search-form-close
FLN et RND, deux béquilles de la coalition présidentielle, un contraste saisissant

FLN et RND, deux béquilles de la coalition présidentielle, un contraste saisissant

Le contraste est fort saisissant : face à un FLN aux prises avec une crise à son sommet ces deux derniers mois qui a fini par un remplacement au pied levé du tonitruant et truculent Djamel Oud Abbes par le très flegmatique Moad Bouchareb , l’autre béquille de la coalition présidentielle, le RND affichait une sérénité à toute épreuve.

Pas la moindre fausse note même au plus fort de la crise qui a secoué fin septembre dernier l’APN en débouchant sur l’éjection très peu cavalière du téméraire Said Bouhadja de son trône.

Les députés du parti né avec des moustaches pour reprendre le fameux qualificatif de feu Mahfoudh Nahnah, ont suivi sans sourciller et à la lettre les consignes de leur Secrétaire général, en se rangeant comme un seul homme derrière leurs frères ennemis du FLN dans leur bataille contre le désormais ex-président de l’APN.

Et pas une seule brebis galeuse n’est sortie des rangs pour contester, même timidement, le « suivisme » quasi aveugle de la direction du RND à l’égard de son grand rival, le FLN, alors qu’il n’a pas beaucoup de dividendes politiques à escompter dans cette affaire, à première vue du moins.

Question : pourquoi le FLN renvoie la triste image d’une véritable foire d’empoigne qui tranche fortement avec la grande discipline qui caractérise aujourd’hui le RND ?

Les enjeux sont-ils plus grands au FLN au point de faire perdre la tête à ses dirigeants qui, pour préserver leurs positions et privilèges, n’hésitent pas à se donner en spectacle, en recourant même à la bagarre et parfois avec des gourdins ? Possible. Parti qui a déclenché la Guerre de libération nationale et accompagné les régimes successifs depuis 1962, le FLN incarne le pouvoir et fait saliver bien des ambitieux en quête de postes à responsabilité au sein de l’État.

« Le FLN c’est l’État, nous sommes l’État, nous sommes l’État », s’est écrié mi-avril 2017 à Tizi Ouzou Djamel Ould Abbes. Sauf que le RND peut bien lui aussi, dans une moindre mesure il est vrai, servir de tremplin à biens des ambitions.

La preuve ? Le parti d’Ahmed Ouyahia compte dans ses rangs des ministres, des députés, des sénateurs et une multitude de cadres qui ont essaimée dans les différents rouages de l’État. Et le RND a une autre ressemblance avec son frère ennemi : l’appartenance à la même famille politique dite nationaliste.

D’ailleurs, la majorité des cadres du RND, à sa naissance notamment en 1997, sont des transfuges du FLN. Les similitudes ne s’arrêtent pas là puisque les deux partis du pouvoir ont pratiquement le même mode de fonctionnement comme celui de nomination, notamment de leurs chefs.

Au FLN comme au RND, la nomination du Secrétaire général n’est pas du ressort des dirigeants et encore moins des militants mais plutôt des cercles décisionnels au sein de l’État qui ont aussi la latitude de le dégommer par un simple coup de fil.

Chez les deux partis, l’on ne transige jamais avec le sacro-saint principe du dosage régional. C’est dire que le FLN et le RND sont quasiment les deux faces d’une même médaille. Pourquoi alors le RND est moins exposé que le FLN aux vents de la discorde (le FLN a connu ces 20 dernières années 6 secrétaires généraux alors que le RND a vu se succéder à sa tête trois, plutôt 02 si l’on excepte le petit intermède de Tahar Benbaïbeche)?

L’explication la plus plausible est à chercher dans la personnalité des chefs des deux partis. La bonhomie et la bouffonnerie d’un Djamel Ould Abbes tranchent fort avec le sérieux et la rigueur, du moins en apparence, du commis de l’État qu’est Ahmed Ouyahia qui a su tenir la maison RND en imposant une certaine discipline tout en tenant en laisse ses adversaires au sein du parti.

Son expérience de SG du RND (de janvier 1999 à janvier 2013 puis de juin 2015 à ce jour) et de Premier ministre ou chef du gouvernement mais surtout son retour aux affaires gouvernementales depuis août 2017 l’ont-ils servi à tenir fermement unis les rangs de son parti ? Certainement même si, au regard des mœurs politiques en vogue chez nous, il n’est pas du tout à l’abri d’un coup du sort.

  • Les derniers articles

close