search-form-close
France : un élu humilie une mère de famille voilée devant son enfant

France : un élu humilie une mère de famille voilée devant son enfant

Depuis quelques jours, le débat sur le port du voile islamique enfle en France. À l’origine de cette nouvelle polémique, le geste d’un élu du Rassemblement national (ex-Front National), qui a humilié une mère accompagnatrice d’école portant le voile, entraînant de nombreuses réactions de condamnations mais aussi des critiques sur la place du voile en France.

Vendredi, en pleine assemblée plénière du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (est du pays), Julien Odoul, président du groupe Rassemblement National, avait sommé la présidente socialiste, Marie-Guite Dufay, de demander à une des accompagnatrices scolaires présente dans l’hémicycle de retirer son voile. La mère de famille accompagnait la classe d’école primaire de son fils.

« Nous sommes dans un bâtiment public, nous sommes dans une enceinte démocratique. C’est une provocation insupportable », s’était exclamé le responsable d’extrême-droite, qui a publié une vidéo de son intervention sur le réseau social Twitter.

« Après l’assassinat de nos quatre policiers, nous ne pouvons pas tolérer cette provocation communautariste », a-t-il dénoncé en outre. « Madame a tout le loisir et la liberté de garder son voile en dehors, dans la rue en dehors, et pas ici, c’est la loi de la République », a-t-il ajouté.

La présidente PS du conseil régional, Marie-Guite Dufay, a répondu que ni le règlement du conseil régional ni la loi n’interdisaient le port du voile au sein de l’hémicycle, dénonçant plus tard dans un communiqué le « déferlement de la haine » et condamné des comportements « indignes d’élus de la République ». Mme Dufay a également indiqué ce dimanche son intention de saisir le Procureur de la République au sujet de Julien Odoul.

La polémique déclenchée par Julien Odoul a eu un retentissement national. Plusieurs personnes ont effet critiqué son geste, même au sein de son propre parti politique. « Je pense que ces propos étaient malvenus », a affirmé Nicolas Bay, député européen RN, qui reconnait que « dans l’état actuel du droit il n’est pas interdit pour une femme de porter le voile et donc je pense que c’est une maladresse d’un jeune élu régional ».

« Il faut combattre le communautarisme et les revendications politico-religieuses, mais en revanche nous devons assortir cette fermeté du respect de la dignité de chacun », a estimé Nicolas Bay. « Je parle un peu comme un père de famille : mettre en cause une femme à côté de son enfant en bas âge, c’est une maladresse et c’est malvenu. C’était inutilement blessant et agressif », a-t-il insisté.

L’intervention du jeune élu régional d’extrême droite a eu droit à des réactions mitigées du côté du gouvernement. « C’est en humiliant les mères publiquement devant leurs enfants qu’on crée du communautarisme », a déclaré Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargé(e) de l’Égalité entre les femmes et les hommes. S’il a condamné l’intervention de Julien Odoul, le ministre de l’Education français a néanmoins estimé que le voile « n’est pas non plus à encourager ».

« Le voile en soi n’est pas souhaitable dans notre société tout simplement. Ce n’est pas quelque chose d’interdit, mais ce n’est pas non plus à encourager. Ce que ça dit sur la condition féminine n’est pas conforme à nos valeurs », a déclaré le ministre Jean-Michel Blanquer dans un entretien à BFM TV.

Les propos du ministre de l’Éducation ont trouvé un écho positif du côté du parti les Républicains (ex-UMP, droite à extrême-droite). « Jean-Michel Blanquer a raison, le voile islamique n’est pas souhaitable en France. Je salue le courage de cette prise de position », a affirmé Eric Ciotti, député Les Républicains. « Puisse-t-il être entendu par le Président Macron pour l’instant prisonnier de l’aile gauche de sa majorité », a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Éducation s’est par ailleurs attiré le ridicule des internautes lorsqu’il a affirmé que l’un des signes précoces de radicalisation visibles à l’école. « On voit parfois des petits garçons refusant de tenir la main à une petite fille. Ce n’est évidemment pas acceptable dans l’école de la République. La solution est simple et rapide, mais si cela débouche sur un problème plus grave, on le signale », a déclaré M. Blanquer, s’attirant les moqueries et l’indignation des internautes.

Le nouveau président du parti Les Républicains, Christian Jacob, a quant à lui réclamé ce lundi l’interdiction du port du voile lors des sorties scolaires. « Ça me choque qu’on accepte qu’une personne voilée puisse accompagner des enfants en déplacements scolaires parce que, comment expliquer que c’est interdit dans l’enceinte de l’établissement, mais que si on est au contact des enfants en dehors, et toujours dans le cadre scolaire, on l’autorise ? », a expliqué M. Jacob dans un entretien à France Inter, cité par TV5 Monde.

  • Les derniers articles

close