Économie

Hakim Alileche : « L’Algérie peut changer de statut dans l’huile d’olive »

Hakim Alileche est un producteur d’huile d’olive. Il s’est installé à Ain Oussera dans la wilaya de Djelfa où il a planté des milliers d’oliviers. Sa marque Dahbia a obtenu de nombreux prix à l’étranger.

Dans cet entretien, il explique comment l’Algérie peut changer de statut pour devenir un grand exportateur d’huile d’olive. Il critique le programme Pasa de l’Union européenne qui n’a pas apporté, selon lui, ce que les producteurs algériens d’huile d’olive recherchent.

L’huile d’olive Dahbia vient d’être classée première en Algérie par un organisme international. Quelle est votre réaction ?

Extra virgine world ranking est un organisme de classification des meilleures huiles d’olive au monde. Nous venons de recevoir la nouvelle que nous sommes classés premier en Algérie avec 430.25 points.

Cette nouvelle nous l’avons accueillie avec beaucoup de joie, d’émotion et d’assurance, car notre travail a fini par être reconnu pour la énième fois.

Cela nous donne de la volonté pour mieux produire correctement une huile d’olive de haute qualité pour les consommateurs algériens et étrangers. 

L’année 2023 a été marquée par la sécheresse en Algérie. Est-ce que cela a impacté la production et la qualité de l’huile d’olive ?

La sécheresse et les changements climatiques de la saison 2023-2024 ont bien évidemment impacté la production de l’huile d’olive en Algérie et dans tout le pourtour méditerranéen.

Néanmoins, la qualité est plus élevée cette année, car quand l’olivier souffre de manque d’eau, il donne le meilleur de lui-même.

Seulement les quantités sont beaucoup plus faibles par rapport aux années précédentes.

Avec la baisse de la production de l’Espagne à cause des changements climatiques, l’Algérie a une opportunité pour devenir un grand exportateur d’huile d’olive. Comment saisir cette opportunité ?

Les pays grands producteurs d’huile d’olive sont à la recherche permanente d’approvisionnement en huile d’olive pour satisfaire les demandes de leurs clients.

L’Algérie peut passer du statut d’un pays producteur autosuffisant à un pays exportateur d’huile d’olive. Il faut faire vite en augmentant les quantités produites avec de nouvelles plantations et en améliorant la qualité de l’huile d’olive.

Donc nous pouvons arriver si nous nous mettons tout de suite au travail. En Algérie l’olivier peut se planter sur environ 35 ou 36 wilaya du pays. Il peut être planté dans les régions des Hauts-Plateaux et même dans le grand Sud du pays.

Avez-vous des projets pour augmenter votre production d’huile d’olive ?

En ce qui nous concerne, j’avoue que les quantités d’huile d’olive produites dans nos parcelles ne suffisent plus. C’est pour cela que nous avons entamé, cette année, avec un partenaire privé la plantation de 20.000 oliviers à Mostaganem.

Nous pensons bien sûr étendre nos plantations dans d’autres régions du pays, afin de répondre à la demande croissante d’huile d’olive.

Pourquoi l’huile d’olive coûte-t-elle cher en Algérie et dans le monde ?

Une huile d’olive de bonne qualité n’est pas chère en Algérie vu les coûts de production. Malheureusement la main d’œuvre qui est nécessaire pour faire la récolte est excessivement chère et nos jeunes boudent la terre.

Par ailleurs, cette année, le prix de l’huile d’olive a vu une augmentation de plus de 130 %, due aussi au manque de production, aux problèmes d’emballage, etc.

Nous estimons que nous sommes raisonnables concernant les prix que nous proposons.

Le programme Pasa de l’Union européenne a permis à l’Algérie de se doter d’un laboratoire de certification de l’huile d’olive qui a été installé à Takrietz au cœur de la vallée de la Soummam. Ce programme a-t-il répondu aux attentes des producteurs algériens ?

Ce laboratoire est acquis, mais il n’est pas encore opérationnel. En Algérie, et particulièrement en Kabylie, il y a un savoir-faire ancestral dans la production d’huile d’olive.

On ne peut pas apprendre aux Kabyles comment tailler les oliviers et produire de l’huile d’olive. Au plan technique, nous maîtrisons la production. Nous avons des besoins dans le domaine scientifique, par exemple, comment analyser les différentes huiles d’olive…

Pour augmenter les quantités d’huile d’olive à l’exportation, il faut agir sur la qualité et se doter d’un organisme de certification qui manque à l’Algérie. Pour améliorer la qualité, il faut abandonner certaines pratiques anciennes qui consistent par exemple à laisser les oliviers à l’extérieur pendant des semaines avant de les triturer.

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