Économie

En Algérie, « il faut être dix millions » d’habitants pour « vivre correctement »

Avec le système économique actuel qui s’appuie presque strictement sur la seule rente pétrolière, il faudrait que l’Algérie ait 10 millions d’habitants pour « vivre correctement », selon Mohamed Cherif Benmiloud, Professeur en économie.

« Si on ne veut vivre qu’avec le pétrole, ne pas travailler, il faut être 10 millions » d’habitants, a-t-il déclaré ce dimanche sur les ondes de la radio Chaîne 3. Toutefois, cette situation ne serait pas idéale puisque, selon lui, « si on est ambitieux et si on a un projet politique et économique, l’Algérie doit avoir 100 millions (d’habitants), avec une économie qui tourne pour 100 millions d’habitants ».

Avec une population de 100 millions d’habitants, l’Algérie « va compter dans la sphère internationale », selon M. Benmiloud. Un « projet ambitieux » dans le sens duquel il faut aller pour l’économiste car, d’après lui, il donnera à l’Algérie des avantages géopolitiques.

 

« Par sa superficie, sa situation géographique, ses potentiels », l’Algérie peut, d’après l’économiste, atteindre cet objectif des 100 millions d’habitants qui « vivent bien » en Algérie, mais seulement dans « des conditions idéales » et « un autre modèle économique, pas celui-ci car il n’est pas en mesure de satisfaire (les besoins des) 50 millions d’habitants à venir ».

En attendant que ces « conditions idéales » soient réunies en Algérie, l’explosion démographique qui a « repris depuis 2014 », selon le Pr Benmiloud alourdit l’économie nationale. « Un million d’Algériens s’ajoutent chaque année à la population, il y a donc des infrastructures à réaliser, des écoles, des hôpitaux », a-t-il rappelé, expliquant que l’Algérie est dans « une situation de croissance démographique qui n’est pas adossée ou compensée par la croissance économique ».

Le Pr Benmiloud s’est dit préoccupé de la baisse des réserves de change de l’Algérie, désormais au-dessous de 80 milliards de dollars. Il a indiqué que le déficit de la balance des paiements accusait un déficit annuel moyen de 20 milliards de dollars. Sur la base de ce constat, il croit utile de prévenir qu’au cas où le baril de brut reste fixé à 70 dollars, « ce qui n’est pas sûr » et que, de plus, le niveau des importations soit maintenu à 35 milliards de dollars, le pays risque de devoir faire face à un déficit de 7 à 8 milliards de dollars, ce qui lui fait dire qu’on « dépense plus que ce que l’on gagne ». Pour lui, au rythme de la « consommation » des réserves de change, soit 20 milliards de dollars par année, l’Algérie épuisera son matelas de devises dans trois ans, c’est-à-dire en 2022.

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