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Front social en ébullition :  des syndicats répondent à Djerad

Front social en ébullition :  des syndicats répondent à Djerad

Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a répondu hier mercredi aux travailleurs qui ont observé ces derniers jours des rassemblements et des grèves pour poser leurs revendications socio-professionnelles.

Dans le communiqué publié à l’issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement, Djerad a dénoncé l’ « exploitation abusive et arbitraire » de l’exercice des libertés syndicales qui « est un droit consacré par la Constitution et garanti par la Loi ».

Il a dit que les syndicats sont conscients que certaines revendications « ne sont pas réalisables », et rappelé ce qu’a fait le président de la République en faveur des travailleurs à savoir la hausse du salaire minimum garanti à 20.000 DA, et l’exonération d’impôts des salaires de moins de 30.000 DA.

Il y a eu d’abord la journée de protestation d’un collectif de trois syndicats de la santé (Snechu, SNPSP et SAP) le 7 avril dernier. S’ensuit la grève des postiers du 14 et le 17 avril. Les agents de la protection civile ont pour leur part observé des rassemblements dans plusieurs wilayas.

Les syndicats de l’éducation ont de leur côté débrayé mercredi 28 avril, celui-ci qualifié de réussie Un autre mouvement de protestation dans l’éducation est en outre annoncé par l’intersyndicale de l’éducation, pour les 9, 10 et 11 mai prochain. Le débrayage sera ponctué de sit-in devant les sièges des directions de l’éducation.

La décision a été prise hier par 14 syndicats du secteur de l’éducation, a appris TSA ce jeudi auprès de Lamri Zeggar, porte-parole de l’Unpef (Union nationale des professionnels de l’éducation et de la formation).

Le syndicaliste qualifie les déclarations du premier ministre de « fuite en avant ».

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« On nous sort toujours la même chanson »

« Depuis 1962 à chaque fois que nous revendiquons nos droits, on nous sort la veille chanson selon laquelle nous aurions des intentions politiques », s’insurge M. Zeggar.

Le syndicaliste alerte que la situation des travailleurs de l’éducation est « très fragile » et « même très grave ». « Dans l’éducation, un enseignant qui touche 35 800 DA, s’il est en plus un père de famille, cette paie ne suffira pas pour une semaine », face à la dévaluation du dinar, la cherté de la vie et la hausse des prix, argumente le syndicaliste.

La même indignation est également exprimée par le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).

« Premièrement on n’est pas en train de créer des situations qui n’existent pas. C’est même tout le contraire et les faits sont là. Deuxièmement, s’il y a manipulation, elle n’est pas du côté des travailleurs ni des syndicats », résume le Dr Merabet, dans une déclaration à TSA.

« Je le dis : au lieu de lancer des accusations générales qui touchent tout le monde sans toucher tout le monde en même temps, il faudrait cibler et citer les concernés s’il y a vraiment un manquement aux procédures ou une violation de la réglementation et des lois de la République », ajoute-t-il.

« Nous ne pourrons à ce niveau-là dénoncer que lorsque les situations sont prouvées et appuyées par des faits véritables sur le terrain. Dire que si les travailleurs protestent c’est qu’ils sont manipulés, c’est manquer de respect envers ces gens-là et occulter les responsabilités du gouvernement qui doit trouver les moyens de rassembler les gens autour d’un consensus ou un pacte social et économique », critique le président du SNPSP qui est membre de la Confédération des syndicats algériens (CSA).

« On ne profite d’aucune situation. Nous avons une situation qui s’est calmée par rapport à la pandémie, et après deux années qui ont relégué les revendications sociales et les problèmes des travailleurs au second plan, tous les secteurs ont commencé à bouger du fait que la situation s’est dégradée par rapport au pouvoir d’achat et les conditions de travail, etc. On est sous pression », explique le Dr Merabet.

Et d’ajouter que les solutions pour des problèmes qui sont posés depuis des années n’arrivent toujours pas. « Il y a des situations qui n’ont pas bougé et elles sont en train de se dégrader encore plus. Il y a également un taux d’inflation qui n’est pas maitrisé et ce ne sont pas les syndicats qui gèrent cette question. Des salaires n’ont pas été versés pour des travailleurs de la fonction publique et ailleurs. Des personnes font le tour de l’Algérie pour pouvoir disposer de leurs salaires dans les bureaux de postes», comme autant de raisons qui poussent les syndicats à réinvestir la rue, énumère-t-il.

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Le Dr Merabet déplore l’absence de dialogue

« Dire qu’il y a de la manipulation et que les actions des syndicats s’inscrivent dans une démarche qui n’a rien à voir avec des revendications socioprofessionnelles, cela on ne peut pas l’accepter », affirme le Dr Merabet.

« L’Algérie nouvelle que nous voulons doit être celle du dialogue, de la concertation et du respect dans l’approche que nous devons avoir avec les autres. De cette manière, on est en train de s’éloigner de l’essentiel et cela ne peut qu’engendrer encore plus de conflits au niveau social », prévient le syndicaliste.

Le Dr Merabet déplore que plusieurs courriers et demandes d’audiences adressés tant au nom du SNPSP que de la CSA aussi bien au Premier ministre qu’au ministre de la Santé, sont restées sans suite. Une réponse claire à la main tendue de Djerad qui a déclaré hier mercredi que son gouvernement s’est « engagé à adopter une approche de dialogue avec les différents partenaires sociaux ».

Djerad a ajouté que le dialogue était le « moyen optimal de conforter la paix sociale qui demeure une condition nécessaire à la réalisation de la croissance économique souhaitée. »

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