Économie

ENTRETIEN. Hassen Khelifati : « Nous allons entrer dans la phase la plus difficile »

Hassen Khelifati, PDG de la compagnie Alliance Assurances, revient dans cet entretien sur sa participation à la conférence sur le plan de relance économique qui s’est tenue les 18 et 19 août à Alger, le discours du président Tebboune et ses messages, la situation des entreprises algériennes, les inquiétudes des chefs d’entreprises et des banquiers, et propose des actions à mener pour une sortie de crise.

Vous avez assisté à la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle. Est-ce qu’elle a répondu à vos attentes ?

Nous avons participé à la conférence nationale et qui a été rehaussée par la présence du président et de toutes les parties prenantes, ce qui dénote de l’importance accordée aux volets économiques. C’est un changement radical par rapport aux anciennes tripartites.

La situation économique étant très grave, cette conférence est venue pour éclaircir la situation, faire passer des messages forts aux entreprises et tracer un cap.

Notre économie et nos entreprises traversent des situations très difficiles et qui se compliquent d’année en année à cause d’absence de réformes structurelles profondes et irréversibles, de la fluctuation négative des prix des hydrocarbures et du manque de vision et de cap.

Après une année 2019 quasiment à blanc, la crise sanitaire ainsi qu’un contexte général global inadéquat ont mis notre économie en position de quasi gel et la machine économique en arrêt brutal.

La crise sanitaire Covid-19 est venue compliquer la situation et retarder la mise en place d’un plan de relance économique tel que promis lors de la compagne présidentielle.

« Le président a prononcé un discours fort et direct »…

Le président a prononcé un discours fort et direct. Il a adressé des messages clairs à toutes les parties prenantes afin de se remettre au travail et de mettre le cap sur la relance, la diversification, la production, l’exportation hors hydrocarbures, l’ouverture de certains secteurs névralgiques à l’investissement privé national tel que l’aérien, le maritime, les mines et les banques.

Il a également parlé de la non-discrimination entre privé et public national, de la levée de la pénalisation de l’acte de gestion, des start-up, de l’ouverture de l’université sur le monde de l’entreprise, et enfin la non prise en compte par les institutions de l’Etat des lettres anonymes qui ont constitué une épée de Damoclès sur les gestionnaires et qui constitue un outil de chantage et de destruction entre les mains de personnes malintentionnées.

J’ai perçu dans le discours le traçage d’un nouveau cap, d’une nouvelle doctrine. Le message aux entrepreneurs algériennes est le suivant : travaillez, investissez, créez de la valeur, créez des emplois et de la richesse, enrichissez-vous tout en respectant les lois de la république, allez à la conquête du monde, protégez les réserves de votre pays et participez à leur maintien mais aussi à leur augmentation et l’Etat est avec vous sans discrimination pour vous faciliter la tâche et vous venir en aide.

Le président a aussi parlé de la souveraineté nationale en termes de renforcement de nos réserves de change et l’augmentation de nos recettes hors hydrocarbures afin de ne plus être sous la menace de jeux politiques de portée internationale.

Ce nouveau cap a aussi été quantifié. Il s’agit notamment de réduire la dépendance de nos exportations aux hydrocarbures de 98% à 80%, d’augmenter les exportations hors hydrocarbures à 5 milliards, de ne plus importer les carburants.

Même si nous pouvons dire que ce sont des objectifs très ambitieux vu les différentes distorsions de l’organisation de notre économie.

Néanmoins, cela reste un cap et des objectifs à atteindre ensemble, c’est-à-dire, gouvernement et toutes les parties prenantes. Avec le retour de la confiance mutuelle et la mobilisation de tout le monde, rien n’est impossible.

« Le discours du Président a apporté beaucoup d’apaisement », comment ?

Il faut des réformes profondes, structurelles et irréversibles, une numérisation avec simplification des procédures à outrance, une réforme bancaire et financière approfondie et immédiate, la dépénalisation de l’acte de gestion, rassurer les gestionnaires des banques et des institutions pour se remettre à accompagner l’économie et les entreprises afin de retrouver très vite le chemin de la croissance et de la diversification ainsi que l’export et la conquête de nouveaux marchés, la réduction de nos importations par la substitution locale quand elle est possible et de qualité.

