Il s’agit de batteries Condor qui permettent une autonomie de 4 jours ».

 Problématique de la recharge des nappes

L’installation électrique devrait permettre d’adapter la vitesse de rotation du pivot et donc d’adapter l’irrigation aux différentes phases de croissance des cultures et donc de leur besoin en eau. Des économies significatives pourraient en découler, surtout dans les zones où l’électricité n’est pas disponible.

Antar, agriculteur à Trifaoui, observe les techniciens de Condor s’affairer autour du pivot. Pour lui, cette innovation est salutaire. Elle devrait permettre de s’affranchir « des baisses de tension du réseau électrique, des coupures d’électricité, des vols de câbles et des risques d’électrocution touchant les enfants ».

 Une telle innovation pourrait réduire les coûts d’irrigation et les retards liés au raccordement des pivots disséminés entre les dunes d’El Oued. Depuis que dans les années 1990 des artisans locaux ont mis au point ces pivots rotatifs, les agriculteurs en ont installé des centaines. Les premiers engins ont été confectionnés de bric et de broc : pièces récupérées sur de gros pivots abandonnés ou dans les casses d’automobiles mais également des pièces d’origine chinoise puis fabriquées sur place comme ces variateurs de vitesse.

Aujourd’hui, les artisans d’El Oued assurent le montage des engins, le service après-vente et offrent même la possibilité de paiements différés.

L’apparition d’engins équipés par Condor pour utiliser l’énergie solaire pourrait donner un second souffle à la saga des pivots rotatifs d’El Oued. Reste la question cruciale de la gestion des réserves souterraines en eau.


L’agriculture saharienne ne peut être durable que par une recharge de ces nappes. Durant des siècles cela a été le cas de la vallée du M’zab. Les habitants ont su profiter des crues automnales pour réapprovisionner la nappe superficielle.

Pour cela, ils ont édifié des digues de type « habbass » et un réseau de canaux alimentant des puits de recharge connectés à la roche réservoir par des fissures naturelles. Mais à El Oued, la question d’une agriculture durable reste posée.

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