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Guerre en Ukraine : l’Occident face à ses grandes incohérences

Guerre en Ukraine : l’Occident face à ses grandes incohérences

La guerre en Ukraine dévoile au grand jour les grandes incohérences de l’Occident. Trois semaines après l’opération militaire lancée par la Russie contre son voisin, 3 millions d’Ukrainiens ont déjà fui les combats et trouvé refuge dans les pays limitrophes.

Les premiers contingents sont arrivés en Europe occidentale. En France, le gouvernement a annoncé que 13 500 ressortissants ukrainiens sont entrés sur le territoire depuis le début de la guerre.

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Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait des prévisions de 100 000 réfugiés qui pourraient arriver à terme, assurant travailler sur des scénarios où la France devra accueillir davantage.

En pleine campagne présidentielle d’un pays qui renvoie au monde l’image d’une nation dont tous les maux sont dus à l’immigration, l’arrivée massive d’étrangers devait susciter des inquiétudes, des débats passionnés, des oppositions. Or, on n’assiste à rien de tout cela.

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Cette acceptation des « déplacés » ukrainiens, statut qui leur est donné par la communication officielle, serait mise sur le compte de la sensibilité de la classe politique française au drame humanitaire qui frappe tout un peuple si, il y a seulement quelques années, l’arrivée d’autres réfugiés fuyant la guerre n’avait pas mis la France et tout l’Occident sur leurs gardes.

Il s’agit des Syriens qui, par millions aussi, fuyaient les exactions du régime et de Daech qui, quoi qu’on dise, étaient plus atroces que ce qui se passe en Ukraine.

L’accueil des Syriens, qui n’étaient pas eux aussi des « migrants économiques », avait donné lieu à d’âpres négociations, d’abord entre les pays européens concernant les quotas à affecter à chacun d’entre eux, et ensuite avec la Turquie qui sera payée au plus fort pour leur bloquer le passage.

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En Europe même, ce deux poids deux mesures est dénoncé par certaines voix comme une forme de racisme qui ne dit pas son nom. Outre les personnages populistes de l’extrême-droite qui ne cachent plus que leur problème est seulement avec l’immigration issue des pays musulmans, certains politiques et hommes des médias « bien-pensants » se sont oubliés et exprimé leur douleur de voir des gens qui leur « ressemblent » souffrir des affres de la guerre.

 

Des droits à la tête du client

 

Les Libyens, également en guerre, n’ont même pas eu la possibilité de frapper aux portes de l’Europe, des mesures drastiques ayant été mises en place sur les côtes même de leur pays, pour les empêcher d’atteindre l’Europe.

L’agression de l’Ukraine a aussi valu à la Russie une réaction ferme de l’Occident et des sanctions allant de l’économie au sport, décrétées avec une célérité inhabituelle.

Cela aussi serait mis dans la case de l’attachement des Européens et des Américains aux droits de l’homme et au droit international si les mêmes Etats n’ont pas laissé bafouer ces droits en Palestine par exemple pendant plus de 70 ans, et dans de nombreux pays du Sud.

Un député irlandais l’a d’ailleurs rappelé récemment aux dirigeants de son pays et de tout l’Occident dans des termes crus, les accusant de traiter les Palestiniens et les arabes dans leur ensemble comme « une race inférieure ».

En parlant d’Israël, ce pays n’a pas suivi les Occidentaux dans leurs sanctions infligées à la Russie, mais il est épargné par les critiques qui ont visés les pays qui se sont abstenus lors du vote de la dernière résolution de l’assemblée générale des nations unies condamnant la Russie.

Certains stigmatisent déjà les pays qui n’ont pas la résolution onusienne contre Moscou, profèrent des menaces à peine voilées à l’égard d’autres pays en leur reprochant leur soutien tacite à la Russie, mais ferment les yeux quand il s’agit de leurs alliés.

Israël et le traitement de faveur dont il jouit sont toujours là pour rappeler les limites de l’engagement de l’Occident à respecter et faire respecter certaines valeurs qu’il revendique.

C’est aussi le cas de l’Arabie Saoudite qui va accueillir ce mercredi 16 mars le Premier ministre britannique Boris Johnson, l’un des chantres des sanctions contre la Russie, alors que le Royaume conservateur du Golfe vient d’annoncer l’exécution de plus 80 condamnés en une seule journée. Comme quoi, la continuité des livraisons de pétrole passe avant tout.

On a vu aussi que les Etats-Unis ont tenté de renouer le dialogue avec le Venezuela, qui fait l’objet de sévères sanctions occidentales et qui est considéré comme une dictature, juste pour l’extraire de l’influence russe afin d’affaiblir Moscou au plan diplomatique. Une démarche dénoncée même par des voix en France, comme celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères Dominique De Villepin.

Dans ce contexte, les Occidentaux ne doivent pas s’étonner que des pays africains, latino-américains, asiatiques et arabes refusent de suivre l’Occident dans sa diabolisation de la Russie ou d’autres pays quand leurs intérêts économiques et géostratégiques sont en jeu. 

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