Économie

Pétrole à 60 dollars : quel impact sur l’Algérie ?

L’économiste Brahim Guendouzi analyse dans cet entretien l’évolution du marché pétrolier et l’impact d’un pétrole à 60 dollars sur l’Algérie. Il explique à partir de quel niveau de prix du baril, les finances publiques algériennes seront impactées.

L’Algérie, dont les sources en devises sont tirées en grande partie d’hydrocarbures, ambitionne d’atteindre 10 milliards d’exportations hors pétrole et gaz en 2025.

Avec un pétrole légèrement au-dessus de 60 dollars, quel est le manque à gagner pour l’économie algérienne ?

En Algérie, le seuil de référence du baril de pétrole retenu dans la Loi de finances 2025 est de 60 dollars alors que le prix de marché est de 70 dollars. En début d’année, le cours du brut était proche de 82 dollars, aujourd’hui, il avoisine les 62 dollars, soit une perte de près de 20 %.

Ce manque à gagner pour l’économie algérienne, qui dépend fortement des hydrocarbures, va peser sur les prochains arbitrages financiers de la Loi de finance 2026. En effet, si cette tendance baissière des prix du pétrole perdure dans le temps, cela affecterait aussi bien les recettes budgétaires que les réserves de change du pays.

Pour le moment, il y a une évolution erratique des cours du brut attribuée à plusieurs facteurs, notamment les incertitudes économiques aux États-Unis et en Chine, l’augmentation de l’offre par l’OPEP+ et les facteurs géopolitiques.

Dans tous les cas, si le prix du baril reste à un niveau proche des 60 dollars, l’Algérie devra probablement ajuster ses dépenses publiques et accélérer ses réformes économiques pour maintenir sa stabilité financière.

Elle dispose encore d’une marge de manœuvre, mais il faudra adopter une approche proactive pour décider des mesures d’ajustement dès maintenant au regard de la fragilité de l’économie nationale face aux chocs externes, d’autant plus que la diversification économique attendue n’a pas encore atteint un stade avancé.

Malgré la faiblesse des prix, l’Opep+ a maintenu mercredi sa politique de production. Pourquoi ?

La position actuelle de l’OPEP+ semble être guidée par une politique de production équilibrée, avec des hausses possibles dans le futur, car privilégiant une vision stratégique à long terme, en gérant des tensions internes entre les membres tout en préservant leurs parts de marché.

Il ne faut pas perdre de vue les producteurs de schiste américains qui sont à l’affût de prix rémunérateurs pour augmenter les forages. Les cours actuels du pétrole sont donc susceptibles de freiner temporairement la production américaine. C’est ce qui est recherché implicitement par l’OPEP+ afin de ne pas connaître le scénario de 2014.

Certains pays de l’OPEP, fortement dépendant des recettes pétrolières, dont l’Algérie, se retrouvent évidemment dans une position inconfortable, car subissant une perte de près de 20 % des prix durant ce premier semestre, mais contraints à respecter la cohésion du groupe.

Quel est le niveau de prix du baril nécessaire pour l’Algérie ?

Cette tendance risque de perdurer encore, avec des répercussions négatives sur le niveau des recettes en devises de l’Algérie. Plus on s’éloigne du niveau de 80 $ le baril, plus les équilibres de la balance des opérations courantes avec l’extérieur et du budget de l’État deviennent contraignants, appelant ainsi à effectuer des arbitrages importants voir difficiles.

Le contexte économique mondial et la conjoncture pétrolière internationale appellent à une refondation des finances publiques, d’une part, et à un nouveau positionnement du commerce extérieur et la gestion du taux de change, d’autre part, pour recentrer l’action économique de l’Algérie dans une trajectoire de croissance économique à moyen terme tout en étant proactif par rapport aux chocs externes futurs.

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