Politique

Armée, Maroc, positions de l’Algérie… : les messages de Tebboune

Le président Abdelmadjid Tebboune s’est rendu au siège du ministère de la Défense nationale (MDN) mercredi 8 mai d’où il a envoyé des messages au Maroc, sans le citer, réclamé un référendum au Sahara occidental et dénoncé un « plan visant à effacer » le peuple palestinien.

La commémoration des massacres du 8 mai 1945 en Algérie a été l’occasion pour le président Tebboune d’adresser un premier message à la France. Mardi, il a rejeté « toute concession » dans le dossier de la mémoire de la colonisation française.

Mercredi, au siège du MDN et devant un parterre de hauts gradés de l’Armée dont le chef d’état-major, Saïd Chanegriha, il a complété. D’abord, le chef de l’État a voulu rassurer sur le renforcement des capacités de l’Armée nationale populaire qui est classée parmi les plus puissantes d’Afrique.

« Nous renforçons les capacités de l’armée pour permettre à la génération actuelle de vivre en liberté et de ne pas avoir les mains liées », a lancé le président Tebboune.

Le président de la République a assuré que le renforcement des capacités de l’armée nationale « n’est destiné contre personne ».

Algérie – Maroc : les messages de Tebboune

« Aujourd’hui, il faut que nous sauvegardions notre indépendance. J’ai déjà dit que l’indépendance, nous le préservons avec une armée forte et une économie forte », a déclaré le président Tebboune, avant de lancer des messages, notamment au Maroc, sans le citer, et à tous ceux qui s’interrogent sur les objectifs de l’Algérie.

« À mesure que nous renforcerons l’armée, nous réduirons les convoitises. Ce n’est pas une armée qui se renforce pour attaquer. L’histoire témoigne que depuis l’indépendance, jamais l’Algérie n’est sortie de la légalité internationale. Jamais, elle n’a attaqué personne. L’Algérie a été attaquée, mais nous, jamais. Nous défendons notre terre uniquement. Nous renforçons notre armée pour protéger notre territoire, pour que cette génération vive libre et maîtresse de son destin », a-t-il développé.

Dans son discours devant les hauts gradés de l’armée, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué les conflits palestinien et sahraoui.

Il a dénoncé un « plan visant à effacer le peuple palestinien » alors qu’Israël mène depuis une guerre sanglante contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre et poursuit la colonisation de la Cisjordanie.

« Il faut un référendum au Sahara occidental »

« Il y a un plan qui se prépare et qui vise à faire oublier l’existence du peuple palestinien. Je ne l’accepte pas. Ils veulent tout effacer. La Palestine doit devenir un État et les concessions que les Palestiniens ont fait sont suffisantes. Ils ont déposé les armes, fait Oslo et Camp David (les accords de paix avec Israël), il est temps pour eux de disposer de leur État », a soutenu le président Tebboune.

Le chef de l’État a réitéré aussi la position de l’Algérie sur le conflit au Sahara occidental, en affirmant qu’il « faut un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui ». « Il faut un référendum pour permettre au peuple sahraoui de décider de son avenir. C’est au peuple sahraoui de décider et à personne d’autre », a insisté le président Tebboune, en soulignant les souffrances des Sahraouis dans les camps de réfugiés.

« Il y a des Sahraouis qui ont 45 ans aujourd’hui. Ils sont nés dans les camps, ont vécu dans les camps. Ils ont perdu tout espoir », a dit le chef de l’État qui a affirmé que l’Algérie ne veut pas que ces Sahraouis des camps de réfugiés « versent dans la violence, mais il faut que l’ONU joue son rôle pour accélérer la décolonisation des territoires sahraouis ». Le président Tebboune a assuré aussi que le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie « n’était destinée contre personne ».

Dette extérieure : les mots forts de Tebboune

Outre le renforcement des capacités de l’Armée et les conflits sahraoui et palestinien, le président Tebboune a parlé aussi de son refus de recourir à l’endettement extérieur, pour ne pas affaiblir la position du pays sur le plan international.

Le chef de l’État a usé de mots forts pour souligner la dangerosité de l’endettement extérieur sur la souveraineté du pays. « L’endettement extérieur est une honte », a-t-il, pire une « trahison aux martyrs de la révolution ».

Le président Tebboune a répondu ainsi à ceux qui critiquent sa décision de ne pas contracter de dette extérieure. Pour lui, s’endetter signifie que l’Algérie ne pourrait plus défendre la Palestine et le Sahara occidental. « S’endetter à l’extérieur signifie silence », a-t-il dit.

L’Algérie est l’un des pays qui ont la plus faible dette extérieure de la planète. En 2008, elle a profité de la hausse des prix du pétrole pour rembourser par anticipation l’intégralité de sa dette extérieure.

Depuis, elle a refusé d’y recourir, préférant réduire drastiquement ses dépenses, notamment les importations de biens et de services, quand les prix du pétrole baissent, comme ce fut le cas depuis 2014.

Malgré la baisse de ses recettes en devises qui proviennent essentiellement de l’exportation des hydrocarbures et le recul de ses réserves de change à 40 milliards de dollars en 2021, l’Algérie a refusé de recourir à l’endettement extérieur pour financer son économie.

La hausse des prix de l’or dans le sillage de l’éclatement de la guerre en Ukraine, en février 2022, lui a permis de reconstituer ses réserves en devises qui ont atteint 69 milliards de dollars à fin 2023.

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