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« Faudrait-il en arriver à regretter Bouteflika ? », s’interroge Saïd Sadi qui dénonce « un coup d’État blanc »

« Faudrait-il en arriver à regretter Bouteflika ? », s’interroge Saïd Sadi qui dénonce « un coup d’État blanc »

Saïd Sadi a une nouvelle fois critiqué, ce mercredi 1er mai, les déclarations du général Ahmed Gaïd Salah qui a estimé, hier mardi, que l’élection présidentielle est la seule voie pour le règlement de la crise actuelle.

Dénonçant une « régression en marche », l’ancien président du RCD s’interroge dans une contribution publiée sur sa page Facebook : « Faudrait-il en arriver à regretter Bouteflika ? ». Avant de répondre : « Grotesque sinon provocatrice, la question vient s’ajouter aux tourments de l’actualité ! Le fait est qu’en l’état actuel des choses, les propositions confessées par l’ancien chef d’État – juste avant d’être éjecté par son fidèle chef d’état-major, lui-même pressé par la rue – sont nettement moins contraignantes que l’entonnoir politique dans lequel ce dernier cherche à engager la Nation ».

Avant son départ, Abdelaziz Bouteflika avait proposé un report de l’élection présidentielle avec « une période de transition inclusive limitée dans le temps et qui aurait à définir les perspectives qui conviennent le mieux au pays », rappelle Saïd Sadi. Aujourd’hui, « le chef d’état-major, désormais président de fait, exige de tout un chacun de se soumettre à un diktat intangible : les instances de l’ancien régime doivent organiser les élections présidentielles « dans les meilleurs délais ». « Autant dire que dans ces conditions, les appels au dialogue signifient que le système décrié par des millions d’Algériens depuis maintenant deux mois et demi a de beaux jours devant lui », poursuit-il.

Pour Saïd Sadi, Ahmed Gaïd Salah dit « une chose et son contraire ». Ce qui ne constitue pas « la meilleure façon de ménager une crédibilité déjà sujette à caution ».

« L’homme qui répète à l’envie ne pas faire de politique dit inscrire ses actes dans le strict respect de la Constitution. A la fois serpillière et étendard de l’oligarchie, la loi fondamentale du pays est foulée aux pieds sans état d’âme quand il faut imposer un abus ou satisfaire un caprice. Le même texte est opposé au peuple souverain comme un totem dès qu’il proclame sa volonté d’en finir avec l’un des derniers avatars politiques post-coloniaux », souligne le fondateur du RCD.

« Les allégations qui consistent à justifier un statut de tuteur autoproclamé de la Nation par des attributions constitutionnelles qui seraient conférées à l’armée ne reposent sur aucune réalité. Nulle disposition de la Constitution ne donne le droit à un chef d’état-major, fut-il vice-ministre de la Défense, de dicter ses volontés à la patrie ni, d’ailleurs, d’instruire la justice pour quelque mission que ce soit », poursuit-il.

Pour Saïd Sadi, nous sommes dans une configuration de « coup d’État blanc », avec notamment l’utilisation de la lutte contre la corruption comme instrument de diversion. « La lutte anti-corruption par laquelle l’état-major croit faire diversion sur l’exigence de changement tout en justifiant une confiscation du pouvoir qu’il faut bien appeler par son nom : un coup d’État blanc ».

« L’artifice n’a rien d’inédit. L’empereur égyptien Sissi a fait emprisonner tous ceux dont il suspectait, à tort ou à raison, des velléités de contestation de son hégémonie politique. Qu’en l’occurrence, le coup de force se fasse directement ou par procuration ne change rien au problème de l’illégitimité qui frappe ce type d’opération », souligne-t-il.

« Devant ces réactions, somme toutes grégaires, on hésite entre ironiser sur une tentation pathétique qui ne renonce pas à commettre un hold-up sur une révolution citoyenne sans précédent ou condamner une ambition irresponsable pouvant conduire le pays vers l’abîme », écrit Saïd Sadi.

« Cependant, une chose se profile un peu plus de semaine en semaine. Il se confirme qu’une rencontre féconde entre l’état-major et la révolution citoyenne a de moins en moins de chance de se produire. Si la raison ne prévaut pas, si les choses n’évoluent pas rapidement vers plus de lucidité, si les inclinations maladives à la ruse ne cèdent pas, le croisement, s’il devait avoir lieu, ne se fera pas dans le calme et la sérénité attendus par le mouvement. Jusque là, le citoyen a su faire preuve de patience et de maturité. C’est tout à son honneur. Dans ce genre de phase historique, les enseignements sont pourtant sans appel. A vouloir tout avoir, on finit par déchoir », conclut, sous forme d’avertissement, l’ancien leader du RCD.

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