Économie

Hakim Soufi, PDG de Macir Vie : « La BEA ne peut se subroger à l’autorité de l’État »

ENTRETIEN. Hakim Soufi est PDG de Macir Vie et administrateur de la Compagnie internationale d’assurance et de réassurance (Ciar), première compagnie à capitaux privés en Algérie. Dans cet entretien, il revient sur le traitement des assureurs privés et la discrimination dont ils sont victimes de la part des entreprises et organismes publics. Il dénonce aussi la décision de la BEA d’obliger ses clients entreprises à s’assurer auprès d’un assureur public pour des crédits supérieurs à 500 millions de dinars.

La BEA oblige ses clients à s’assurer auprès de compagnies publiques pour la couverture de crédits supérieur à 500 millions DA. Est-ce que c’est un nouveau cas de discrimination à l’égard des assureurs privés ?

C’est manifestement un nouveau cas avéré et prouvé de discrimination pour la simple et unique raison que toutes les compagnies du marché ont le même agrément pour les mêmes garanties. Il n’y aucune raison de faire cette différence. Notre pays a des règles claires et transparentes. La BEA et les autres banques n’ont pas le droit de se subroger à l’autorité de l’État. Mais je suis sûr que cette banque va annuler cette note qui est contre-productive et même anticonstitutionnelle. Il y a des cas semblables qui ont été vite réglés mais nous n’avons jamais connu un cas aussi grave. C’est une dérive que nous ne pouvons pas accepter.

Vous avez déjà, les assureurs privés, écrit à Ouyahia pour se plaindre et dénoncer la concurrence déloyale dont vous êtes victimes en faveur des compagnies publiques. Avez-vous reçu une réponse ou des garanties ?

Nous avons reçu une réponse très claire de la part de notre premier Ministre Ahmed Ouyahia qui a déclaré dans son discours qu’il n’y a « aucune différence entre l’entreprise privée et l’entreprise publique », et qu' »il n’y a que l’entreprise algérienne ».

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Y-a-t-il une volonté de cantonner les assureurs privés dans un rôle mineur sur le marché des assureurs ?

Peut-être, ou pour favoriser certains assureurs. Mais cela ne passera pas parce que personne n’a le droit de se substituer au législateur. Nous devons travailler pour tout le marché, pour tous nos clients et non pour une entité économique, quelle que soit sa nature ou son origine. Nous sommes des sociétés de droit algérien et nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Que comptez-vous faire ?

Nous allons demander l’application de la loi. Et nous sommes confiants, car avons confiance dans notre gouvernement et dans nos institutions.

Pourquoi chercher à favoriser les assureurs publics ? Est-ce à cause de la faiblesse des assureurs privés ou pour leur garantir une part de marché conséquente ?

Depuis la libéralisation du marché des assurances en 1995, les assureurs privés ont nettement contribué au développement de ce secteur. Nous avons tous les mêmes capacités. Les assureurs privés ont généré de l’émulation et une amélioration du service rendu à la clientèle. Nous en sommes fiers. Nous avons contribué à l’élargissement de l’assiette fiscale au profit du trésor public, mis en place de nouveaux produits et entamé la digitalisation de nos compagnies. Notre part de marché augmente d’année en année et nous avons respecté les règles. Mais nous n’acceptons pas de subir une véritable discrimination parce que notre gouvernement ne l’a jamais voulu. Les compagnies d’assurance privées sont là pour dynamiser le marché et le faire croître.

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