Société

Expulsion des migrants : l’appel des ONG agace les autorités

Les autorités algériennes semblent agacées par l’appel des défenseurs des droits de l’Homme dénonçant le traitement infligé aux migrants subsahariens, dont pas moins de 1500 ont été expulsés ces dernières semaines.

Dans une première réaction, Saida Benhabyles, présidente du Croissant rouge algérien, organisation humanitaire impliquée dans l’opération, a dénoncé ce qu’elle qualifie de « campagne de dénigrement contre l’Algérie ».

« Ces ONG qui accusent l’Algérie de rapatriements arbitraires de migrants illégaux subsahariens, se trompent de cible, car notre pays est mieux placé que quiconque pour être accusé de mauvais traitements envers ces personnes déplacées » accuse Benhabyles dans une déclaration à l’agence officielle.

À l’évidence, la charge cible aussi d’autres ONG comme Amnesty International ou encore HRW qui dénoncent régulièrement les rapatriements massifs des migrants en évoquant un « profilage ».

Mais la sortie de la présidente du CRA intervient au lendemain d’un appel initié par des animateurs de la LADDH appelant le gouvernement à « cesser les expulsions », « respecter ses engagements internationaux » et créer un cadre légal pour les réfugiés et demandeurs d’asile.

Les signataires de cet appel rendu public évoquent des « opérations entachées d’abus et en flagrantes contradictions avec le droit international des droits humains ».

« Au lieu de dénigrer l’Algérie, qui a toujours travaillé conformément au droit humanitaire international, ces ONG devraient plutôt chercher qui a provoqué ce désastre humanitaire et qui est derrière ces flux de migrants », s’offusque Benhabyles.

La présidente du CRA déplore le fait que « les souffrances de ces personnes déplacées soient exploitées à des fins politiques et partisanes ».

L’Algérie enregistre 500 tentatives quotidiennes d’entrée de migrants dans son territoire, ont annoncé récemment les autorités. 27000 migrants ont été rapatriés dans leur pays durant les trois dernières années, selon Nouredine Bedoui.

Le ministre de l’Intérieur qui assuré que ces rapatriements s’effectuent dans le respect du « droit et de la dignité humaine » a évoqué des soucis sécuritaires.

Un argument que les ONG rejettent. Dans l’appel, les signataires ont appelé le Gouvernement à « cesser de faire l’amalgame entre la lutte contre le trafic et le terrorisme, toute légitime quand il s’agit de la sécurité nationale, et à l’obligation du respect des droits des réfugié-e-s et des migrant-e-s travailleurs ».

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