Après le blé, une autre filière agricole française subit de plein fouet les effets de la crise entre la France et l’Algérie et la nouvelle stratégie algérienne de diversification de ses importations. Bloquées en septembre 2023, pour des raisons sanitaires, les exportations de bovins français en Algérie sont toujours à l’arrêt.
La crise diplomatique entre les deux pays pourrait en être la raison, selon François Chaintron, directeur délégué pour la zone Bourgogne de l’élevage bovin, cité cette semaine par le journal français Le Progrès.
La région de la Saône-et-Loire, terre d’origine de la race charolaise, est l’une des plus grandes régions de production de bovins en France. Elle dédie sa plus grande partie de production à l’exportation vers des pays qui assurent l’engraissement avant l’abattage. L’Algérie faisait partie de ces pays.
Les livraisons de bovins français « sont à l’arrêt depuis septembre 2023 »
Au total, les exportations françaises de broutards (jeune bovin de trois à dix mois environ) sont estimées entre 700.000 et 800.000 têtes par an. Entre 2018 et 2022, l’Algérie importait de France entre 40.000 et 70.000 têtes par an, indique la même source. 2.000 à 3.000 têtes provenaient des éleveurs de la coopérative Sicarev Coop.
Selon François Chaintron, l’Algérie était certes « un petit client », mais elle avait tout de même une « importance, en répondant à un besoin de diversification ». Cependant, depuis septembre 2023, les livraisons ont été arrêtées.
Cet arrêt était dû à l’époque à l’arrivée en France d’une pathologie virale touchant les bovins, à savoir la maladie hémorragique épizootique (MHE). Et pour protéger son cheptel, l’Algérie avait refusé le lot de bovins qui devait être importé cette année-là.
Depuis, assure le même intervenant, plus aucune tête n’a été exportée par la coopérative vers l’Algérie. Le directeur délégué pour la zone Bourgogne indique que l’Algérie « aurait pu faire des prises de sang sur les animaux, comme pour d’autres maladies ». Mais elle ne l’a pas fait.
Selon lui, ce vide laissé par l’Algérie a été vite exploité par la Tunisie et le Maroc, en modifiant leurs accords pour importer davantage de bovins de France.
Blocage des exportations françaises vers l’Algérie : après le blé, les bovins
Interrogé sur la raison qui a poussé l’Algérie à stopper les importations de bovins français, le responsable estime que c’est très probablement lié à la crise entre les deux pays. « Est-ce que c’est géopolitique ? Je le pense un peu quand même », dit-il, soulignant que l’Algérie a, entretemps, « trouvé de nouveaux fournisseurs, notamment en Amérique du Sud ».
La filière bovine française n’est pas la seule dont les exportations vers l’Algérie ont été affectées. Les exportations de blé à destination de l’Algérie connaissent aussi un « blocage total ».
La destination Algérie « est purement et simplement fermée » au blé français, a fait savoir lundi dernier Alain Caekaert, le directeur général de Cérévia, l’union de commercialisation de quatre coopératives agricoles majeures de Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes.
Les difficultés « ont commencé en 2020 » et « aujourd’hui, c’est zéro », regrette-t-il, soulignant que lorsque les distributeurs français répondaient aux appels d’offres d’achat de blé lancés par l’Algérie, « nous n’avons aucun retour sur nos dossiers ».