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Fawzi Derrar, DG de l’Institut Pasteur d’Algérie : « On ne peut pas échapper au variant britannique »

Fawzi Derrar, DG de l’Institut Pasteur d’Algérie : « On ne peut pas échapper au variant britannique »

Quelle lecture faites-vous de la situation épidémiologique liée au Covid-19 en Algérie ?

On voit que les chiffres sont les mêmes, ils sont stables, ce qui est assez encouragent. Mais d’un autre côté, cette stabilité des chiffres amène les gens à croire que l’épidémie est terminée et qu’il n’y a plus de virus Covid qui circule. Cela peut inciter au relâchement.

Depuis quelques jours, on remarque effectivement que les gens ne portent pas le masque, ne respectent plus la distanciation et ça c’est un facteur qui risque de coûter cher dans un avenir proche si on ne revient pas au protocole sanitaire. Parce que ça reste un virus respiratoire qui profite de conditions favorables.

L’Algérie a lancé la vaccination anti-Covid le 30 janvier dernier. La vaccination va encore aider à mieux lutter contre le virus ?

La campagne de vaccination va bon train et notre objectif immédiat est d’augmenter le rythme.

Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus porter de bavette et ne plus respecter la distanciation, parce que l’impact de la vaccination ne se mesurera qu’après quelques mois.

Donc les mesures gardent leur intérêt actuellement parce que comme on le constate dans certains pays dans le monde, la circulation du virus est intense malgré le début de la vaccination, ce qui montre que cette dernière n’a pas encore l’effet escompté et ça c’était déjà prévu par l’OMS.

L’Algérie vient de recevoir  200 000 doses d’un vaccin chinois et s’apprête à en réceptionner d’autres. La campagne va-t-elle connaitre un autre rythme ?

Ça nous permet d’avancer encore plus vite et j’espère que dans les semaines à venir il y aura réception d’autres lots de vaccins qui vont permettre de répondre un peu plus rapidement et de façon plus large pour essayer de vacciner le pourcentage idéal qui est de 70 % de la population, comme annoncé par les autorités auparavant.

Y a-t-il des négociations avec d’autres fabricants ?

Bien sûr. On n’a exclu aucun vaccin dans notre agenda, nous avons discuté aussi avec des fabricants d’autres types de vaccins chinois, nous négocions avec des laboratoires américains. Notre objectif c’est d’arriver à vacciner plus de 70 % de la population dans quelques mois.

L’Algérie pourra-t-elle fabriquer le vaccin russe dans six mois ?

La fabrication c’est du ressort du ministère de l’Industrie pharmaceutique. Saïdal est le partenaire exclusif pour la fabrication du vaccin Spoutnik-V, mais bien sûr il est clair que quand Saïdal fait appel à l’expertise de l’institut Pasteur d’Algérie, nous sommes à chaque fois là pour aider dans ce que nous maîtrisons.

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Faut-il rouvrir les frontières . Ou, au contraire, durcir les conditions d’accès à notre pays ?

Ce que je peux dire, c’est que la fermeture précoce des frontières a été un facteur déterminant dans l’atténuation et la cassure de la circulation du virus en Algérie, c’est indiscutable.

D’ailleurs, s’il y a quelque chose qui a fait la différence au départ avec beaucoup de pays dans le monde, c’est cette mesure-là. Il y a une stabilité qui dure, et ce genre de mesures a un impact direct sur la dynamique de l’épidémie.

On a vu dans des publication faites par des personnes de l’institut Pasteur que ces mesures de fermeture et de distanciation ont permis d’éviter des milliers de cas.

Dans une publication, on a montré que 16 000 cas ont été évités au départ grâce à cette mesure. On voit d’ailleurs qu’elle est en train d’être appliquée dans certains pays en Europe. Ces mesures prises au départ sont parmi les facteurs qui ont fait que la situation est restée stable en Algérie.

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On parle beaucoup des nouveaux variants…  

Je pense qu’on ne peut pas y échapper. On voit que le variant britannique circule dans 90 pays, on connait en tant que virologues quand un variant circule et prend des avantages par rapport à son prédécesseur, il gagne en fonction de transmission.

Ce qui ne veut pas dire qu’il est grave, mais en termes de transmission, ça va plus vite et il est très peu probable qu’on arrive à maîtriser son entrée un peu partout. Je pense qu’on ne doit pas y échapper.

Des cas du variant britannique ont-ils été détectés en Algérie ?

Ça je ne peux pas le confirmer. Ce que je peux dire c’est que ce n’est pas un fait qui aggrave l’épidémie. Ce n’est que la circulation du virus qui prend des aspects particuliers suivant la variation. La variation et les mutations du coronavirus sont des choses qu’on connaît depuis longtemps.

Comment arrive-t-on à détecter les nouveaux variants justement ?

Quand on a le génome du virus présent, on peut regarder certaines régions dans ce virus qui sont des marqueurs de toutes les mutations et de tous les variants. Il faut savoir que le variant c’est uniquement une mutation qui a plus d’intérêt que les autres.

On a actuellement des centaines de mutations qui ont été décrites sur ce virus-là, il y a parfois des mutants qui ont plusieurs mutations en même temps et il y a une proportion infime de ces mutations qui ont une signification comme les variants. Cela ne veut pas dire que ces mutants-là vont être responsables de cas plus graves.

Faut-il craindre une troisième vague à cause de ce variant ?

Quand on regarde les déclarations des responsables russes quand lors de l’apparition des premiers cas du variant britannique, il y a eu plus de 1000 cas en Russie.

On n’a pas eu d’impact sur l’épidémie parce qu’on a remarqué que certaines souches du variant britannique ne sont pas plus graves que les souches classiques, ce qui montre qu’il faut regarder avec recul et prudence en interprétant les résultats des différents variants.

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