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Flambée du covid-19 : « Vaccinez-vous, vaccinez-vous »

Flambée du covid-19 : « Vaccinez-vous, vaccinez-vous »

Le Pr Reda Djidjik, chef du service immunologie au CHU Béni Messous (Alger) demande aux autorités sanitaires de revoir en urgence le dispositif de prise en charge des patients covid pour faire face à la flambée de l’épidémie. Il lance un appel aux Algériens pour aller se faire vacciner.

Quelle lecture faites-vous de la situation épidémiologique en  Algérie ?

Nous sommes devant une situation préoccupante, à la limite alarmante. On est face à une 3e vague qui arrive en plein mois de juillet.

Nous recevons beaucoup de malades dans les hôpitaux qui sont saturés. Et il y a beaucoup de demandes d’hospitalisation. Nous devons réorganiser leur prise en charge dans nos structures de santé.

Cette 3e vague se caractérise par le fait qu’elle touche tout le monde. Qu’en pensez-vous ?

Le virus est toujours le même, bien qu’il y ait des variants. Probablement qu’il touche beaucoup plus de jeunes. Le variant qui circule actuellement est plus contaminant. Mais sur le plan de mortalité et de dangerosité, je pense qu’on a affaire au même virus.

Nous avons à peu près le même taux de mortalité depuis maintenant 18 mois. Nous sommes devant une recrudescence des cas, nous avions oublié que le virus était encore là et avions pensé que c’était réglé.

Le problème est que, à l’époque de l’accalmie, nous aurions dû réorganiser les structures de santé et se préparer à toute éventualité. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Actuellement, les centres de santé sont débordés, il faut à tout prix réorganiser et ouvrir de nouveaux services surtout de réanimation.

Finalement, il n’y avait pas que la population qui croyait que l’épidémie était derrière eux. Les autorités sanitaires aussi. Qu’en dites-vous ?

Je pense que nous sommes de mauvais élèves, nous n’apprenons pas des situations précédentes. Nous n’avons pas tiré les leçons qu’il faut.

Nous avons pensé que le virus était parti, que la pandémie était maîtrisée, malheureusement nous sommes en train de vivre une nouvelle vague ; elle n’est pas qu’en Algérie, même au niveau mondial. Il faut rapidement redéployer et remobiliser les troupes et rouvrir tous les services qui ont été fermés.

Dans quel état sont les personnels de santé ?

Il faut rendre hommage à tous les personnels de santé qui luttent depuis des mois contre la pandémie. Il ne faut pas baisser les bras devant une situation préoccupante. Je lance un appel à tous les collègues pour continuer à se battre : les citoyens ont besoin de nous.

Ne faudrait-il pas augmenter la cadence de vaccination contre le covid ?

Absolument. Ce qu’il faut encourager pour gérer cette pandémie, c’est augmenter la cadence de la vaccination et la généraliser en mettant en place des espaces de vaccination afin de vacciner le maximum de citoyens. C’est ce qui va éviter à la population de contracter des formes graves de covid. Et c’est une manière aussi de limiter la transmission du virus.

Cinq mois après le lancement de cette campagne vaccinale, la réticence à la vaccination demeure toujours chez la population. Quel est votre message ?

Il y a eu beaucoup de polémiques concernant les vaccins anti-covid partout dans le monde, pas seulement en Algérie. Il y a beaucoup de fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux.

Il faut faire confiance à la médecine et à la science : le vaccin reste le seul et le plus sûr moyen, si l’on tient compte du bénéfice/risque, pour éradiquer cette pandémie.

Il n’y a pas lieu d’avoir peur, tous les vaccins ont des effets secondaires. Il y a bien sûr eu des effets secondaires très rares notés sur tous les vaccins, mais les risques sont très minimes. J’encourage donc les citoyens à se faire vacciner.

L’Algérie a connu deux phases dans sa campagne de vaccination. La première a concerné les malades chroniques et les personnels de santé dès le mois de janvier. À partir de mai -juin, on est passé à la deuxième phase, celle de la vaccination de masse. Je pense qu’il faut sensibiliser davantage les citoyens sur le fait que le vaccin reste le seul moyen d’éradiquer la pandémie.

Une fois vaccinée, une personne peut-elle être infectée par le virus ?

Bien sûr. Être vacciné ne veut pas dire qu’on ne peut être de nouveau infecté. Ce qu’il y a lieu de savoir, c’est quand on est vacciné on développe sa propre immunité et cela permet de ne pas développer une forme grave du covid, de ne pas être hospitalisé et de ne pas avoir recours à l’oxygène et à la réanimation.

Le vaccin permet de protéger les personnes à 100 % contre les formes graves du covid-19. C’est l’un des premiers objectifs de la vaccination. À une seule dose on est protégé et pour avoir une immunité complète, il faut faire les deux doses.

Quel message souhaitez-vous adresser à la population ?

Vaccinez-vous, vaccinez-vous. Ne baissez pas la garde sur les mesures barrières.

Votre message aux autorités ?

Revoir en urgence le dispositif de prise en charge des patients Covid, augmenter les lits. Il ne suffit pas de donner juste des instructions. Il faut l’application et vérifier si tous les hôpitaux appliquent les instructions du ministère de la Santé.

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