Il a été annoncé la mise à disposition des banques de 1900 milliard de Da pour accompagner l’investissement productif et soutenir les entreprises créatrices de valeurs, d’emploi et de richesses. Cette enveloppe peut être renforcée en cas de besoin.

Le discours du président a apporté beaucoup d’apaisement aux gestionnaires de tout bord. Il a été clair et sans détour. Il a libéré moralement beaucoup d’acteurs économiques.

Après le discours, nous avons senti une baisse de tension qui était perceptible la veille et le matin même de la conférence chez les gestionnaires et les chefs d’entreprises, ce qui a permis un soulagement, une libération de la parole et l’espoir que cela se concrétisera rapidement dans les faits.

Maintenant nous allons entrer dans la phase la plus difficile, c’est comment transformer tout cela en actes, réformes, réalisation et résultats concrets et ce dans des délais assez courts.

Avec la confiance retrouvée, des gestionnaires rassurés et protégés, des entrepreneurs encouragés, des réformes bien ancrées, nous pouvons non seulement atteindre ces objectifs qui paraissent aujourd’hui quasi impossibles mais les dépasser largement et inscrire notre pays dans la dynamique des pays émergents et l’éloigner de la problématique de la dépendance aux fluctuations des prix des hydrocarbures.

Le président Tebboune a promis cinq milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2021. Est-ce que ce n’est pas trop ambitieux pour un pays qui ne sait pas exporter autre chose que les hydrocarbures et dont l’économie est en panne ?

Je suis d’accord que le chiffre paraît difficile à atteindre vu toutes les distorsions que connait notre économie, sa désorganisation, un système financier et bancaire inadéquat, une organisation orientée importation, etc.

Néanmoins, nous avons un objectif chiffré et projeté dans le temps. Maintenant il faut trouver comment y arriver et quels sont les moyens et les organisations à mettre en place pour l’atteindre.

La mise en place des outils et mécanismes ne peut être l’apanage et le monopole de seulement l’administration. Il faut faire participer tout le monde et notamment introduire la science et donner une place centrale aux experts et aux acteurs du terrain.

Les experts ne se trouvent pas seulement dans l’administration et certaines institutions, nous avons sur la place beaucoup d’experts brillants et aptes à aider, il faut les solliciter, il ne faut pas oublier nos experts de la diaspora.

Je pense que cela peut être une pression positive afin d’interpeller tout le monde et à tous les niveaux pour se remettre au travail et mettre l’intérêt de la nation au sommet de notre engagement.

Avec l’engagement de tous et la mise en place de réformes rapides ainsi qu’un dégel de l’accompagnement bancaire et une neutralisation de la mainmise néfaste de la bureaucratie sur les affaires économiques, la numérisation rapide et efficace, il y a de fortes de chance de s’inscrire sur ce cap et même si on l’atteint pas à 100%, on commencera et on se rapprochera et l’essentiel que cela soit irréversible.

Le président Tebboune a annoncé la réouverture de l’aérien au privé. Est-ce que cela peut servir à quelque chose sachant que le gouvernement favorise les monopoles publics et les entreprises publiques en général ?

L’une des annonces phares du président de la République a été que pour lui et le gouvernement, il n’y a aucune discrimination entre le secteur privé et le secteur public et qu’il n’y a que l’entreprise algérienne.

C’est très important et nous y adhérons avec force. Le pari sur le monopole public et les entreprises publiques a déjà montré ses limites. Il a engendré un gouffre financier énorme au Trésor public, sans apporter ni la valeur ajoutée attendue ni la préservation des emplois ni le développement économique.

L’Algérie doit avancer et préserver ses ressources très limitées en arrêtant d’injecter des fonds à perte dans des monopoles et des entreprises sans aucun apport significatif à l’économie en termes de produits, ni de technologie ni en développement.

Le gouvernement a la responsabilité de veiller sur la bonne gestion des deniers publics. La confiance mutuelle est en train de revenir et de se reconstruire en se renforçant. Elle ne peut être que renforcée par l’assurance des institutions de l’Etat d’une concurrence saine et loyale et aucune discrimination ne sera admise ou permise et seules les lois du marché et la prééminence de la loi qui prévaudront.

Quand ces conditions seront réunies, avec des lois claires et appliquées avec rigueur, cette ouverture ne peut apporter que du bien pour le consommateur, la qualité de service et la création d’emplois et de richesses pour le pays. Cela est valable pour tous les autres secteurs annoncés comme le transport maritimes, le secteur bancaire, les mines, etc.

