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Entretien avec Abdelaziz Ziari : Bouteflika « ne veut pas de mauvaises surprises »

Entretien avec Abdelaziz Ziari : Bouteflika « ne veut pas de mauvaises surprises »

Ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari revient dans cet entretien sur les changements opérés par Djamel Ould Abbas au sein du FLN et sur la lettre adressée par des personnalités politiques au président Abdelaziz Bouteflika au sujet du cinquième mandat.

Djamel Ould Abbas a opéré un profond remaniement au sein du bureau politique du FLN. À quoi obéissent ces changements ?

C’est pour se donner un peu d’air puisqu’il n’a toujours pas convoqué le comité central. Il ne faut pas oublier qu’il est contesté pour cette raison. En réalité, le fond du problème n’est pas dans la composition du Bureau politique. Personnellement, je n’ai pas de jugement à porter sur telle ou telle personne.

Je constate d’abord que l’actuel secrétaire général rompt avec une vieille tradition du FLN selon laquelle le président de l’Assemblée populaire nationale est membre du Bureau politique. Je retiens ensuite le fait que le Bureau politique (nouveau) n’a même pas été approuvé par le comité central.

Tout cela me conforte dans ma distanciation vis-à-vis de ce qui se passe actuellement au sein du parti. Nous sommes face à l’opposé de ce que nous souhaitions faire quand nous étions au Bureau politique avec Abdelaziz Belkhadem. C’est-à-dire un parti dans lequel on introduit les procédures démocratiques étape par étape.

Le secrétaire général du FLN affirme avoir pris cette décision en concertation avec les hautes autorités du pays…

Je n’en crois pas un mot. Et puis il adopte un langage qui ne veut rien dire. Qui sont ces hautes autorités ? Au-dessus du parti, il n’y a pas de hautes autorités à part le président de la République. S’il s’agit du chef de l’État, il faut qu’il dise que le président a été averti.

Mais Djamel Ould Abbas ne peut pas le dire parce qu’il sait que le président de la République ne s’occupe pas de cela. Le président ne s’est jamais mêlé de cela. Il n’est jamais intervenu dans la désignation des membres du Bureau politique.

Vous avez lancé un appel au président pour la tenue d’un congrès extraordinaire du FLN. Attendez-vous toujours une réponse ?

Je ne pense pas que l’appel sera entendu. Je ne me fais pas d’illusions. Le président ne réunira pas un congrès extraordinaire parce qu’il ne veut pas de mauvaises surprises ou des dérapages à moins d’une année de l’élection présidentielle. L’appel vise à attirer son attention.

Djamel Ould Abbas continue à s’attaquer à Ahmed Ouyahia. Comment expliquez-vous cela ?

J’ai déjà eu à dénoncer ce manque de solidarité pour un gouvernement qui est dans une situation difficile. À mon avis, il aurait mieux fait d’affirmer son soutien au Premier ministre qui a eu la confiance du chef de l’État et de l’Assemblée nationale. Ces combats de coqs ne sont pas dignes de ce qui doit se faire en politique.

Ahmed Ouyahia ne répond pas et c’est la meilleure conduite à avoir. Premier ministre et responsable d’un parti de la majorité, il sait l’image qu’il peut renvoyer à la population s’il se met à polémiquer avec le responsable de l’autre parti de la majorité présidentielle.

Un groupe de quatorze personnalités a adressé une lettre au président de la République pour lui demander de renoncer à un cinquième mandat. Quel est votre avis sur cette démarche ?

Généralement, on fait une pétition ou une lettre pour demander à quelqu’un de se présenter. Demander à quelqu’un de ne pas se présenter n’a aucun sens politique.

La politique, c’est aussi les projets de société et un combat d’idées. Là, ça ressemble beaucoup plus à une réaction émotionnelle qu’à une démarche politique. Ce qui importe est de savoir que veut-on faire de l’Algérie, qui est en mesure de faire avancer le pays et nous faire dépasser les crises politique et financière du moment.

Et puis, que veulent-ils dire ? « Ne vous présentez pas car si vous vous présentez, vous serez élu ? S’il ne s’agissait pas d’un sujet aussi sérieux, je vous dirais que ça devient risible. Cette initiative traduit une faiblesse terrible. Elle traduit ce qu’est devenue la classe politique et ce qu’est devenu l’exercice de la politique en Algérie.

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