Économie

Hausse des prix des légumes secs : le monopole de l’OAIC est-il en cause ?

En Algérie, la consommation des légumes secs diminue considérablement durant l’été, mais cela n’a pas empêché les prix de ces produits de connaître une flambée.

Les Algériens ont été surpris de voir les prix des lentilles, des haricots blancs et du riz dépasser les 400 dinars le kilogramme.

La hausse des prix des légumes secs dans une période où leur consommation est loin d’être à son pic a fait réagir le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Le chef de l’État a mis en garde les parties qui sont derrière la hausse des prix des légumes secs lors de sa dernière entrevue avec les médias nationaux diffusée samedi dernier.

À quoi sert le monopole de l’OAIC ?

Dans la foulée, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a rendu public lundi les prix de vente destinés aux conserveries, aux grossistes, aux détaillants et même ceux qui devraient être appliqués aux consommateurs. Cet organisme n’a pas expliqué les raisons de la hausse des prix des légumineuses, ni le ministère de l’Agriculture ou encore celui du Commerce.

La publication des prix par l’OAIC a pour but de mettre fin à la flambée constatée dernièrement, mais aussi de tenir à témoin l’opinion publique ainsi que les autorités sur la réalité des prix de ces produits en Algérie.

Néanmoins, les raisons de la flambée des prix des légumes secs restent difficiles à expliquer quand on sait que l’office algérien des céréales détient le monopole sur l’importation de ces produits depuis janvier dernier. Sur décision du gouvernement, l’Office algérien des céréales est le seul opérateur autorisé à importer les légumes secs, ce qui a impacté lourdement les entreprises qui activaient dans ce domaine. Plus de six mois après, le marché des légumes connaît sa première crise.

Comment se fait-il que les légumes secs connaissent une perturbation sur le marché alors qu’une entité publique est la seule à les importer ?

Pour Mustapha Zebdi, président de l’association de protection et d’orientation des consommateurs (Apoce), contacté par TSA ce mardi, « toute perturbation dans l’approvisionnement d’un produit a un impact sur son prix ».

Mustapha Zebdi précise d’emblée que l’octroi du monopole de l’importation des légumes secs à l’OAIC avait pour but de « diminuer la surfacturation » et de réduire « charges sur le Trésor public ».

Cependant, le marché des légumes secs s’est trouvé perturbé au cours d’une période de l’année où la demande sur ces produits n’est pas importante. En Algérie, les lentilles et les haricots blancs sont davantage consommés en période de froid.

Légumes secs en Algérie : les raisons de la hausse des prix en été

« Il y a deux possibilités. La première, qui reste à confirmer auprès de l’OAIC, est une perturbation dans l’approvisionnement du marché qui a eu son impact sur les prix. L’autre possibilité, c’est le déstockage de quantités de lots anciens par certains opérateurs qui les mettent en vente à des prix élevés, car ils savent qu’il n’y a pas d’arrivage prévu », explique Mustapha Zebdi.

Le président de l’Apoce dénonce « un cas de spéculation quel que soit le facteur déclencheur ». Les deux possibilités sont liées. La perturbation de l’approvisionnement du marché a directement causé la hausse des prix ou indirectement en amenant les opérateurs à déstocker en sachant que l’arrivée de nouvelles quantités provenant de l’importation allait tarder.

Mustapha Zebdi évoque un début de diminution des prix suite à des mesures prises par l’OAIC notamment l’approvisionnement du marché en légumes secs à travers le territoire national ainsi que la publication des prix de vente aux consommateurs.

La flambée des prix qui a touché récemment les légumes secs a déjà touché d’autres produits de large consommation en Algérie. À chaque hausse des prix, les constats sont faits et les mises en garde sont lancées à l’encontre des spéculateurs par les pouvoirs publics.

Pendant ce temps, les consommateurs algériens sont contraints de faire avec un marché instable au détriment de leur pouvoir d’achat.

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