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France : des partisans de Zemmour simulent des tirs sur des Algériens

France : des partisans de Zemmour simulent des tirs sur des Algériens

La France ne renvoie pas au monde l’image d’une société apaisée. Le pays n’est pas en guerre mais son actualité est faite depuis quelques années d’attentats, de procès de terroristes, de tiraillements, de clivages, d’insultes racistes et toutes sortes de dérapages.

Au centre de ce bouillonnement qui grandit à l’approche de la présidentielle du printemps prochain, se trouvent l’Islam, les immigrés, notamment maghrébins, et toutes les questions liées à l’identité, la mémoire et à la laïcité.

| Lire aussi : France : pourquoi Eric Zemmour déteste l’Algérie

L’islamologue Ghaleb Bencheikh fait remarquer que lors de la campagne pour les élections générales en Allemagne en septembre dernier, le mot « immigration » a été entendu une seule fois et le vocable « Islam » n’a jamais été cité. Ce pays a pourtant accueilli d’un coup plus d’un million de migrants issus de pays musulmans il y a seulement quelques années.

En France, la précampagne pour la présidentielle du printemps prochain est marquée non seulement par la prédominance du thème de l’immigration dans les débats, mais aussi par des dérapages. 

La victoire de l’Algérie en Coupe arabe du monde de football a donné lieu à des scènes de liesse à Paris, avec quelques débordements, suivis de promesses des candidats de l’extrême-droite de mettre fin à « l’impunité » dès le printemps prochain.

Dans le même temps, un commissaire de police écrivait sur Twitter que les supporters sortis pour célébrer la victoire de l’Algérie « ont la violence dans leur ADN ».

Une autre affaire de haine raciale autrement plus grave, cette fois en lien direct avec la présidentielle, éclate simultanément. Des vidéos révélées sur Twitter par la Jeune Garde, un groupe antifasciste, et par Mediapart, montrent des partisans du candidat Eric Zemmour s’entraînant au tir au fusil en simulant d’avoir pour cibles le président Emmanuel Macron, des militants de gauche, des Algériens et des Marocains.

Une enquête a été ouverte par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH), pour « menaces de mort et provocation à la haine raciale », a indiqué à l’AFP le parquet.

Le discours extrémiste se banalise

« Eric Zemmour m’a mis une cible sur le dos. Aujourd’hui, toute la fachosphère en ligne nous cible les uns après les autres, avec un clair risque de passage à l’acte », a réagi Raquel Garrido, élue de la France insoumise, le mouvement d’extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon dont plusieurs figures sont parmi les cibles virtuelles de ces jeunes pro-Zemmour.

« Passage à l’acte ». On en est encore loin, mais le mot est lâché. La France est-elle en train de glisser dangereusement ?

A la mi-décembre, une procession de catholiques a été attaquée à Nanterre, près de Paris, par un groupe de jeunes radicalisés. Cette agression a choqué toute la France.

A Grenoble, c’est la mise à pied d’un professeur à l’école local de sciences politiques qui tient en haleine l’opinion. Klaus Kinzler, professeur d’allemand, a été suspendu pour avoir tenu des « propos diffamatoires dans plusieurs médias contre l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il est en poste ainsi que contre la personne de sa directrice », explique l’école.

Mais comme il a été taxé d’ « islamophobie » et vécu un mois sous protection policière après avoir été menacé par un groupe d’étudiants, ceux qui ont pris sa défense voient derrière sa sanction la main de « l’islamo-gauchisme ».

En France, on ne compte plus les polémiques de ce genre. Il y a une extrême-droitisation difficilement récusable des esprits et du discours politique. Pour la première fois, l’extrême-droite n’a pas un seul candidat avec des chances de passer au second tour de la présidentielle, mais deux : Eric Zemmour et Marine Le Pen.

Le courant extrémiste n’entrera peut-être pas à l’Elysée en mai prochain, mais le triomphe de son discours est indéniable, car de plus en plus banalisé et repris par une frange de la droite traditionnelle et même parfois par des personnages de gauche.

L’échec du modèle français d’intégration est aussi unanimement admis et c’est sans doute là que se situe la différence avec le voisin allemand qui vient de connaître un scrutin des plus apaisés.  

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