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En plein crise du Golfe, le PSG source de fierté nationale au Qatar

En plein crise du Golfe, le PSG source de fierté nationale au Qatar

« Ici, c’est Paris! », lit-on sur des tee-shirts dans ce « PSG Store ». Mais ici, c’est Doha et ce magasin à la gloire du club français se trouve dans un centre commercial doté d’un canal à la vénitienne, que des clients parcourent en gondoles électriques.

Une fois franchie l’entrée, tout est aux couleurs du club parisien, des porte-clés aux espadrilles, et les écrans géants diffusent des extraits de matches et des vidéos de ses stars, le Brésilien Neymar et le jeune Français Kylian Mbappé.

Le Qatar, petit mais richissime émirat du Golfe, a fait les choses en grand, comme un propriétaire qui veut faire de son club une marque mondiale en même temps qu’une vitrine.

Surtout, le club est devenu ces derniers mois une source de fierté nationale pour les Qataris, visés depuis juin par un blocus de leurs voisins du Golfe, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, qui reprochent à l’émirat de soutenir des groupes extrémistes. Ce que Doha dément fermement.

A l’intérieur du magasin, ce nouvel intérêt est palpable.

« Avant, les clients étaient surtout saoudiens et émiratis », affirme à l’AFP un vendeur. « Maintenant, ce sont des Qataris, des jeunes ».

Au Qatar, on soutient traditionnellement une équipe locale et un grand club européen, comme le FC Barcelone ou le Real Madrid, que des fans qataris vont régulièrement voir jouer en Espagne.

– Neymar, la « différence » –

La Liga, le championnat d’Espagne, a d’ailleurs ouvert l’an dernier à Doha un « Liga Lounge », un bar dans lequel les fans peuvent regarder les matches et où les serveurs portent des maillots aux couleurs des équipes espagnoles.

Mais Doha fait tout pour convertir la jeunesse locale à son club emblématique.

L’été dernier, l’émir a offert à Paris deux joyaux du football mondial, Neymar et Mbappé pour quelque 400 millions d’euros.

Si la nouvelle a fait grincer des dents du côté de l’UEFA, au nom du fair-play financier, un mécanisme censé contraindre les clubs européens à ne pas dépenser plus qu’ils ne gagnent, elle a été accueillie par des vivats au Qatar.

« Le transfert de Neymar a fait une grosse différence en terme de popularité chez les Qataris », assure un fan local, Mabkhout al-Marri. « Au point que maintenant, le PSG est passé devant le Barça ou le Real pour certains d’entre nous ».

La réaction d’orgueil au blocus économique et diplomatique décrété par les voisins a également bénéficié au club parisien.

– « Catalyseur » –

« Le Paris Saint-Germain est une part de nous-mêmes et une source de fierté », assure M. Marri à l’AFP.

Doha a acquis le club en 2011 via le fonds Qatar Sports Investment (QSI) et sous le règne qatari, le club a amassé cinq titres de champion de France mais n’a jamais pu se hisser jusqu’au dernier carré de la Ligue des champions.

Symbole de l’émirat sur la scène mondiale, le PSG « semble être devenu un point de ralliement pour les fans de football du pays comme pour ses citoyens en général », remarque Simon Chadwick, professeur spécialisé dans la géopolitique du sport à Salford University, en Grande-Bretagne.

Selon lui, le blocus imposé au pays est l’une des principales raisons de « l’important engagement entre les Qataris et le PSG ».

Il paraît, dit-il, « ironique que l’acquisition d’un club de football français puisse devenir un catalyseur du sentiment national au Qatar, mais c’est pourtant exactement ce qu’il se passe ».

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