Politique

G5 Sahel : ce qu’a réellement dit Macron sur « le réengagement » de l’Algérie

L’Algérie, via le ministère de la Défense nationale a fermement démenti ce dimanche toute participation des troupes de l’Armée nationale populaire (ANP) à des missions en dehors des frontières dans le cadre du G5 Sahel.

« Certaines parties et porte-voix de la discorde ont relayé via leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux des allégations dénuées de tout fondement, proférant que les actions et les opérations menées par l’institution militaire, au niveau interne et externe, répondent à des agendas et des instructions émanant de parties étrangères, et que l’Armée Nationale Populaire s’apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de nos frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel, ce qui est faux et inadmissible », fustige le ministère de la Défense (MDN) dans un communiqué officiel diffusé ce dimanche.

Le MDN a démenti « catégoriquement toutes ces allégations tendancieuses et manœuvres sournoises, à travers lesquelles leurs auteurs croient pouvoir semer le trouble et déstabiliser le pays, et rassure l’opinion publique que l’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, n’a jamais été, et ne sera jamais soumise dans ses actions qu’à l’autorité de monsieur le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformément à ses missions constitutionnelles explicites et aux lois de la République, dans la défense de la souveraineté, de l’intégrité et de la sécurité nationales ».

Ce démenti virulent du ministère de la Défense trouve son origine dans une polémique née ces derniers jours sur les réseaux sociaux suite à une interprétation tendancieuse de déclarations tenues par le président de la France Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse en marge du sommet G5 Sahel, mardi 16 février.

« Réengagement » de l’Algérie

Le sommet de Pau en France avait « marqué l’avènement d’une coalition internationale dans le Sahel pour lutter contre le terrorisme. C’est cela que nous poursuivons avec des avancées très concrètes. D’abord sur le plan militaire, la participation d’un nombre sans précédent de partenaires à ce sommet, en particulier les États contributeurs à la Task Force Takuba », a déclaré le président français lors d’une conférence de presse disponible sur une vidéo partagée sur son compte YouTube.

« Takuba, je le rappelle, c’est notre volonté d’avoir une force d’intervention. La France aura un rôle pilier où nous serons très investis avec plusieurs centaines de combattants, mais d’agréger autour de nous des Européens, des internationaux, on a aussi proposé à des États en particulier de la région et des États côtiers de se greffer à cette force », a détaillé M. Macron, ajoutant que « lancée le 27 mars 2020, la Task Force Takuba comporte désormais neuf partenaires : France, Suède, République Tchèque, Estonie, Italie, Danemark, Portugal, Belgique et Pays-Bas. Elle suscite l’intérêt d’un nombre croissant de pays, en particulier de l’Europe de l’Est et du Sud. »

Par la suite, le président français évoque le réengagement de trois pays, en l’occurrence les États-Unis, l’Algérie et le Maroc.  « Lors de ce sommet de N’Djamena, nous avons eu clairement un premier signe de réengagement de la nouvelle administration américaine, avec un message vidéo du secrétaire d’État (américain) Blinken. Nous avons également eu confirmation d’un réengagement algérien et marocain. Je me félicite car il est important pour la stabilité de la région », a indiqué Emmanuel Macron.

Bien que le président français ne précise pas la nature de ce « réengagement », l’usage spécifique de ce terme laisse penser qu’il s’agit selon toute vraisemblance d’un « réengagement » sur le plan diplomatique, d’autant qu’il évoque dans le même ordre d’idée la participation au sommet du nouveau secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

Lors de la même conférence de presse, le président Macron a évoqué les discussions tenues avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, au sujet de la coopération entre la France et l’Algérie sur le volet sécuritaire dans le Sahel.

«  Dialogue de confiance »

« J’ai eu plusieurs discussions avec le président Tebboune sur ce sujet. Il est extrêmement conscient du sujet sécuritaire et conscient aussi de l’importance du sujet sahélien pour son pays. Je souhaite que nous puissions continuer d’avancer avec l’Algérie sur ce volet », a fait savoir le président de la France, soulignant que « la présence algérienne et marocaine au sommet de N’Djamena a été une étape importante dans ce réengagement ».

« J’ai avec le président Tebboune un dialogue de confiance. Nous avons entre nos équipes des dialogues de confiance sur ce sujet. Je pense qu’il faut ouvrir une nouvelle page de coopération sur le terrain, en particulier entre le Mali et l’Algérie puisque c’est cette zone frontière qui est toute particulièrement concernée. C’est mon souhait le plus cher et la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour être utile à ce dialogue et permettre des résultats opérationnels », a affirmé Emmanuel Macron.

« L’insécurité au Sahel, c’est très clairement aussi la source d’une insécurité en Algérie. Et donc je crois que c’est l’intérêt bien compris des Algériens », a conclu le président français.

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