L’Etat doit veiller dès le départ à mettre en place des institutions de régulation indépendantes et rigoureuses ainsi que des lois claires qui ne supportent aucune interprétation non écrite ou discrimination.

« Il y a eu un enfermement sur soi et un quasi abondant des entreprises »…

Durant cette conférence, il y a été surtout question du passé, et un peu de l’avenir, mais très peu de choses ont été dites sur la situation actuelle des entreprises algériennes, qui sont confrontées à de graves difficultés à cause de la crise économique et de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. C’est pour quand le plan d’aide promis par le gouvernement ?

Je suis d’accord que nos entreprises font face vaillamment à des situations très complexes et n’ont toujours pas eu l’aide attendue et espérée. Les entreprises algériennes souffrent et la situation s’aggrave de jour en jour.

Certaines annonces d’aide et d’aménagement annoncées par les plus hautes autorités ont été bien accueillies malgré leurs insuffisances. Mais l’application sur le terrain et la différence d’interprétation entre l’annonce et l’application nourrissent le désespoir de certains opérateurs.

Lors de la conférence, il a été beaucoup question de rétablir la confiance entre les chefs d’entreprises et les pouvoirs publics. Il y a eu beaucoup de débats lors des 11 ateliers thématiques et des propositions ont été formulées.

Pour le secteur des assurances que nous connaissons assez bien, la situation post-Covid se complique de jour en jour, et l’absence de réformes depuis longtemps avec une nouvelle vision loin du monopole et de la discrimination public privé n’a pas été d’un bon support.

Depuis le début de la pandémie et même bien avant, le secteur est rentré dans une vraie difficulté. A travers l’Union des assureurs algériens (UAR), nous avons demandé à notre tutelle d’apporter une aide aux entreprises du secteur afin de dépasser le cap en attendant les nouvelles réformes.

Le document transmis à la tutelle, en mai dernier, comporte des mesures qui n’engendrent quasiment aucune dépense financière de la part du Trésor public mais des aménagements juridiques afin de faire face à la conjoncture. Nous sommes toujours en attente d’une réponse alors que la situation se complique de jour en jour.

Au premier trimestre 2020, le secteur a perdu plus de 11 milliards de DA avec un stock impayé qui avoisine les 60 milliards de DA soit 50% du chiffres d’affaires annuel, dont une bonne partie difficilement recouvrable. C’est énorme.

La conférence a été orientée vers ce qu’il faut faire pour réformer notre économie et changer de doctrine afin de construire une nouvelle économie.

Je suis tout à fait d’accord que le plan d’aide aux entreprises en difficultés n’a pas été très discuté au moins dans quelques ateliers où nous avons fait des passages.

Lors des derniers conseils des ministres, il y a eu quelques mesures en faveur des PME mais entre l’annonce et l’application sur le terrain, la nuance a été très importante. Cela a créé une incompréhension et une perte de confiance.

La situation pré et post-pandémie est aggravée par le quasi gel depuis plus d’une année du concours bancaire pour accompagner l’investissement à cause des conséquences des opérations d’assainissement opérées par les autorités et leurs corollaires judiciaires.

Cette situation a engendré une peur généralisée des gestionnaires institutionnels ou mêmes bancaires et pour se protéger, ce qui compréhensive humainement. Il y a eu un enfermement sur soi et un quasi abondon des entreprises.

S’il n’y aura pas un sursaut immédiat et conduit à pas de charge par les plus hautes autorités politiques et économiques, les dégâts sur la survie et la viabilité de milliers d’investissements privés seront énormes.

Les partisans du statu quo disent toujours qu’aucun gestionnaires n’a été inquiété parce qu’il n’a pas pris une décision en faveur de l’entreprise ou octroyer un crédit bancaire.

Alors que notre pays, notre économie et nos entreprises ont besoin de gestionnaires qui prennent des initiatives et des risques pour atteindre les objectifs bien sûr tout en respectant les lois et les règles prudentielles. Et le Président a été clair sur ce point pour encourager les gestionnaires à aller de l’avant et ne rien craindre hormis les affaires de détournement et de corruption.

« L’enjeu de la souveraineté nationale ne peut être lié aux desiderata des parties étrangères »

Le gouvernement ne cherche-t-il pas finalement à gagner du temps en attendant peut-être que le pétrole remonte ?

