
Pour les 63 ans de l’indépendance de l’Algérie, le département de Seine-Saint-Denis (France) a rendu hommage à une militante nationaliste algérienne. Un hommage qui ne passe pas auprès du courant extrémiste, survenant de surcroît dans un contexte de tensions politiques entre Alger et Paris.
Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis en Île-de-France a décidé de rebaptiser un bâtiment public, la maison du parc de la Bergère de Bobigny, du nom de la militante algérienne Djamila Amrane, de son nom complet Danièle Djamila Amrane-Minne.
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Étant une Française qui s’est battue pour l’indépendance de l’Algérie, comme beaucoup de ses compatriotes, Djamila Amrane est, pour les auteurs de l’initiative, le symbole des liens entre les deux peuples algérien et français.
Comme l’a expliqué au Parisien le président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, “le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne reflète à lui seul les liens inextricables, les liens intimes, familiaux, entre le peuple algérien et le peuple français”, ajoutant que “cette mémoire est difficile, douloureuse, blessée par l’occultation des crimes de la colonisation”.
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Un bâtiment public en France au nom de la militante algérienne Djamila Amrane
Sans surprise, les critiques ont vite fusé sur les réseaux sociaux, émanant de ceux qui refusent toute reconnaissance des crimes coloniaux commis en Algérie, accusant la gauche d’être “toujours du mauvais côté de l’histoire”. Djamila Amrane est traitée de “poseuse de bombes” et de “terroriste” par certains internautes et des médias d’extrême-droite. « Le conseil départemental rend hommage à une poseuse de bombe du FLN en donnant son nom à un bâtiment public », écrit le site Frontières.
À l’instar de nombreux Français, comme Maurice Audin, Danièle Djamila Amrane-Minne a pris part activement à la lutte de libération nationale.
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Née en 1939 en France sous le nom de Danielle Minne, d’une mère juive communiste et militante anticolonialiste, elle s’est engagée aux côtés du Front de libération nationale (FLN) en 1957, en pleine Bataille d’Alger. À 18 ans, elle a fait partie d’un réseau de “poseuses de bombes” sous le nom de guerre de Djamila. Arrêtée, elle a été condamnée à 7 ans de prison ferme. Libérée à l’indépendance en 1962, elle a fait le choix de rester en Algérie où elle est devenue la première professeure algérienne d’histoire. Elle est décédée en 2017 à Alger, à l’âge de 77 ans. Amrane est le nom de son mari, Khalil Amrane, mort au combat peu avant l’indépendance.