Amine Ait
2 minutes de lecture
2 minutes de lecture
À Millau, dans le sud de la France, les fidèles se rendant à la première prière de la journée (Fajr), dans la nuit du 24 au 25 août, ont découvert, horrifiés, une inscription taguée sur le mur de leur mosquée.
Les auteurs ont écrit « Justice pour JP », une phrase accompagnée d’une croix de Lorraine. Ce serait en rapport avec la mort de Jean Pormanove, dont le décès, survenu en plein live, n’a pourtant rien à voir avec l’islam et les musulmans, contrairement à une rumeur propagée par l’extrême-droite.
A lire aussi : OQTF confirmée pour une famille algérienne installée en France depuis 2018
Il s’agit donc d’une profanation gratuite d’un lieu de culte musulman. Un énième acte de haine ciblant les musulmans de France, qui fait d’ailleurs suite aux jets de pierre ayant pris pour cible les verrières de la future grande mosquée de Tours, dans l’Indre-et-Loire.
Ces actes antimusulmans, qui visent notamment les Maghrébins, se multiplient dernièrement en France, traduisant une islamophobie décomplexée. Ces actes de haine se nourrissent notamment des discours politiques racistes relayés par des responsables politiques et des médias.
A lire aussi : Consulats d’Algérie : avis important aux jeunes de la diaspora
Des plateformes de signalement
La parole raciste se libère donc dans l’Hexagone ces dernières années, et ce sont les musulmans, et plus spécialement les Maghrébins, qu’ils soient immigrés ou nés en France, qui se retrouvent dans le rôle du bouc émissaire.
Face à ces actes de xénophobie, la communauté maghrébine s’organise. Des plateformes de signalement ont notamment vu le jour, à l’instar de « Tajmaât » et de « le nouveau Virmag ». Elles se mobilisent pour tenir tête aux racistes et les dénoncer.
A lire aussi : Crise France-Algérie et titres de séjour : « pourquoi prend-on les gens en otage ? »
Tajmaât , qui se présente sur son compte Twitter comme « une plateforme collaborative pour les Maghrébins », serait derrière le lancement de Virmag, un collectif spécialisé dans la « veille d’Investigation contre le Racisme ciblant les Maghrébins ».
« C’est une sorte de LICRA maghrébine »
Sur la photo de couverture de Virmag, on repère les drapeaux des trois principaux pays maghrébins, Algérie, Maroc et Tunisie. Sur la photo de profil, on voit le Yaz amazigh, symbole de résistance chez les populations berbères.
⚖️ SIGNALEMENT – Didier Gerber, (@VeilleurDuNet), chef d’entreprise de @DG_Conseil, tient des propos ouvertement racistes visant les Maghrébins, appelant à « éradiquer les Arabes […] les Mouloud et les Fatima ».
Ces faits relèvent de l’apologie du terrorisme.@PoliceNationale pic.twitter.com/2SuAVicBm7
— VIRMAG (@Virmag_) August 22, 2025
Ce collectif a déjà mis à nu les couvertures de plusieurs individus liés à des réseaux racistes et néonazis. La plateforme maghrébine serait spécialisée dans le doxing, soit la divulgation des informations personnelles afin de démasquer les racistes et les exposer à des poursuites judiciaires.
Cette mobilisation inquiète déjà les groupes extrémistes de droite, qui voient les identités de plusieurs de leurs membres dévoilées et leurs publications et actes racistes automatiquement signalés. Ces signalements consistent à fermer des comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi à avertir les autorités compétentes.
On peut même entendre le représentant d’un groupe néonazi en France appeler ses adeptes à la plus grande vigilance concernant les deux plateformes. « Ils sont assez habiles… c’est une sorte de LICRA maghrébine », estime le néonazi dans un enregistrement partagé par Tajmaât.
🇨🇵 FLASH – « Ils sont assez habiles, il faut le dire… »
En seulement trois semaines d’existence, la contre-offensive de la plateforme @Virmag_ suscite déjà de vives inquiétudes parmi les anti-maghrébins. Un groupe néonazi enjoint ses auditeurs « à la plus grande prudence. » pic.twitter.com/e92EPwcX8u
— Tajmaât (@Tajmaat_Service) August 25, 2025
