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FAF : une transition chaotique qui risque de coûter cher

Une page à l’opposé de celle qu’il connait depuis la venue de Djamel Belmadi à la barre technique de la sélection nationale est peut-être en train de s’ouvrir pour le football algérien.

Le départ désormais acté du président de la Fédération algérienne de football (FAF) Kheiredine Zetchi pourrait provoquer dans son sillage des chamboulements, voire des cassures.

Ce qui n’était pour beaucoup qu’une vue de l’esprit, est depuis ce vendredi 9 avril, une éventualité à ne pas écarter. Le communiqué du sélectionneur national, rendu public sur le site de la FAF, est trop inhabituel pour ne pas susciter des interrogations.

De surcroît que sa teneur est une foule de reproches à tout l’environnement de l’équipe nationale et de la fédération. Belmadi s’est plaint du fait que le dernier stage de l’EN s’est déroulé dans « des conditions chaotiques ne lui permettant pas d’être dans des positions et dans des dispositions à même de mener à bien ses missions d’entraîneur ».

Le sélectionneur national « ne veut pas être mêlé à d’autres considérations en dehors de ses prérogatives » et « ne veut en aucun cas être le soutien de qui que ce soit, ni voir son nom lié ou utilisé dans le cadre d’un quelconque programme voire pour des desseins populistes ».

Le coach de l’équipe de football d’Algérie, championne d’Afrique en titre, souhaite donc se tenir à l’écart des tiraillements en cours dans la course à la succession de Kheiredine Zetchi, mais la mise en garde qu’il lance donne froid dans le dos.

« Cette situation l’inquiète au plus haut point et risque de compromettre sérieusement l’avenir des Verts lors des prochaines échéances ». Ceux qui, à partir de là, parleront de cassure entre Belmadi et les instances dirigeantes, n’auront pas tout à fait tort.

De quoi se plaint au juste l’entraîneur des Verts ? La question a été posée ce samedi par des journalistes à Amine Labidi, manager de l’équipe nationale. « Il est anormal que le sélectionneur arrive en retard à l’entraînement à la veille d’un match officiel. Belmadi est arrivé en retard à l’entraînement avant le match face au Botswana car on lui a demandé une mission en dehors de son travail d’entraîneur », a-t-il lâché.

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Belmadi ne comprend pas pourquoi Zetchi doit partir

Quelle est donc cette mission ? Labidi n’en dira pas plus ni ne confirme s’il fait allusion ou pas à la rencontre entre le sélectionneur et « les hautes autorités du pays » en plein stage de l’équipe nationale.

La rencontre a bien eu lieu et elle a été confirmée par le président de la république en personne lors de sa dernière interview télévisée, diffusée dimanche 4 avril.

En déduire que Djamel Belmadi est contrarié par le fait d’avoir été invité à rencontrer le chef de l’État, c’est aller vite en besogne, mais il n’en reste pas moins qu’il est fortement agacé par tout ce qui se passe autour des sphères dirigeantes du football algérien, et surtout par les tentatives d’impliquer son nom dans la course à la présidence de la FAF.

Son état d’esprit se lit aisément à travers ses déclarations publiques : il ne comprend pas pourquoi Kheiredine Zetchi doit partir après un mandat que tout le monde est unanime à qualifier de positif.

Le sélectionneur lui-même l’encense à chacune de ses sorties publiques, le qualifiant d’homme qui « a tenu tous ses engagements », l’assemblée générale a adopté ses bilans moral et financier, les membres du bureau fédéral sont à ses côtés et ses résultats sont éloquents.

C’est sous son règne que l’équipe nationale de football est allée chercher un titre africain en terres égyptiennes, le deuxième seulement de son histoire, le premier ayant été gagné en 1990 en Algérie.

C’est aussi lui qui a créé la première vraie académie de football en Algérie, constituant une pépinière même pour l’équipe nationale. Zetchi doit malgré tout plier bagages à cause des vicissitudes de la politique.

C’est un secret de polichinelle qu’on prête aux anciens dirigeants du pays un rôle dans sa nomination en 2017 en remplacement de Mohamed Raouraoua. Après le sacre en Coupe d’Afrique en juillet 2019, on a réservé une petite humiliation au président de la FAF au retour de l’équipe au pays. Le staff et les joueurs ont été reçus par le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, mais pas Kheiredine Zetchi.

À l’approche de l’assemblée élective de la FAF, un bras de fer était engagé entre le président de cette dernière et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sidali Khaldi qui s’opposait à l’amendement des statuts de la fédération pour les mettre en conformité avec ceux de la FIFA.

On soupçonnait Zetchi de vouloir « fermer le jeu » en sa faveur ou en faveur d’un membre de son cercle. Le président de la FAF a fini par jeter l’éponge en annonçant son départ définitif à l’issue de son mandat.

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Un fabricant de tabac pour gérer le football ?

Ceux qui l’ont poussé vers la porte de sortie ont pour le moment remporté la bataille, mais c’est plus tard que les conséquences de leur décision pourront se ressentir. Déjà, le choix du successeur de Zetchi est incompréhensible.

Selon tous, vraisemblablement, ce sera Charaf Eddine Amara. Jusqu’à ce samedi, il est candidat unique, donc assuré de l’emporter. Si la commission des candidatures a retenu son dossier, le président de cette dernière a préféré dire toute la vérité crue.

Dans des déclarations faites ce samedi, Abdelmadjid Yahi a révélé qu’il s’est opposé à la validation du dossier de M. Amara qui ne remplit pas tous les critères et qui n’a été retenu qu’à la faveur d’un vide juridique.

L’ancien président de l’US Chaouia est connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche. Il enfonce le clou et dévoile que les autres candidats déclarés n’ont pas déposé leurs dossiers car ils attendaient un coup de fil « d’en haut », qui n’est jamais venu.

La réputation d’empêcheur de tourner en rond de M. Yahi n’est décidément pas usurpée. En évoquant les critères que ne remplirait pas M. Amara, il fait référence à l’obligation de servir pendant au moins cinq ans dans une association sportive, comme l’exigent les statuts actuels de la FAF.

Or, Charf Eddine Amara n’est pas seulement un inconnu sur la scène footballistique nationale, mais il est dans un créneau qui ne cadre pas avec le sport. Il est PDG d’une grande entreprise de cigarettes et il a connu sa première proximité avec le sport et le football d’élite lorsque sa société a repris le club du CR Belouizdad, ce qui était déjà une énorme incohérence.

Si M. Amara est réellement le candidat des pouvoirs publics, il passera sans l’ombre d’un doute et c’est pour cela qu’aucun autre candidat ne veut se manifester sans de réelles garanties « d’en haut ».

Mais de quoi sera fait son mandat, là est la grande question. Sans préjuger de ses compétences ni même du handicap qu’il traîne sur le plan de l’image du fait de son passage à la tête d’une société de tabac, il reste qu’il devra composer avec une situation explosive avant même qu’il n’entre en fonction.

Il devra d’abord trouver des arguments solides pour garder Djamel Belmadi maintenant que celui-ci ne cache même plus son mécontentement de tout ce qui se passe. Il devra ensuite faire face à la menace de sanctions proférée par la FIFA. Ne l’oublions pas, l’assemblée élective se tiendra sans les amendements exigés par l’instance internationale.

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