search-form-close
ENTRETIEN. Le PDG du Port de Skikda s’explique sur le stockage des produits dangereux

ENTRETIEN. Le PDG du Port de Skikda s’explique sur le stockage des produits dangereux

Le PDG de l’Entreprise portuaire de Skikda Imad Tanfour revient dans cet entretien sur la découverte de produits dangereux dans ce port, l’un des plus importants d’Algérie. Il explique les raisons de la présence de produits dangereux dans ce port, leur transfert et rassure quant aux risques sur les installations portuaires et la ville de Skikda.

Juste après l’explosion au port de Beyrouth, plusieurs responsables avaient assuré qu’il n’y avait pas de produits dangereux dans les ports algériens. Il s’est avéré par la suite qu’il y en avait au port de Skikda. Une explication ?

Imad Tanfour, PDG de l’Entreprise portuaire de Skikda : Je pense qu’il faut nuancer les choses. Ce sont des produits dangereux au sens du code maritime. Les produits dangereux ce sont les explosifs et ce n’est pas le cas pour les produits stockés au port de Skikda. Dans le code maritime, il y a plusieurs classes de produits, et ceux qui exigent une attention particulière ce sont les produits explosifs ou ceux qui peuvent causer une contamination de l’air par exemple.

Et puis, nous n’avons pas vocation à stocker ce type de produits. Dans ce cas, c’est une exception qui est due à un contentieux. Comme la marchandise était sous la responsabilité de la justice, on ne pouvait pas se saisir. On a trouvé cette solution par le biais de la commission de sécurité de la wilaya vu le contexte, c’est-à-dire ce qui s’est passé au Liban, pour poser cette problématique et on a souhaité les transférer vers un endroit plus approprié et disposant de toutes les commodités.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces produits et sur les raisons qui ont fait qu’ils soient stockés au niveau de l’enceinte portuaire ?

Il s’agit de produits dangereux en transit au port. Néanmoins, il y a eu un contentieux douanier qui a été porté devant les tribunaux et l’instruction est toujours en cours. Les containers de solvants étaient destinés à l’export. Par contre, il y avait deux containers de produits pyrotechniques et quelques caisses appartenant à l’ETRHB Haddad, c’est des adjuvants de peinture. Je dois préciser que le solvant est un produit inflammable et pas un explosif. Ces produits étaient stockés au port depuis six mois. Il y a une législation portuaire, mais comme l’affaire a été portée devant les tribunaux, c’est la justice qui a saisi ces marchandises. Il fallait donc attendre la fin de l’instruction et le jugement.

Pour l’ETRHB Haddad, il y a ces produits, mais aussi d’autres produits qui sont saisis. Pour les produits pyrotechniques, c’est une affaire douanière, une fausse déclaration d’espèce. Des poursuites ont été engagées à l’encontre de l’importateur, il faudra attendre le jugement. Je ne peux pas dire qu’il y a un retard, la justice a ses propres procédures. Il y a la réglementation relative aux marchandises en séjour prolongé ou périssables qui nous permet de prendre des mesures, mais puisque l’affaire est au niveau de la justice personne ne peut se prononcer. Ni l’administration douanière ni nous-mêmes ne pouvons traiter ces marchandises.

Mais vous avez tout de même décidé de les transférer vers un autre endroit. Ils sont maintenant en lieu sûr ?

Nous avons jugé utile de saisir la commission de sécurité de la wilaya sur la question, qui a statué après examen que ces produits devaient être acheminés vers un parc à feu appartenant à l’entreprise. Ça n’a rien à voir avec le port sec. Nous avons beaucoup d’entrepôts à Skikda appartenant à l’entreprise, dont un dispose d’un parc à feu agréé par la Protection civile et qui dispose de toutes les conditions pour accueillir des produits dangereux. On a donc transféré ces produits, bien entendu avec l’autorisation du procureur de la République près le tribunal de Skikda qui a ordonné le transfert. Celui-ci a eu lieu le 18 août.

Ils sont maintenant stockés loin de l’enceinte portuaire, ils ne constituent aucun danger ni pour les citoyens ni pour les biens des particuliers. L’endroit dans lequel a été implanté ce parc à feu est conforme aux normes. Avant son implantation, il y a eu une étude de danger et d’impact, ensuite il y a eu l’agrément des services de la Protection civile.

Si ces produits avaient été touchés par un incident quelconque, quels dégâts auraient-ils fait, sachant que le port de Skikda est aussi un port pétrolier ?  

Ce sont des produits inflammables, mais vous ne pouvez pas les allumer avec une simple allumette, il faut une détonation. Et puis nous avons des produits pour la lutte, comme la mousse. À notre sens, ça ne pouvait pas être dangereux ni provoquer de dégâts. Parce que quand un feu éclate, il y a une prise en charge.

Concernant les installations pétrolières, ça ne pouvait pas avoir d’impact parce que nous avons un réseau anti-incendie au port, nous avons des moyens de lutte appropriés et les installations portuaires pétrolières de chargement sont très bien sécurisées par les éléments de Sonatrach. Et même quand il y a un départ de feu, il y a une prise en charge d’une grande célérité. Nous avons une unité de la protection civile à l’intérieur du port en plus des unités d’intervention appartenant à Sonatrach.

Y a-t-il des choses à revoir dans la réglementation actuelle ?

C’est une réglementation internationale, on est obligés de la respecter. Tous les intervenants dans le milieu maritime connaissent cette classification et connaissent la démarche. Toutes les installations portuaires sont certifiées par rapport au code international, donc on ne peut pas avoir notre propre code maritime. Pour le reste, c’est des formalités et il faudra peut-être voir comment on pourra intervenir plus tard sur les délais de traitement, c’est-à-dire quand il y a des contentieux, s’il y a possibilité d’envisager des procédures spécifiques avec des délais très courts.

  • Les derniers articles

close