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Équipe d’Algérie : les vérités « pas bonnes à dire » de Amara

La Fédération algérienne de football (FAF) a introduit officiellement un recours auprès de la FIFA pour faire rejouer le match Algérie-Cameroun comptant pour les barrages du Mondial 2022.

La FAF conteste l’arbitrage « scandaleux » du Gambien Bakary Gassama qui, selon elle, a « faussé » le résultat de la partie.

Simultanément, les réseaux sociaux s’enflamment et une véritable campagne est lancée pour faire pression sur l’instance dirigeante du football mondial.

Tout cela a fait qu’une partie importante du public algérien est convaincue que l’Algérie n’est pas encore éliminée, en tout cas beaucoup gardent encore l’espoir de voir les Verts au Qatar l’automne prochain. Mais est-ce sérieux tout cela ?

Tout ce que la FAF peut signaler comme anomalies c’est des erreurs d’arbitrage, et c’est celui qui a annoncé le dépôt du recours qui l’a dit.

Or, il faut plus que ça pour aller à la décision extrême de faire rejouer un match, de surcroît une rencontre de ce niveau. Comme par exemple des actes graves de violence ou l’interruption de la rencontre pour quelque raison que ce soit.

Pour ce qui est de l’arbitrage, seules des preuves de corruption de l’arbitre sont recevables. Et dans pareil cas, nul besoin de rejouer le match puisque l’équipe incriminée est disqualifiée d’office.

Or, jusqu’à maintenant, la FAF n’a pas un soupçon de telles preuves. Tout ce qu’elle a, c’est des faits de jeu et des décisions arbitrales litigieuses, dont une a été lourde de conséquences puisqu’elle a permis au Cameroun d’ouvrir le score.

Il est évident que si la FIFA se met à faire rejouer les matchs pour de tels motifs, cela ne finira jamais. Pourquoi par exemple le PSG n’a pas demandé à rejouer son récent match de 1/8 de finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid ? Parce qu’il sait que son recours n’a aucune chance d’aboutir.

« L’EN est éliminée, il faut penser à l’avenir »

La FAF elle-même ne pense pas le contraire comme le laissent déduire les propos de son président démissionnaire. Charaf-Eddine Amara a annoncé ce jeudi 31 mars sa démission et il a longuement évoqué le fameux match et le recours introduit dans la matinée.

Il a manqué juste à Amara de dire qu’il a fait le recours sous la pression de la rue pour éviter d’être encore accusé de passivité. « Je ne suis pas de ceux qui vendent du rêve, je dis la vérité. Les vérités sont crues et beaucoup de gens n’oseraient pas les dire, surtout en ce moment. Les gens sont en train d’attiser les choses. Je ne suis pas de ceux-là. Franchement, le fait est là, notre équipe nationale n’est pas en coupe du monde et il faut penser à l’avenir », déclare, courageusement faut-il le reconnaître, le désormais ex-président de la FAF.

Il explique ensuite pourquoi il faut oublier cette histoire de reprogrammation du match. « Dans notre recours, nous avons signalé des faits et demandé aux instances de la FIFA d’enquêter. Il y a deux seules situations pour rejouer un match. Que l’arbitre reconnaisse qu’il a fauté, et ça c’est impensable. Le deuxième cas, c’est la corruption et manipulation de résultats et nous, sans preuves, on n’accuse personne. Nous demandons juste une enquête et éventuellement rejouer le match », a indiqué Amara.

Il sait qu’il sera encore moins apprécié par ceux qui lui reprochaient de ne pas peser dans « les coulisses » de la CAF, mais enfonce le clou en reconnaissant que ce n’est pas l’arbitrage seul qui a éliminé l’équipe nationale mais qu’il y a d’autres facteurs qui ont causé la défaite de l’Algérie face au Cameroun.

« Coupez-moi la tête mais je n’achèterai pas les arbitres »

« Des gens malintentionnés ont mis mon téléphone sur les réseaux sociaux et, je n’exagère pas, je reçois 1000 insultes par minute », dénonce-t-il.

Sa dernière conférence de presse en tant que président de la FAF a été l’occasion pour Charaf-Eddine Amara de répondre à ceux qui l’accusent de ne pas défendre assez les intérêts de l’équipe nationale.

« On me demande d’user des coulisses. Je l’ai dit et je l’assume. Ces des choses à la limite de la légalité, sinon parfois illégales et illicites. Je n’engagerai jamais l’Algérie dans un processus immoral. D’accord pour sécuriser et protéger mon équipe, mais si vous me demandez d’acheter les arbitres, je vous dis : je n’achète pas les arbitres. Si vous voulez me couper la tête pour ça, faites-le, mais ne me demandez pas d’acheter un arbitre. Je suis le président d’une fédération d’un pays honnête et respectable. Je ne le ferai pas même si l’équipe nationale s’élimine. Je le dis et je l’assume. »

Autre vérité que le président partant assume : l’élimination de l’équipe nationale ne doit pas être perçue comme « un drame national » et un match de football ne doit jamais devenir un enjeu de « sécurité nationale ».

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