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Entretien avec Nouria Benghebrit : « Il n’y aura pas une année blanche »

Entretien avec Nouria Benghebrit : « Il n’y aura pas une année blanche »

Des parents d’élèves et des spécialistes alertent sur le risque d’une année blanche à Blida, à Tizi Ouzou et à Béjaïa. Que pouvez-vous leur dire pour les rassurer ?

Je leur dis clairement qu’il n’y aura pas une année blanche dans ces trois wilayas. Nous sommes en train de prendre des mesures pour assurer les enseignements aux élèves. Des parents d’élèves se mobilisent et tentent de convaincre les enseignants de reprendre et continuer leur travail. C’est pour la première fois que j’observe une telle mobilisation parentale.

C’est également pour la première fois que des parents d’élèves (fédération des parents d’élèves et association nationale des parents d’élèves) déposent plainte à l’échelon local contre le bureau du Cnapeste. Cela dit, je peux vous assurer que les enseignants reprennent au quotidien. Jeudi, des centaines d’enseignants ont repris le travail.

Quelles sont les mesures prises par votre département face à cette grève ?

Il faut signaler que les établissements scolaires de 45 wilayas sur les 48 sont en grèves depuis le 30 janvier. Nous avons pris plusieurs mesures. La première est liée à la révision des volumes horaires. Nous avons recomposé le calendrier de travail de l’élève. La deuxième consiste à identifier les enseignants qui ne sont pas contre le fait de faire des heures supplémentaires. La troisième mesure est de recruter des vacataires. Nous en avons recruté 400 à Blida depuis décembre. Nous avons donné une certaine priorité aux retraités notamment pour ce qui est des classes d’examens dans la mesure du possible.

Les Assemblées populaires de wilayas ont aussi débloqué des moyens financiers pour ce qu’on appelle les cours supplémentaires. Je voudrais préciser que la grève n’est pas générale. Vous trouverez très rarement tout un établissement bloqué par ce mouvement.

Des syndicalistes accusent le gouvernement de remettre en cause le droit de grève…

Le problème n’est pas dans la grève mais dans son caractère illimité. La grève est évidemment un droit constitutionnel. Ce qui est particulier cette année est que la grève du Cnapeste n’a pas de contenu. Quand vous les mettez au pied du mur, ils vous parlent de PV. Posez-leur la question pour savoir ce qu’il y a dans ce PV. Ils ne répondront pas.

Hier jeudi, nous avons publié sur notre site et notre page Facebook les réponses apportées par le ministère concernant le PV de 2015 qu’ils ont évoqué. Au niveau local, le Cnapeste exerce beaucoup de pressions.

Comment exerce-t-il ces pressions ?

Le syndicat a décidé par exemple d’organiser une grève à Béjaïa parce que les ponctions salariales ont été appliquées comme cela se fait pour toutes les catégories de travailleurs à travers tout le territoire national.

À Tizi Ouzou, une stagiaire a été malmenée par une policière qui se trouvait à l’intérieur de la direction de l’éducation. Le Cnapeste a exigé le départ du chef du bureau et du chef de service au lieu de déposer plainte et de signaler l’incident à la direction de l’éducation. Il a dénoncé une atteinte à la dignité. Le directeur de l’éducation a présenté personnellement ses excuses, Pourquoi ne portent-ils pas plainte devant la justice ?

À Blida, il s’agit également de problèmes d’ordre relationnel liés à l’absence de capacité de communication et de dialogue.

Aujourd’hui, les crises et les problèmes qui se posent au niveau de l’éducation sont d’abord des problèmes d’ordre relationnel et non professionnel. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas importants. Mais est-ce que cela justifie qu’il faille priver des milliers d’élèves d’écoles durant des semaines pour un conflit entre deux individus?

Vous avez déclaré à partir de Ghardaïa qu’il n’y aura pas de discussions avec le Cnapeste avant la suspension de la grève illimitée. Vous êtes toujours sur la même position ?

Bien sûr ! Nous avons reçu les membres du bureau du Cnapeste quand ils ont annoncé la grève illimitée. Au bout de quatre heures de réunion, ils n’étaient pas satisfaits. L’un des plus importants points de discorde est relatif aux ponctions. Mais encore une fois, nous ne faisons qu’appliquer la loi. Ils suivent les décisions prises au niveau de leur conseil national et refusent d’appliquer une décision de justice.

Qu’est ce qu’a décidé le tribunal ? Que la grève est illégale, que la reprise doit être immédiate et qu’il n’y ait pas d’entrave au travail de ceux qui viennent enseigner. L’objectif n’est pas de remplacer les enseignants. Mais l’élève a des droits et nous avons l’obligation d’assurer la continuité des enseignements.

Y-aura-t-il d’autres sanctions contre les grévistes ?

Ce sera la radiation ! À Blida il y a eu première puis une deuxième mise en demeure. Ils auront quinze jours pour se décider. Les enseignants seront informés individuellement. Chacun doit prendre ses responsabilités, ils ont le droit au recours car on applique la réglementation car nous sommes tenus de respecter et d’appliquer la réglementation en vigueur.

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