En France, il n’y a pas que Dominique de Villepin ou Jean-Luc Mélenchon et son parti La France insoumise, qui critiquent l’alignement du président Emmanuel Macron sur Israël.
Des diplomates en exercice montent aussi au créneau pour contester l’abandon de « la politique arabe de la France ».
L’information est rapportée par Le Figaro qui parle de « geste inédit » dans l’histoire de la diplomatie française. Selon ce journal, une dizaine d’ambassadeurs de France en poste dans des pays du Moyen-Orient au Maghreb ont adressé une note collective au Quai d’Orsay dans laquelle ils regrettent l’alignement d’Emmanuel Macron sur les thèses israéliennes depuis le début de la guerre en cours en Palestine, le 7 octobre dernier.
Le président Macron a apporté un soutien inconditionnel à Israël et son « droit à se défendre » dès le déclenchement de l’opération « Déluge d’Al Aqsa » par le Hamas palestinien.
🇮🇱 "L’anéantissement des capacités militaires du #Hamas, j'en suis sceptique"@Malbrunot, grand reporter au Figaro, spécialiste du #MoyenOrient, invité de @StphAntoine dans le #DebatF24 de ce soir pic.twitter.com/ku9AoA9U7s
— Le Débat – France 24 (@DebatF24) November 13, 2023
Le 24 octobre, il s’est rendu en Israël où il a fait polémique avec sa proposition de réactiver la coalition internationale qui a anéanti Daech en Syrie et en Irak pour lutter contre le Hamas en Palestine.
Néanmoins, avec la persistance des bombardements israéliens sur la bande de Gaza qui ont fait un nombre ahurissant de victimes (plus de 11 000 morts), le président français a tenté d’équilibrer sa position. Le 10, novembre, il a appelé à un cessez-le-feu, dans un entretien à la BBC britannique, devenant le premier dirigeant d’un grand pays occidental à le faire. Macron a exhorté Israël à cesser de tuer des bébés et des femmes.
Le chef de l’État a ajouté de la confusion à sa position en appelant, après les critiques qui ont fusé en France de la part des pro-israéliens et en Israël notamment de la part du premier ministre Benyamin Netanyahou, le président israélien Isaac Herzog pour lui réitérer le soutien de la France.
Soutien de Macron à Israël : fronde parmi les ambassadeurs de France
La position de la France au début de la crise est « incomprise » pour les ambassadeurs auteurs de la note, qui la jugent aussi en « rupture » avec le traditionnel équilibre de la diplomatie française sur le dossier israélo-palestinien, révèle au Figaro un diplomate qui a lu la note. Celui-ci résume que le document n’est pas « un brûlot », mais il peut être qualifié de « note de dissidence ».
Il n'y a pas qu'en France où des diplomates critiquent la position pro-israélienne de leur pays. Aux USA, des centaines d'employés du gvt ont plaidé ouvertement et en privé en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza, selon Reuters. Antony Blinken y a répondu: « nous vous écoutons ». pic.twitter.com/9C4NHszCSI
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) November 14, 2023
Selon la même source, les ambassadeurs relèvent une « perte de crédibilité » de la France et déplorent sa « mauvaise image » au Moyen-Orient, imputant, « sous une forme assez diplomatique » la responsabilité d’une telle situation aux positions du président Macron.
Ils soulignent que dans le monde arabe, des critiques sont adressées aux États-Unis et au Royaume-Uni mais aussi à la France, comme le montrent les manifestations devant ses ambassades.
« Nous sommes parfois accusés de complicité de génocide », commente un diplomate en poste à Paris, cité par le Figaro.
La crise en cours est plus grave que celle qui a suivi la publication de caricatures du Prophète en France, estiment les ambassadeurs frondeurs. Cette fois, la défiance vis-à-vis de Paris risque d’être « durable ».
L’existence de la note est confirmée par trois anciens ambassadeurs au Maghreb et au Moyen-Orient, mais aussi, implicitement, par l’Élysée et le Quai d’Orsay qui ont répondu à une sollicitation du Figaro qu’ils ne commentent pas une « correspondance diplomatique qui est, par définition, confidentielle », ajoutant que la décision en matière diplomatique revient aux autorités élues.
Selon le Figaro, l’inquiétude des ambassadeurs est largement partagée au Quai d’Orsay où règne un sentiment d’être « marginalisés » sur le dossier par l’Élysée.
« Ils ont pris leurs responsabilités » et ce n’est qu’une « première étape », indique un diplomate en poste au Quai d’Orsay, présenté comme étant proche des contestataires.