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Flambée du Covid-19, référendum du 1er novembre : entretien avec Dr Bekkat Berkani

Flambée du Covid-19, référendum du 1er novembre : entretien avec Dr Bekkat Berkani

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique de surveillance de l’épidémie du Covid-19, aborde dans cet entretien la situation épidémique en Algérie, dans un contexte de flambée de l’épidémie.

Le Premier ministre et le ministre de la Santé ainsi que le DG de l’Institut Pasteur d’Algérie, ont tiré la sonnette d’alarme sur le non-respect des mesures barrières anti-Covid en grande partie responsable de la recrudescence de l’épidémie.  Comment percevez-vous ces alertes ?  

Ils ont tout à fait raison. Il y a une relation de cause à effet. On constate un relâchement par des citoyens dans l’application des gestes barrières et en particulier le port du masque de protection et la distanciation physique. Et c’est ce qui a probablement, avec la rentrée sociale, accéléré la tendance haussière de l’épidémie. Cette situation n’est cependant pas catastrophique mais il est temps de revenir aux fondamentaux, autrement dit aux mesures préventives édictées, sinon avec les rentrées scolaires et universitaire, la rentrée sociale et la reprise de la prière du vendredi, nous risquerions de voir le nombre de contaminés par la Covid-19 augmenter chaque jour. Avec des formes graves surtout que la période de l’hiver a tendance à favoriser les infections virales. Elle favorise une certaine paralysie des voies respiratoires dans la mesure où toutes les viroses sont là, notamment la grippe. Tout ça peut concourir à une augmentation des cas de Covid-19. Les membres du gouvernement tirent la sonnette d’alarme que les médecins ont déjà tiré au vu des cas d’hospitalisations qui augmentent.

De nombreux hôpitaux alertent sur le fait qu’ils ne peuvent plus disposer de lits Covid, certains ont dû rouvrir des services fermés suite à l’accalmie enregistrée en septembre. Au point où en est la situation, le risque de saturation n’est pas loin…

C’est d’autant plus vrai que nos concitoyens à la veille de la fête du Mawlid doivent éviter de se regrouper en familles. Ce sont souvent des clusters familiaux. Le virus est devenu communautaire. Il y a plus de risques d’attraper la Covid-19 au sein de la famille que dans un espace de travail par exemple. Les milieux familiaux, avec l’abandon des mesures barrières, sont un vecteur essentiel d’une transmission active du virus.

Le ministre de la Santé a réuni samedi dernier les chefs d’établissements hospitaliers avec pour ordre du jour : prévoir plus de lits d’hospitalisation pour anticiper une flambée de l’épidémie. Cette mesure est-elle, selon vous, indispensable ?

Absolument, il y a lieu de se préparer. Il faut se rappeler les difficultés qu’on a eues en mars et avril derniers, une période durant laquelle on avait des malades qui dormaient dans les couloirs au sein des structures hospitalières ! Il ne faut pas non plus perdre de vue les médecins qui sont fatigués après huit mois d’une guerre contre l’épidémie, au moment où une autre s’annonce. Nous avons confiné le pays et consenti des sacrifices, on a mis le pays en autarcie, on a obtenu des résultats appréciables, il ne faut donc pas perdre ce capital.

Pour éviter la saturation des hôpitaux, il faut donc revenir aux fondamentaux en termes de gestes barrières…

Effectivement. Il faut que les citoyens puissent assimiler complètement ces gestes de protection, et les autorités doivent multiplier à la fois la sensibilisation et aussi prendre des mesures coercitives contre ceux qui ne respectent pas les consignes. Il faut donc augmenter la riposte et appliquer tout simplement la loi.

Vous faites également partie de la haute autorité de surveillance des élections (ANIE). N’y a-t-il pas des craintes d’une hausse des contaminations à l’occasion référendum du 1er novembre sur la révision constitutionnelle ?   

Absolument pas. Nous avons mis en place un protocole sanitaire très strict que nous avons fait agréer par le ministère de la Santé. Il prévoit toutes les étapes, de l’opération de vote à celle de dépouillement, avec le maximum de sécurité. Il n’y a qu’à l’appliquer. Nous organisons d’ailleurs des séances d’explications avec l’ensemble de nos délégués des wilayas. Il s’agit de répondre à tous les questionnements possibles de la part de nos représentants chargés des opérations électorales. Rien ne peut arriver dans un bureau de vote.

En revanche, on ne vous a pas entendu, en tant que membres de l’ANIE, réagir par rapport à certains meetings de la campagne pour le référendum où les mesures barrières sont tout bonnement ignorées…    

Pour ces meetings, nous n’en sommes pas responsables. Ce sont des partis politiques et d’autres organisations de la société civile qui ont obtenu une autorisation. Nous avons eu la désagréable surprise de voir des salles bondées sans respect de la distanciation sociale et des participants qui ne portaient pas de masques. Nous nous sommes exprimés en tant que commission en disant qu’il était inadmissible de tenir des meetings contraires aux règles sanitaires. Le président de l’ANIE (Mohamed Cherfi, ndlr) a fait une mise au point. Honnêtement, c’est aux autorités d’agir en interdisant les meetings qui ne sont pas conformes à la loi.

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