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Guerre de Gaza : Benyamin Netanyahou est-il devenu incontrôlable ?

Guerre de Gaza : Benyamin Netanyahou est-il devenu incontrôlable ?

Appeler au cessez-le-feu à Gaza tout en continuant à armer Israël relève de l’hypocrisie. C’est la posture paradoxale dans laquelle se retrouvent les soutiens occidentaux d’Israël, après plus de quatre mois d’une guerre particulièrement meurtrière à Gaza, ayant fait plus de 28 000 morts parmi les civils.

Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, l’a dit dans des mots très simples. « Combien de fois avez-vous entendu les plus importants dirigeants et ministres des Affaires étrangères du monde entier dire que trop de gens sont tués ? Si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être que vous devriez fournir moins d’armes pour éviter qu’autant de gens soient tués. N’est-ce pas logique ? ».

Les propos du chef de la diplomatie européenne sonnent en effet très juste. En Europe, seul son pays, l’Espagne, se distingue par une attitude cohérente en annonçant la semaine passée, avec beaucoup de retard certes, la suspension des exportations d’armes vers Israël.

Le Royaume-Uni, l’Allemagne et surtout les États-Unis continuent à livrer d’importantes quantités d’armes et de munitions à l’armée d’Israël. Washington a établi dès le début de la guerre en octobre dernier un pont aérien et maritime pour acheminer quotidiennement des tonnes d’armements et d’équipements militaires à Israël.

En décembre dernier, l’administration Biden a approuvé dans l’urgence, sans passer par le Congrès, la livraison de 14 000 obus de char à l’armée israélienne d’une valeur de 106 millions de dollars. À la mi-octobre, le président américain a sollicité du Congrès le déblocage d’une aide de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine et 14 milliards pour Israël.

Au fil des semaines, l’administration américaine s’est montrée de plus en plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien, principalement à cause du nombre très élevé de victimes causées par les bombardements disproportionnés et indiscriminés sur la bande de Gaza, et des conséquences de cette guerre sur sa réélection cette année.

Les États-Unis pressent Benyamin Netanyahou et son cabinet de guerre d’épargner les civils et de faciliter le passage de l’aide humanitaire internationale, en vain.

La chaîne américaine NBC a rapporté lundi 12 février que « Biden a déclaré que Netanyahou souhaitait poursuivre la guerre pour se maintenir au pouvoir ». Elle a indiqué que le président américain désigne Netanyahou comme le « principal obstacle » à un cessez-le-feu à Gaza et qu’il est en colère contre le Premier ministre israélien.

Le gouvernement israélien est incontrôlable même pour ses alliés occidentaux

Leurs appels à ne pas franchir le pas d’une offensive contre la ville de Rafah, dernier refuge dans lequel s’entassent 1,4 million de Palestiniens de Gaza, n’ont pas été plus entendus.

L’armée israélienne a entamé le bombardement de la zone, au risque de provoquer un massacre d’une ampleur inédite et une catastrophe humanitaire sans précédent.

Mais ni les États-Unis ni les autres soutiens d’Israël n’envisagent pour le moment d’actionner le levier de la suspension des livraisons d’armes, ni celui des sanctions économiques.

En France, qui est pourtant le premier grand pays occidental à appeler ouvertement à un cessez-le-feu en novembre dernier, des voix s’élèvent pour réclamer une telle mesure, mais le gouvernement ne l’envisage toujours pas. Le ministère des Armées assume les ventes d’armes à Israël et les justifie par la nécessité de permettre à ce pays de « se défendre ».

« La France doit décréter l’embargo sur les ventes d’armes et refuser la complicité de meurtre », a réitéré lundi sur X Jean-Luc Mélenchon. Le président de La France Insoumise (LFI) a avancé comme argument les images « effroyables » de Rafah où « les criminels de guerre bombardent 1,4 million de personnes et assassinent à tour de bras ».

L’attitude des Occidentaux est pour le moins incompréhensible. Plusieurs sinon tous les gouvernements européens insistent pour un cessez-le-feu à Gaza, mettant en avant le nombre inacceptable de victimes civiles, et le président américain ne cache plus son désaccord avec les dirigeants de Tel-Aviv pour les mêmes raisons.

Mais tous continuent à livrer les armes dont l’armée israélienne a besoin pour faire encore plus de morts. Benyamin Netanyahou et son gouvernement de religieux extrémistes sont définitivement devenus incontrôlables, y compris pour leur protecteur américain. Jusqu’où iront-ils ?

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