Avec une opinion publique résolument pro-palestinienne, le pouvoir marocain se retrouve dans une position inconfortable après le déclenchement de la guerre entre Israël et l’Iran. Tandis que le Palais royal se mure dans un silence gêné, des voix au sein de la classe politique osent prendre ouvertement le parti de l’Iran.
L’ancien député français d’extrême-droite, Gilbert Collard, prête au roi Mohammed VI la volonté d’aider Israël dans la guerre en cours. « Le Maroc se dit prêt à offrir une aide humanitaire à Israël contre l’Iran. Un grand peuple avec un grand roi », a écrit sur X l’ancien député européen.
Le Maroc se dit prêt à offrir une aide humanitaire à Israël contre l’Iran ! Un grand peuple avec un grand roi ! pic.twitter.com/NV1dRp1J8f
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) June 16, 2025
Il est vrai qu’aucune source officielle marocaine ne confirme une telle position de Rabat, mais connaissant l’inimitié que voue le Maroc à la république islamique et son étroite coopération militaire avec Israël, il ne serait guère étonnant que le royaume se range aux côtés de son nouvel allié.
Malgré le génocide de Gaza, Rabat n’a jamais critiqué Israël. Il a poursuivi son rapprochement avec Tel-Aviv, notamment dans le domaine militaire et sécuritaire. Le Maroc a passé ces derniers mois de nombreuses commandes d’armements auprès de sociétés israéliennes pour plusieurs centaines de millions de dollars.
Les relations entre le Maroc et l’Iran n’ont jamais été bonnes depuis la révolution islamique en 1979. Ces dernières années, Rabat reproche à Téhéran de soutenir militairement le Front Polisario via le Hezbollah libanais. Des accusations évidemment sans fondement. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont de nouveau rompues depuis 2018.
Maroc : un ancien chef du gouvernement brise l’unanimité contre l’Iran
Malgré ces rapports exécrables avec Téhéran et l’alliance avec Tel-Aviv, un ancien chef du gouvernement marocain a ouvertement exprimé son soutien à l’Iran face à l’agression israélienne.
Abdelilah Benkirane, Secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) et chef du gouvernement entre 2011 et 2017, a pris la parole lors d’une rencontre de son parti et s’est complètement démarqué de la ligne diplomatique du roi et du gouvernement, au nom du soutien à la cause palestinienne.
« L’Iran est un pays chiite, et nous avons de nombreuses divergences avec lui, notamment en raison de son hostilité envers notre pays. Mais lorsqu’Israël l’attaque, nous sommes avec l’Iran, car il reste aujourd’hui l’un des rares États à défendre la Palestine », a déclaré Benkirane.
Le chef du PJD a aussi critiqué avec une rare virulence le processus de normalisation entre le Maroc et Israël entamé en 2020, le qualifiant de « trahison morale et historique ». Les accords de normalisation ont été signés en décembre 2020 pour le Maroc par un membre du PJD, Saadeddine El Othmani, alors chef du gouvernement.
Ce n’est pas la première fois que Benkirane critique la normalisation, mais il ne l’a jamais fait dans des termes aussi crus. Surtout, jamais une personnalité marocaine n’a exprimé ces dernières années la moindre sympathie pour l’Iran.
SUR LE MÊME SUJET :
Scandale au Maroc : la brigade israélienne Golani participe à African Lion
