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Flambée des prix durant le ramadan, nouvelle épine dans le pied de Bedoui

Flambée des prix durant le ramadan, nouvelle épine dans le pied de Bedoui

Comme chaque année, le gouvernement algérien a promis d’éviter la flambée des prix à l’occasion du ramadan. Pour cette année 2019, il était question de plafonner les prix de certains produits, notamment les plus demandés durant le mois sacré. Appelé prix de référence, le dispositif ne semble pas avoir fonctionné.

Le ramadan n’est qu’à ses débuts et il est prématuré de tirer un bilan de l’opération, mais au moins durant les deux premiers jours, les prix de référence n’ont pas été appliqués.

En annonçant sa trouvaille environ deux semaines avant le ramadan, le gouvernement n’avait pas précisé comment il comptait s’y prendre pour imposer le plafonnement de produits dans un marché censé être libre. Ni le dispositif juridique ni la réalité du terrain ne permettent d’aller vers l’imposition de prix à des producteurs et commerçants qui sont les seuls à savoir ce que leur a coûté le produit qu’ils mettent en vente.

Une telle entreprise est d’autant plus irréalisable que le pays traverse une période d’instabilité politique qui a sensiblement réduit l’autorité du gouvernement. Nommé par le président Bouteflika la veille de sa démission le 2 avril dernier, l’exécutif actuel s’est retrouvé rejeté par la population qui exige chaque vendredi la nomination d’un gouvernement de compétences nationales qui aura à gérer, en plus des affaires courantes, le processus d’élection de nouvelles institutions.

Cela fait un mois que le gouvernement Bedoui est en place et aucun ministre n’a réussi à effectuer une sortie sur le terrain sans créer au mieux une forte polémique, au pire une émeute. Plusieurs ministres ont été chassés par la population et empêchés de poursuivre leurs visites dans des wilayas de l’intérieur et même à Alger.

À leur inexpérience, s’ajoute le boulet de l’impopularité de l’exécutif auquel ils appartiennent et sa faible autorité. Le gouvernement a improvisé cette histoire de prix de référence et logiquement, il n’a rien vu venir. Pour le premier jour du ramadan, les agents du contrôle des prix censés faire appliquer le nouveau dispositif, ont préféré lancer un mouvement de protestation, incluant des sit-in et surtout deux grèves d’un total de cinq jours durant les deux premières semaines du ramadan.

Ce mercredi matin, au marché d’Alger-centre par exemple, non seulement les prix de référence n’étaient pas appliqués mais les commerçant n’affichaient même pas les prix des fruits et légumes – une disposition pourtant obligatoire depuis quelques années. Une manière d’ignorer les consignes et les menaces du gouvernement.

Les prix de référence ne seront pas appliqués, à cause du manque d’autorité du gouvernement mais surtout parce qu’il s’agit d’une mesure allant à contre-courant de toute logique économique.

La solution à la flambée des prix est sans doute ailleurs, précisément dans la création de mécanismes pérennes de régulation, comme la grande distribution, les circuits de stockage…

À la décharge de Bedoui et de ses ministres, il n’y a pas qu’eux qui frappent à côté. Chaque année, même lorsque le pays n’avait pas de problèmes de trésorerie ou d’autorité, on ne se rappelle de l’impératif de réguler le marché qu’à l’approche du ramadan et accessoirement de certaines fêtes religieuse. Bien entendu, les promesses d’un ramadan sans flambée des prix n’ont jamais été tenues. Au gouvernement actuel, on peut juste reprocher sa prétention de pouvoir réussir là où tous ses prédécesseurs avaient échoué, dans des conditions bien meilleures de surcroît.

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