Dans son discours, le Président a souligné notre dépendance à une matière première où nous sommes non seulement un petit acteur mais aussi que nous n’avons aucune influence significative sur le marché pétrolier pour modifier les orientations vers la hausse ou la baisse.

Nous pensons qu’il y a au moins un consensus national sur la vulnérabilité de notre pays par rapport à cette dépendance aux hydrocarbures.

Il est urgent d’inscrire au moins notre pays sur une voie de sortie graduelle de cette dépendance. L’enjeu de la souveraineté nationale ne peut être lié aux desiderata des parties étrangères.

Il n’y a aucune garantie que les prix vont augmenter durablement et il serait périlleux de miser sur cette option très aléatoire et où nous n’avons aucune emprise.

Par contre, l’autre chemin de construction d’une vraie économie créatrice de richesses et d’emplois est plus difficile. Il demande une volonté politique claire et un engagement sans faille de tous mais il donnera des résultats stables et à long terme et où on aura une meilleure capacité de résistance et de maîtrise.

« Le système fiscal est très lourd pour les entreprises inscrites dans le réel »

Les entreprises algériennes sont prises en tenaille entre l’informel qui continue à prospérer, et la hausse sans cesse des impôts directs et indirects. Le gouvernement promet de faire payer les barons de l’informel, mais sur le terrain, les décisions tardent à venir et ce sont toujours les entreprises qui travaillent dans la transparence qui sont taxées. Cette situation est-elle tenable ? Que faut-il faire ?

Lors des ateliers, les représentants du patronat ainsi que les chefs d’entreprises ont insisté auprès des représentants des institutions sur la lourdeur des charges fiscales et parafiscales sur les entreprises notamment inscrites sur le registre du réel.

L’informel est un fléau qui a prospéré et continue de se développer en l’absence de réformes structurelles profondes et la numérisation ainsi que l’interconnexion des administrations économiques,

Le système fiscal est très lourd pour les entreprises inscrites dans le réel. Le reste de l’activité économique lui échappe. Cette situation ne peut être tenable même à court terme.

Ce qu’il faut faire est connu : une volonté politique solide, déterminée et affichée, des réformes rapides structurelles et profondes, une simplification des procédures, une inclusion de l’informel tout en mettant des mécanismes modernes et numérique afin de tracer toutes les activités ou les flux financiers significatifs pour mieux partager la participation fiscale à l’effort national.

L’impôt ne doit pas constituer un outil de sanction ou de ponction des entreprises sérieuses et le plus gros du contingent y échappe.

Il y un discours politique qui prône le changement et l’ouverture, mais il manque les actes. Le dialogue social est inexistant. Qu’est-ce qui bloque en réalité ?

Il y a une volonté politique de changement affichée, il faut mettre en place des cadres de dialogue et de concertation permanents, rétablir la confiance par la concrétisation réelle des engagements et des réformes qui auront un impact sur la vie quotidienne des chefs d’entreprises et des travailleurs.

Le CNES peut être un cadre de dialogue à condition de renouveler complètement sa composante en l’ouvrant sur la société et en le renforçant avec toutes les expertises nécessaires.

Le CNES ne doit pas être une annexe du gouvernement pour applaudir mais un lieu de débat et d’analyse afin d’évaluer les politiques publiques et y apporter les alertes nécessaires et proposer le cas échéant des alternatives et des solutions.

Nous avons parlé plus haut de la science dans la conduite des réformes. Par exemple, l’INSEG peut aussi jouer un rôle dans la réflexion des plans stratégiques globaux et les plans d’exécution gouvernementaux.

« Oui les gestionnaires ont peur »

Les banques publiques rechignent à accorder des crédits aux entreprises en raison des risques liés aux poursuites judiciaires. Les banquiers ont-ils besoin d’être rassurés ? Que faut-il faire pour rétablir la confiance ?

Nous avons abordé la situation de quasi gel du financement de l’économie depuis plusieurs mois déjà et la crise sanitaire a aggravé encore plus la situation. Nous risquons de perdre beaucoup d’investissements et d’emplois et la machine économique risque de subir des dégâts irréversibles.

Oui, les gestionnaires ont peur et humainement cela est compréhensible à cause des risques de poursuites et des interprétations. Même les lettres anonymes de dénonciation ont constitué une épée de Damoclès sur la tête non seulement des banquiers mais aussi de tout gestionnaire.

