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Hadda Hazem : « Il y a une volonté politique de fermer El Fadjr »

Hadda Hazem : « Il y a une volonté politique de fermer El Fadjr »

TSA
Hadda Hazem, directrice du journal El Fadjr

Hadda Hazem, directrice du quotidien El Fadjr, a accusé le ministre de la Communication Djamel Kaouane de ne pas vouloir régler le problème posé par le comité qui s’est constitué autour d’elle pour dénoncer « le monopole de l’État sur la publicité » et le blocage de la publicité publique à son journal.

« En parlant de milliards que le journal aurait reçus via la publicité, il a cherché à remonter l’opinion publique contre moi après la grève de la faim que j’ai observée. C’est une autre forme de mise à mort du journal. J’ai été étranglée, égorgée sur les réseaux sociaux, après ses déclarations. On me présente comme une voleuse et une rentière. Ils disent que je suis une milliardaire et que j’ai une villa. Je possède cette villa bien avant d’avoir un journal. J’ai créé El Fadjr avec mon propre argent, je n’ai demandé des fonds à personne. Le ministre veut porter atteinte à ma réputation. Je suis une journaliste intègre et honnête. J’ai toujours respecté les règles professionnelles. En 32 ans de métier, je n’ai jamais versé dans la corruption ou dans le chantage pour recevoir de la publicité », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse organisée, ce mercredi 29 novembre, au siège du journal à la Maison de la presse Tahar Djaout, à Alger.

Djamel Kaouane a déclaré, lundi 20 novembre, que le journal El Fadjr avait reçu, en 8 ans, 76 milliards de centimes de publicité de l’Anep (Agence nationale d’édition et de publicité). « El Fadjr a bénéficié de 4 milliards de centimes de publicité de l’Anep durant les 7 premiers mois de 2017 », a-t-il ajouté.

« En bas du tableau »

Présent à la conférence, Salah Belahrach, directeur administratif d’El Fadjr, a estimé que le journal peut justifier comment ont été utilisés les 3,9 milliards de centimes durant les sept mois de 2017. « Nous avons assuré les salaires, payer les cotisations à la Sécurité sociale avec qui nous avons établi un échéancier et régler nos factures d’impression. Les impôts ont pris presque 14% de cette somme. Nos dépenses totales ont été, durant cette période, de 4,3 milliards de centimes, donc plus que nous avons reçu. Nous avons tous les documents qui le prouvent », a-t-il précisé.

Selon lui, le ministre n’a fait que grossir les chiffres en évoquant les 8 dernières années. « Celui qui entend parler de 76 milliards de centimes va être étonné. Comparé à d’autres journaux qui prennent des pages de publicité, nous nous retrouvons en bas du tableau. Il y a des journaux du secteur public qui, pendant huit ans, recevaient chaque jour de 10 à 14 pages de publicité. Faites le calcul ! Certains journaux ont reçu de 600 à 700 milliards de centimes en publicité  », a-t-il dit.

Selon Hadda Hazem, le chiffre réel est de 62 milliards de centimes. « Je me demande d’où le ministre a ramené ce chiffre de 76 milliards ? », s’est-elle étonnée. Salah Belahrach et Hadda Hazem ont demandé au ministère de la Communication et à l’Anep de publier tous les chiffres relatifs à la publicité dont ont bénéficié les journaux privés ou publics ces dernières années.

« Nous n’avons aucun problème avec les autres journaux ou les télés privées ou publiques, mais nous demandons de la transparence. Le ministre est obligé de publier tous les chiffres de la publicité de chaque journal. Certains journaux ont des milliards de centimes de dettes (avec les imprimeries), mais personne n’en parle », a insisté la directrice d’El Fadjr.

Selon elle, le journal ne peut plus tenir ses engagements avec la Sécurité sociale et avec l’imprimerie. « Nous n’avons plus d’entrées. Nous avons consommé toutes nos réserves. Sans publicité, nous ne pouvons pas aller plus loin. Après décembre 2017, le journal ne pourra plus continuer. Nos journalistes et nos techniciens ne peuvent pas travailler sans être payés. Jusqu’à quand vont-ils percevoir la moitié du salaire ? J’ai des dettes, je ne l’ai jamais caché. Mais, qu’on me laisse travailler pour que je puisse les régler », a-t-elle confié.

Le SNJ critiqué

Hadda Hazem a estimé que la grève de la faim, observée du 13 au 20 novembre 2017, a servi à alerter l’opinion nationale et internationale sur le cas d’El Fadjr. « À part la réaction du ministre de la Communication, il n’y a rien eu du côté des autorités. Silence total. Que je crève ou que je brûle la baraque qui abrite le journal, ce n’est pas leur problème. Ils ont d’autres préoccupations. Cela dit, il y a eu une escalade surtout après le grand rassemblement de soutien organisé à la Maison de la presse à Alger. Ils ont donc recouru au mensonge pour essayer de faire oublier ce qui s’est passé. Il y a une volonté politique de fermer notre journal », a-t-elle souligné.

Elle a critiqué le SNJ (Syndicat national des journalistes) qui ne s’est pas solidarisé avec El Fadjr. « Le Secrétaire général du SNJ m’a dit que j’étais une patronne, pas un journaliste. Donc, il ne pouvait rien faire pour notre journal. Je regrette aussi le silence de certains partis de l’opposition. Une députée du MSP a osé demander, à l’APN, la fermeture d’El Fadjr parce que le journal toucherait aux valeurs sacrées de la nation. Je trouve cela honteux », a-t-elle protesté. Elle n’a pas écarté la possibilité de recourir à la justice pour dénoncer « les déclarations diffamatoires » du ministre de la Communication, selon l’avocat du journal.

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