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Football : la belle revanche de Hicham Boudaoui

Football : la belle revanche de Hicham Boudaoui

Beaucoup avaient fait la moue lorsque Djamel Belmadi avait retenu dans sa liste pour la CAN 2019 un certain Hicham Boudaoui. Un joueur inconnu au bataillon qui est préféré à de grands noms évoluant en Europe, dans des clubs costauds pour certains, ça fait forcément jaser.

D’autant plus qu’à l’époque, Belmadi n’était pas encore l’auteur du miracle du Caire et ses choix n’étaient pas aussi indiscutables qu’ils le sont aujourd’hui. Et, surtout, le joueur controversé n’était pas le premier à brûler les étapes en passant directement de la modeste équipe du Paradou à la sélection nationale.

En somme, de l’eau au moulin de ceux qui soupçonnaient le président de la Fédération algérienne de football (FAF) Kheireddine Zetchi de faire de l’équipe d’Algérie un tremplin pour expédier les poulains de son académie vers l’Europe moyennant les sommes que l’on sait.

Sauf que tous les joueurs qui sont passés par ce circuit et qui ont suscité les mêmes critiques ont fini par faire taire le monde. Et c’est ce que vient de faire Hicham Boudaoui, peut-être définitivement.

À 21 ans, l’Algérien est désigné par les supporters de son club, l’OGC Nice, meilleur joueur du mois de février. Ce n’est pas le Ballon d’or mais la consécration mérite d’être signalée pour un joueur qui vient de loin. De très loin même, et au propre plus qu’au figuré.

Hicham est né et a grandi à Béchar, dans le sud du pays. Une région pas franchement connue pour être un vivier de joueurs pour l’élite nationale. À tort ou à raison, on a toujours considéré que les jeunes talents du sud sont lésés et n’ont presque jamais la chance d’aller plus loin que l’équipe de leur patelin faute de pouvoir briller sous les projecteurs de la capitale.

Fabuleuse chevauchée

Coup de pouce du sort ou énième coup de génie des scouts du même Zetchi, Boudaoui aura cette chance au hasard d’une rencontre jouée à Hydra en 2012. Il avait tout juste 13 ans. L’Académie où on joue pieds nus ne se trompe que rarement et ce n’est pas la fabuleuse chevauchée de Hicham Boudaoui qui va démentir le constat.

Après cinq ans de rude formation, les choses vont aller très vite pour lui à partir de 2018, année où il fait ses débuts en équipe première du PAC. La même année, il est sélectionné en équipe nationale espoirs, ensuite chez les A’. Puis arrive 2019, année charnière dans sa carrière.

En juillet, il soulève le trophée de la CAN 2019 en Égypte. En septembre, il entame une carrière européenne sans passer par un club de seconde zone, procédure quasi incontournable pour les joueurs venant d’un championnat aussi moyen que celui d’Algérie.

Le milieu de terrain a signé dans un club de l’élite française, l’OGC Nice sur la Côte-d’Azur, moyennant 4 millions d’euros. Dans le club, il y avait déjà deux Algériens dont un au parcours presque identique à celui de Boudaoui.

Le défenseur Youcef Attal est un produit de l’académie du Paradou et venait d’être sacré champion d’Afrique avec les Verts de Djamel Belmadi. Il avait signé avec les Aiglons en juillet 2018. Adam Ounas, lui aussi vainqueur de la CAN 2019, venait tout juste d’arriver à Nice sous forme de prêt, en provenance de Naples.

Des trois Algériens, c’est celui qu’on attendait le moins qui se montera le plus régulier. Attal est gêné par les blessures et Ounas, qui n’a jamais pu s’imposer, est reparti du côté de l’Italie. Boudaoui, lui, poursuit son petit bonhomme de chemin, sans faire trop de bruit.

Même lorsque les mauvaises langues étaient revenues à la charge, avec ce journaliste indélicat qui lui a rappelé ses origines et cette campagne de dénigrement qui l’a ciblé pour avoir pris part à un match en Israël avec son équipe, on n’a pas trop entendu l’enfant du Sud. Il est du genre à ne se concentrer que sur son sujet. Et ça lui réussit. Pourvu que ça dure !

Dommage qu’il soit freiné dans son élan par une nouvelle blessure contractée mercredi 3 mars face à Rennes lors d’un match de championnat. Un coup dur pour l’international algérien qui doit ranger ses crampons et rester loin des terrains pendant au moins deux mois.

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