Économie

Flambée de l’euro en Algérie : les explications d’un économiste

Le marché noir des devises en Algérie flambe de nouveau. L’euro s’échange autour de 260 dinars. Les nombreuses mesures prises par les autorités pour juguler le marché parallèle des monnaies étrangères tardent à produire des effets notables, faute d’une mise en œuvre effective, explique un économiste à TSA.

La monnaie unique européenne a atteint mercredi 28 mai 260,5 dinars pour un euro au square Port-Saïd, principale place de change parallèle à Alger. Ce jeudi, elle s’échange pour 259,5 dinars. Le dollar était à 233 dinars hier et à 232 DA ce jeudi.

« Le marché informel des devises, après quelques semaines de flottement, a retrouvé tous ses ressorts avec un échange de l’euro au plus haut par rapport à la monnaie nationale », constate Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’université de Tizi-Ouzou.

Près de six mois après l’annonce par le président de la République de la hausse substantielle de l’allocation touristique, le 8 décembre dernier, les cours des principales monnaies étrangères se maintiennent toujours à des niveaux très élevés sur le marché parallèle algérien.

Beaucoup d’observateurs avaient prédit un effondrement du marché noir des devises après l’annonce de la disposition, d’où une certaine prudence observée sur le marché pendant plusieurs mois, aussi bien des vendeurs que des acheteurs.

En attendant la nouvelle allocation touristique, le marché noir des devises flambe en Algérie

Le relèvement du montant de l’allocation touristique d’environ 100 à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs n’est pas l’unique mesure prise pour lutter contre le marché noir des devises. Le gouvernement a aussi limité, depuis novembre, le montant autorisé à être emporté par les voyageurs en quittant le territoire national à 7.500 euros par année civile et non plus par voyage.

Tout récemment, le président de la République a ordonné la régularisation des petits importateurs informels ou commerçants du « cabas », qui, eux aussi, achètent les devises sur le marché noir.

Pour Brahim Guendouzi, si le marché reste insensible aux mesures annoncées, c’est parce que ces dernières ne sont pas appliquées, du moins en ce qui concerne la plus importante d’entre elles, la hausse de l’allocation touristique.

La limitation de l’exportation des devises est effective au niveau des Douanes même si, souligne l’économiste, « aucune instruction n’est encore venue préciser les modalités d’application ». Quant à l’augmentation de l’allocation touristique, elle n’est toujours pas appliquée. De même qu’on ne sait encore rien sur les modalités de mise en œuvre de la décision concernant le commerce du cabas.

Avec la période de pèlerinage et l’approche de la saison estivale 2025, la demande a logiquement repris. « La demande de devises sur ce marché semble se revigorer avec l’approche de la période estivale coïncidant aussi avec le Hadj à la Mecque. L’offre de devises est toujours réactive puisque les acheteurs trouvent toujours la contrepartie devise, particulièrement l’euro », explique l’économiste.

« En définitive, ajoute-t-il, les mêmes raisons qui poussent les citoyens algériens à s’adresser au marché informel des devises lorsqu’il s’agit de voyager ou de financer certains achats, sont aujourd’hui toujours présentes. Ce qui explique la dynamique actuelle de ce marché. »

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