La grande figure de la lutte anticoloniale, Frantz Fanon, n’aura finalement pas de ruelle qui portera son nom à Bordeaux (France).

Le maire de la ville, Alain Juppé, a décidé de « surseoir » à la proposition, « en raison d’une polémique sur les liens entre l’écrivain et la résistance algérienne durant la guerre d’indépendance », rapporte le Figaro ce jeudi 7 février.

« La dénomination des voies de notre commune doit être l’occasion de rendre hommage à des personnalités qui incarnent des valeurs partagées », a indiqué Alain Juppé dans un communiqué, cité par le journal.

« Aujourd’hui, le choix du nom de Frantz Fanon suscite des incompréhensions, des polémiques, des oppositions que je peux comprendre. Dans un souci d’apaisement, j’ai donc décidé de surseoir à cette proposition », a écrit l’ancien Premier ministre français.

La commission municipale de dénomination des rues avait décidé d’attribuer le nom de Frantz Fanon à une sente d’un quartier dans le nord de Bordeaux, choix qui avait été validé en décembre par le conseil municipal. Mais le choix de nommer cette ruelle du nom de l’humaniste martiniquais, « proche du Front de libération nationale (FLN) algérien qui a mené la guerre d’indépendance contre la France », avait été critiqué dans les milieux d’extrême droite. Alain Juppé a donc fini par céder.

En Algérie, plusieurs boulevards et institutions publiques, comme l’hôpital psychiatrique de Blida portent le nom de Frantz Fanon en hommage à son action en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

Né en 1925 en Martinique, Frantz Fanon est une figure de la lutte anticoloniale. Médecin-chef à l’hôpital de Joinville Blida (qui porte aujourd’hui son nom), il a restitué sa nationalité française et rejoint le FLN à Tunis en 1957.

Depuis, il se définissait comme « Algérien ». Il est mort d’une leucémie en 1961 dans un hôpital de Washington. Frantz Fanon est l’auteur notamment des « Damnés de la terre », son manifeste le plus anticolonialiste.