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Football algérien, Belmadi – Zefizef : deux poids, deux mesures ?

Football algérien, Belmadi – Zefizef : deux poids, deux mesures ?

Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef, a démissionné de son poste dimanche 16 juillet, trois jours après son échec à se faire élire membre du comité exécutif de la CAF.

Cette démission survient aussi après une vague de critiques dont un commentaire au vitriol de l’agence de presse officielle APS.

Pour dire les choses plus clairement, Zefizef a été poussé à la démission, comme l’ont été tous ses prédécesseurs, du moins les trois derniers, Charaf-Eddine Amara en 2022, Kheireddine Zetchi en 2021 et Mohamed Raouraoua en 2017.

Il lui est reproché d’avoir perdu une élection au niveau international, donc d’avoir mal représenté et défendu l’Algérie alors que les pouvoirs publics ont mis tous les moyens à sa disposition pour réussir sa mission.

Son tort n’est pas tant d’avoir échoué devant un concurrent rompu aux coulisses du football africain mais d’avoir promis, à son élection il y a tout juste une année, de relancer la diplomatie sportive et de replacer l’Algérie comme un acteur qui pèse sur les grandes décisions du football continental.

Une promesse faite après l’élimination de l’équipe nationale de la course du Mondial 2022 suite à une défaite amère à Blida face au Cameroun, lors d’un match marqué par des problèmes d’arbitrage. Les supporters algériens avaient alors pointé l’absence d’influence de la FAF au sein de la CAF.

Mais Djahid Zefizef n’a pas les « tuyaux » pour permettre à l’Algérie de retrouver une place qui correspond à son poids sportif au sein des instances du football africain, de surcroît en une année.

Le mal du football algérien est plus profond que l’inadéquation d’un responsable, fut-il le premier de la hiérarchie. Un immense chantier de réforme attend, à commencer par le rétablissement des fondamentaux de gestion de la discipline et la réhabilitation du mécanisme de sélection des responsables, complètement inopérant à cause des interférences dans les processus électifs.

L’échec de Zefizef est donc d’abord celui de ceux qui ont contribué à son accession au poste de président, dont l’Assemblée générale, souveraine sur le papier mais qui a renoncé à ses prérogatives depuis bien longtemps.

La démission du président de la FAF rappelle celle de son prédécesseur par un détail commun dans leur ligne de défense. Zefizef a expliqué dans une vidéo mise en ligne sur le site de la fédération qu’il a tout fait pour arracher un poste au Comex de la CAF dans la limite de ce que permettent « nos valeurs morales« .

Football algérien : Amara a payé pour Belmadi, Zefizef paye pour tout le monde

Charaf-Eddine Amara avait lui aussi dit à peu près la même chose à l’adresse de ceux qui lui reprochaient de n’avoir pas su « faire le nécessaire » avec l’arbitre de la rencontre Algérie – Cameroun qualificative pour le mondial 2022, comme l’ont prétendument fait les Camerounais, ce qui évidemment n’est pas prouvé à ce jour.

Comme Zefizef, Amara n’était peut-être pas à sa place, n’ayant aucun vécu ou relationnel dans le football et étant venu d’un secteur incompatible avec le sport, l’industrie du tabac. Mais les deux hommes sont partis dignement, sans faire plus de bruit que l’annonce publique de leur démission.

Celle de Djahid Zefizef est particulièrement saluée sur les réseaux, même si tout le monde sait qu’elle n’a rien de spontané et qu’elle a été la conséquence de pressions presque assumées.

Il s’agit en tout cas d’un geste qui en principe devrait suivre systématiquement tout échec préjudiciable à l’image du pays ou l’intérêt de la collectivité.

Cet épisode n’est pas sans rappeler que, dans le football algérien, cela a été rarement le cas, hélas. Le plus gros échec de ces dernières années, peut-être de toute l’histoire du sport algérien, n’a pas été suivi de la démission de celui qui en porte la plus grosse part de responsabilité.

Il s’agit évidemment de l’élimination de l’équipe d’Algérie d’un Mondial 2022 qui lui tendait les bras. Celui qui devait partir après le drame de Blida c’est le sélectionneur Djamel Belmadi, coupable d’avoir échoué à gérer deux situations très favorables : le match retour à domicile après une victoire à l’extérieur et les dernières secondes (40 précisément) de la manche retour alors que son équipe avait marqué le but de la qualification à deux minutes de la fin de la prolongation.

Le public, la presse, les professionnels et les pouvoirs publics ont préféré regarder ailleurs et personne n’a pressé Djamel Belmadi de rendre le tablier.

Les rares voix comme Hafid Derradji qui ont critiqué celui qui est surnommé par les supporters algériens le « ministre du bonheur » ont été rapidement débordées et étouffées par le soutien officiel du gouvernement à Belmadi.

Près d’une année et demie après, il est toujours en poste. Amara a payé pour lui et Zefizef paye pour tout le monde, soit tous ceux qui, de près et de loin, ont contribué à faire du football algérien ce qu’il est devenu, un football sans poids continental ni sur le terrain ni dans les instances dirigeantes.

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