Oui, les banquiers ont besoin d’être rassuré, le discours du président de la République lors de la conférence sur la nouvelle économie a été clair et direct en annonçant la levée de la pénalisation de l’acte de gestion, en encourageant les banquiers à accompagner et financer les investissements productifs, à prendre plus de risques, les institutions de l’Etat seront instruites de ne plus prendre en considération ni inquiéter les gestionnaires sur la base de lettres anonymes non assumées. Le gouvernement peut traduire cette volonté présidentielle en textes et décisions opérationnelles afin que la confiance se rétablisse.

Cela à mon avis va soulager beaucoup de gestionnaires et banquiers.

Les remontés d’informations de la part des investisseurs du quasi gel des financements bancaires ainsi que certaines autorisations administratives sont inquiétantes sur l’avenir de ses projets ainsi que la projection du lancement de nouveaux projets, et une intervention rapide de la part des autorités est plus que vitale.

Des collaborations de plus de 40 ans entre des opérateurs et leurs banques ont été remises en cause, ce qui met en péril des projets industriels.

Les 1900 milliard de DA annoncés par le président peuvent servir très rapidement à une relance des projets de l’investissement productif et améliorer le taux de croissance du PIB ainsi que la croissance de l’emploi.

« Rétablir la confiance ne peut se faire que par des discours »

Les chefs d’entreprises ont été échaudés, à tort ou à raison, par la campagne anticorruption en cours depuis plus d’une année. La peur et la crainte se sont-elles dissipées ? Comment le gouvernement peut-il les rassurer ?

Les chefs d’entreprises sont dans la même situation que les gestionnaires et les banquiers. Le discours du président de la République était destiné à tout le monde. Nous devons faire confiance dans la parole officielle et suivre l’évolution sur le terrain de la concrétisation des annonces et des engagements.

Le gouvernement peut rassurer en transformant ses orientations et ce discours en actes rapidement applicables et inscrire notre économie sur un nouveau chemin vertueux de croissance, de création de richesses, de liberté d’entreprendre, en levant progressivement les obstacles bureaucratiques, dans le respect des lois de la République, garantit l’égalité des chances, et globalement des réformes structurelles et irréversibles.

« Les entrepreneurs redoutent la mise en place d’un Calpiref bis »

Rétablir la confiance ne peut se faire que par des discours mais par des actes et actions concrètes sur le terrain. Le Premier ministre a annoncé la mise en place de cellules au niveau de chaque wilaya sous l’autorité directe du wali pour lever les obstacles à l’investissement. Bien que cela soit une action concrète et immédiate, néanmoins des chefs d’entreprises nous ont exprimé leur appréhension sur le fait que cela risque de devenir un Calpiref bis et que la bureaucratie et l’inefficacité habituelles seront de mise.

Les chefs d’entreprises préféreraient une cellule placée au niveau du Premier ministre et sous son autorité avec des démembrements au niveau local appuyée par une plateforme numérique nationale où l’investisseur s’identifie, avec toutes les informations nécessaires et identifie clairement la source de blocage afin qu’il y est une intervention efficace de la part des autorités auprès de celui qui bloque l’investissement et mettre tout le monde devant ses responsabilités.

Le président de la République ne cesse d’insister sur l’urgence des réformes et de la numérisation ainsi que l’interconnexion des différentes parties prenantes et c’est une occasion importante pour concrétiser cette volonté à travers l’innovation dans l’approche, les méthodes et outils.

C’est au prix de ce genre de dispositif alliant innovation, transparence et numérisation que nous pouvons faire avancer notre économie et évaluer l’efficacité des actions sur le terrain.

L’orientation de la libération et l’encouragement des initiatives ainsi que la révision du code de commerce afin de remettre l’acte de gestion dans son vrai contexte ne peut que rassurer et remettre de la confiance chez les chefs d’entreprises, à s’engager à prendre part à l’effort de construction de la nouvelle économie.

Les chefs d’entreprises honnêtes et crédibles doivent être à l’avant-garde de la construction du nouveau modèle économique national et assumer leur part de responsabilité, défendre leurs entreprises. Ils doivent mieux s’organiser et être mieux représentés afin d’être mieux défendus et de mieux participer à l’édification nationale.

Les plus lus