L’Algérie et la France sont entrées dans un engrenage de mesures d’expulsion réciproque de diplomates. Pour le moment, les retombées de la crise se limitent aux personnels diplomatiques et consulaires.
La brouille pourrait toutefois déteindre sur la délivrance des visas, de part et d’autre, si les choses restent en l’état.
Samedi 17 mai, la presse française a fait état de la décision de Paris d’imposer le visa aux détenteurs du passeport diplomatique algérien. Selon France Info, l’état-major de la police française a signifié à ses services que « tous les ressortissants algériens, titulaires de passeports diplomatiques ou de service, sont soumis à l’obligation de détenir un visa pour franchir les frontières extérieures françaises », sans quoi ils feront »l’objet d’une procédure de non-admission/refoulement".
La mesure était dans l’air depuis plusieurs semaines. Le 23 avril, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait indiqué que la prochaine étape de la « riposte graduée » de la France pourrait être la remise en cause de l’accord bilatéral de 2013 portant exemption réciproque de visa pour les détenteurs du passeport diplomatique français.
Jeudi dernier, la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a laissé entendre que Paris travaillait sur des mesures « plus importantes, en particulier sur une partie de la diaspora algérienne ».
Bien qu’aucune annonce précise n’ait été faite pour le moment s’agissant de mesures qui touchent directement les ressortissants algériens, comme des restrictions sur la délivrance des visas, une source diplomatique française estime que les mesures réciproques d’expulsion de diplomates prises jusque-là pourraient impacter à terme le fonctionnement des services consulaires et par ricochet la délivrance des visas dans les deux pays.
Crise France – Algérie : les retombées potentielles sur la délivrance des visas
Selon le site spécialisé Visas-Voyages Algérie (VVA), les tensions franco-algériennes n’impactent pas encore le fonctionnement des consulats des deux pays mais cela risque d’arriver à l’approche de l’été. Le média évoque une éventuelle crise des visas dès cet été.
« Il y aurait des délais très importants pour le traitement des demandes », a appris le site d’une source bien informée, expliquant que les services consulaires respectifs pourraient être amenés à réduire fortement le nombre de visas délivrés, à cause d’un manque probable d’effectifs. L’été, pour rappel, est habituellement la période de mouvements importants dans les personnels consulaires et diplomatiques.
La réduction du nombre de visas délivrés par les consulats de France en Algérie n’est pas envisagée pour le moment et les mesures prises concernent exclusivement les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service, indique une source diplomatique française, assurant que les détenteurs de passeports ordinaires ne sont pas concernés et les consulats français en Algérie continuent à fonctionner normalement.
Néanmoins, les mesures pourraient avoir un impact à terme. Si les agents diplomatiques et consulaires ont des difficultés à obtenir des visas pour s’installer en Algérie, cela aura immanquablement des conséquences sur le fonctionnement des consulats, et donc sur le nombre de de visas délivrés, explique la même source. Les centres de traitement des visas Schengen pour la France pourraient être mis en veilleuse.
En cas de non-délivrance de visa pour le personnel consulaire qui arrive pour un nouveau mandat, les consulats n’auront pas la capacité de traiter toutes les demandes de visa et seront dans l’obligation de réduire drastiquement les traitements, ajoute la source diplomatique. Ce qui pourrait impacter toutes les catégories de demandeurs.
Le même effet pourrait se produire dans les consulats d’Algérie en France à cause des expulsions et des restrictions décidées par les autorités françaises.
Des retombées sur la diaspora algérienne en France
Dimanche 11 mai, l’agence de presse officielle algérienne APS avait rapporté que deux consuls généraux (Paris et Marseille) et sept consuls d’Algérie en France étaient dans l’attente de l’accréditation des autorités françaises depuis plus de cinq mois.
Cela, en plus de l’expulsion de 12 agents consulaires algériens à la mi-avril et celle, annoncée mercredi 14 mai par Jean-Noël Barrot, de tous les agents algériens titulaires de passeports diplomatiques mais qui n’ont pas actuellement de visas.
Une réduction du nombre d’agents consulaires algériens en France va impacter le fonctionnement des consulats d’Algérie dans ce pays et par ricochet la délivrance des visas aux touristes et aux expatriés français en Algérie. Une telle situation va aussi rallonger encore davantage les délais d’obtention de rendez-vous et de traitement des demandes de passeports biométriques pour de la diaspora algérienne.
À maintes reprises depuis le début de la crise franco-algérienne, des ministres français ont évoqué le déploiement de l’arme des visas contre les Algériens. Des dirigeants de la droite et de l’extrême droite appellent ouvertement à suspendre la délivrance des visas aux Algériens.