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Flambée du Covid : le Pr Bouzid évoque le risque de fermeture du CPMC

Flambée du Covid : le Pr Bouzid évoque le risque de fermeture du CPMC

Pr Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au CPMC d'Alger

ENTRETIEN. Le Pr Kamel Bouzid n’écarte pas le risque de fermeture du CPMC d’Alger à cause de la flambée du Covid-19. Il pointe le manque de confiance des citoyens dans le gouvernement.

Quel est l’impact de l’épidémie du Covid-19 sur les malades et le personnel du CPMC ?

Au niveau du CPMC, nous avons eu deux malades du cancer qui sont décédés du Covid-19. Aussi, nous comptons une trentaine de membres de notre personnel qui sont infectés entre médecins, infirmiers, agents de sécurité, femmes de salle….

Des soignants infectés et confinés, c’est une difficulté supplémentaire qu’il va falloir gérer…

Absolument.  Et si ça continue on sera obligé de fermer parce que les personnels soignants positifs vont être confinés, avec ou sans traitement. Si on perd la moitié de l’effectif, fatalement l’activité de traitement du cancer en oncologie va s’arrêter, être suspendue.

Comment gérez-vous cette situation, notamment en matière de mesures de précaution ?  

Lorsqu’il y a  des cas on s’en occupe. Nous stérilisons également régulièrement toutes les surfaces où le Covid peut siéger, notamment les surfaces métalliques dans les différents services.

Qu’en est-il des visites familiales ?

Nous les avons interdites. Nous évitons que les gens s’attroupent aux abords du service. Il n’y a que les malades qui rentrent, et nous essayons d’observer les recommandions du ministère de la Santé.

Et lorsqu’un cas est suspecté, comment procédez-vous ?

Nous effectuons un test PCR et sérologique. Aussi, les cas contacts parmi le personnel subissent un test PCR et une sérologie.

Comment qualifiez-vous la situation épidémique actuelle avec la hausse des contaminations ?  

Elle est inquiétante. De février jusqu’à juin la situation avait l’air d’être maîtrisée par les mesures prises par le gouvernement, et là depuis environ le 15 juin, la situation est en train de flamber un peu partout : à Sétif, à Oran, à Alger et surtout dans le Sud où c’est en train de se multiplier.

Comment expliquer cette flambée ?

Écoutez, c’est un virus qu’on ne connaissait pas. On a appris au fur et à mesure comment le gérer. Ce qui est sûr c’est qu’il a dû muter, chose qui arrive souvent aux virus, qu’il est devenu plus virulent. Le non-respect de la distanciation sociale et du port du masque a fait que les contaminations ont explosé. Il y a aussi une crise de confiance de la part de la population vis-à-vis du gouvernement qui fait que beaucoup de citoyens ne croient plus à ce que disent les responsables. Ils sont nombreux à ne pas croire du tout à l’épidémie.

En parlant des mesures barrières, un message à la population ? 

Portez  le masque et respectez les distances entre individus.

La fête de l’Aïd-el-Adha est maintenue sous conditions. Vous faites partie d’un collectif de professeurs en sciences médicales qui a appelé les autorités à décréter de surseoir au rituel du sacrifice du mouton pour cette année en raison du risque sanitaire…

 Le collectif a publié une déclaration en disant que l’Aïd-el-Adha n’était pas indispensable. Car à l’évidence, l’achat, le transport et la consommation (du mouton) va multiplier les risques de la pandémie du Covid-19. Comme je l’ai signalé au tout début, la crise a bien été gérée jusqu’au 15e jour du Ramadan, où on a enregistré un premier pic quand il y a eu la distribution de la semoule. Le deuxième pic a eu lieu à l’occasion de l’Aïd-el-Fitr et un troisième pic a eu lieu début juillet. C’est parce que les mesures barrières n’ont pas été respectées.

Pour des professionnels de santé, il se pose aussi la problématique de l’application de la loi, concernant le port du masque rendu obligatoire par un décret exécutif. Quel est votre commentaire ?   

Il faut que les services de sécurité jouent leur rôle. J’ai personnellement vu des images au Maroc de policiers sillonnant les rues et remettent à l’ordre les contrevenants aux consignes sanitaires. Ils obligent notamment les jeunes à porter le masque. En ce qui nous concerne, il faut que la force publique soit déployée pour obliger les citoyens à porter le masque dans les lieux publics. Il y a des procès-verbaux qui sont prévus y compris l’emprisonnement. La loi le prévoit. Il s’agit d’appliquer la loi.

 

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