L’heure en France et à la dénonciation et la lutte contre l’antisémitisme qui, dit-on, monte dans le sillage de la guerre en Palestine, mais l’imam de la Grande mosquée de Paris veut des élements.
Le combat contre cette forme de racisme est partagé par toute la France, mais il a échappé presque à tous que les actes antisémites dont on parle tant n’ont pas cette visibilité qui puisse justifier une telle levée de boucliers. Mais où sont ces actes antisémites ?
Cette question très pertinente vient d’être soulevée par l’imam de la Grande mosquée de Paris, Abdelali Mamoun (à ne pas confondre avec le recteur Chems-Eddine Hafiz).
Dans les médias français, on parle d’ « explosion » du nombre d’actes antisémites en lien avec la situation au Proche-Orient. Des chiffres précis sont même disponibles et repris comme une vérité indéniable. Selon Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, il y a eu sur le territoire français, entre le 7 octobre et ce mardi 14 novembre, 1518 actes antisémites, ayant donné lieu à 330 enquêtes et 571 interpellations.
Dimanche 12 novembre, des marches ont eu lieu dans toute la France pour dénoncer l’antisémitisme, à l’appel des présidents des deux chambres du Parlement.
Je salue la lucidité et la clarté d’@AurelienPradie. Il reste une droite, certes minoritaire, qui refuse son absorption par l’extrême droite raciste et antisémite. https://t.co/rYczNQqFUJ
— Paul Vannier (@PaulVannierFI) November 14, 2023
À Paris, il y a eu un peu plus de 100 000 manifestants, soit nettement moins que les centaines de milliers de Londoniens qui ont battu le pavé la veille pour la Palestine et beaucoup moins encore que les 3 millions qui ont marché en 2015 à Paris contre le terrorisme.
La marche du 12 novembre était entachée par la participation d’une extrême-droite au passé antisémite et au présent ouvertement antimusulman.
Malgré la précision des chiffres officiels, il reste que les actes d’antisémitisme proprement dits n’ont aucune visibilité dans les médias.
Autrement dit, il n’y a pas beaucoup de cas concrets et documentés qui puissent laisser conclure à une explosion du phénomène.
« Où sont ces 1.200 (le chiffre est passé ce mardi à plus de 1500, ndlr) actes antisémites qu’il y a en France ? J’aimerais bien qu’on les dévoile », s’est interrogé l’imam de la mosquée de Paris, invité ce mardi matin de RMC.
France : manipulation autour de l’antisémitisme ?
Sans nier le chiffre officiel, Abdelali Mamouni a souligné à juste titre que des cas concrets, comme des synagogues ou des cimetières profanés ou des individus de confession juive agressés, auraient dû être rapportés pour donner du crédit à ce qui se dit sur l’explosion du phénomène.
« On nous donne ces chiffres mais on ne nous explique pas ce qu’il y a », dit-il, ajoutant qu’il ne demande pas de « preuves » mais juste des éléments.
Face à lui, la journaliste qui l’interroge, Apolline de Malherbe, ne trouve à citer que l’affaire des chants antisémites scandés dans le métro de Paris.
Sans les excuser, l’imam répond qu’il y a « des comportements qui émanent de personnes responsables, qui ont toute leur tête, et d’autres qui émanent de jeunes qui sont dans la provocation, dans le jeu ».
« Où sont ces 1.200 actes antisémites en France? »
L’imam de la Grande Mosquée de Paris Abdelali Mamoun réclame « des éléments » https://t.co/p2r0VdqTtK pic.twitter.com/UICyfzx8WN
— BFMTV (@BFMTV) November 14, 2023
L’antisémitisme fait-il l’objet d’une grosse manipulation à des fins politiques, comme masquer les crimes d’Israël dans la bande de Gaza ou encore enfoncer davantage la communauté musulmane dans un contexte de débat sur une nouvelle loi sur l’immigration ?
Certains le pensent avec d’autant plus de conviction que, début novembre, un petit scandale a éclaté après la découverte d’étoiles de David, le symbole du judaïsme, taguées sur des immeubles dans différents endroits de Paris.
La police a arrêté deux suspects, des Moldaves en situation irrégulière en France, mais le ministre de l’Intérieur a mis cinq jours pour dévoiler leur identité et leur nationalité, laissant pendant tout ce temps l’opinion publique française continuer à croire que c’était l’œuvre de musulmans.
L’imam de la Grande mosquée de Paris a donc raison de s’interroger. L’unique acte d’envergure supposé antisémite s’est avéré être le résultat d’une grosse machination. Non seulement il n’était pas l’œuvre des musulmans, mais il était destiné à les salir et les enfoncer en tant que communauté.
Les propos de l’imam de la Grande mosquée de Paris n’ont pas tardé à susciter la réaction des défenseurs du gouvernement israélien d’extrême droite de Benyamin Netanyahou, à leur tête le député franco-israélien Meyer Habib. Tout en qualifiant des propos « troublants et inquiétants », ce défenseur de Netanyahou n’a pas répondu sur le fond en fournissant des éléments palpables sur des actes antisémites en France.
Propos troublants et graves de la part de l’imam de la Grande mosquée de Paris !
1. Comment semer le doute sur la véracité des 1400 actes antisémites en France depuis le 7 octobre ?
2. Ce ne sont pas des enfants mais des ados qui ont chanté « nique les juifs, on est nazi et on… https://t.co/EfbKHH8lQk
— Meyer Habib (@Meyer_Habib) November 14, 2023
Or, comme le soutient l’imam Mamoun, les musulmans de France aspirent à vivre en paix avec tout le monde, « en particulier avec la communauté juive de France ».
