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« Héliopolis » réconcilie les Algériens avec les salles obscures

« Héliopolis » réconcilie les Algériens avec les salles obscures

Qui l’eût cru ? Après une léthargie qui aura duré plusieurs années, les salles de cinéma algériennes revivent en accueillant un public assoiffé de culture.

L’Affiche de « Héliopolis », le premier long- métrage du célèbre réalisateur Djaffar Gacem fait mouche. Durée 116 minutes. Acteurs : Mehdi Ramdani, Aziz Boukrouni, Souhila Maalem, Fodil Assoul, Mourad Oudjit, Nasredine Djoudi…)

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A Alger, il est à l’affiche à raison de trois séances par jour. Le film est également distribué dans plusieurs salles à travers l’Algérie : Bejaia, Laghouat, Constantine, Oran, Tlemcen…

Pourtant, au lendemain de l’avant-première de la sortie officielle en novembre 2020, la promotion du film a dû être interrompue pour cause de résurgence du covid-19.

En 2021, et à la faveur de l’accalmie sanitaire, retour des projections au grand bonheur des mordus du 7e art. Bon nombre des acteurs qui sont à l’affiche de « Héliopolis » effectuent actuellement une tournée dans plusieurs villes d’Algérie afin d’y rencontrer les cinéphiles.

« Dans certaines villes, des queues se forment carrément à l’entrée »

Hier, le staff était à Laghouat comme nous l’a confié Mehdi Ramdani, l’un des acteurs principaux.

« Nous sommes sur les routes de l’Algérie, dans cette tournée organisée par le Centre algérien de développement du cinéma. Nous nous trouvons actuellement à Laghouat où le film a été projeté. Je suis très heureux de voir un tel engouement de la part d’un public qui avait déserté les salles obscures ».

Mehdi Ramdani raconte que « dans certaines villes, des queues se forment carrément à l’entrée. » Du jamais vu depuis des années.  « Une chose qu’on n’a pas vue depuis les années 1970 en Algérie ! Des projections, des débats, des échanges… La production cinématographique algérienne a besoin de revivre. Le cinéma retrouve un peu de souffle  grâce à « Héliopolis » », s’enthousiasme-t-il.

Interrogé sur le rôle de Mahfoud, qu’il a campé, Mehdi Ramdani nous dit : « C’est un rôle complexe qui se déroule sur plusieurs années. L’évolution du personnage de Mahfoud se fait lentement. Ce fils de caïd, propriétaire de terres agricoles, décroche son bac. Mais au moment de s’inscrire en sciences politiques, il est refusé. Mahfoud reçoit une grande gifle. Il finit par comprendre que son statut de privilégié n’était qu’un mirage. Même s’il est petit fils de caïd, il restera toujours un indigène aux yeux des colonisateurs français. Cette douche froide le conduira à réviser ses opinions… ».

5000 billets vendus en trois jours 

A propos de l’engouement du public pour ce long-métrage qui retrace les massacres du 8 mai 1945, Mehdi Ramdani se dit très enthousiaste.

« Durant les trois premiers jours de distribution dans les salles, le film a enregistré plus de 5000 entrées. C’est énorme ! « Héliopolis » est distribué dans 21 salles à travers notre pays et d’autres demandes continuent d’affluer. J’en suis très heureux. C’est magique. Après plusieurs succès populaires dans des séries- tv comme Nass M’lah City, Djemâi Family, Dar El Bahdja, Achour El Ach’r, le public était curieux de découvrir la première production cinématographique de Djaffar Gacem. »

A Alger, le film est à l’affiche dans plusieurs salles à l’instar d’Ibn Zeydoun (Riadh El Feth), Casino (Rue Larbi Ben M’hidi), cinéma El Thakafa (ex-ABC). Nous nous sommes rendus dans ce petit cinéma à proximité de la rue Didouche Mourad dans le centre d’Alger (ABC).

« Jeudi et samedi dernier, nous avons vendu une centaine de tickets », a-t-on appris sur place. « Il y a un siège sur deux qui est occupé, à cause de la pandémie de covid-19 et des restrictions sanitaires. Trois séances par jour sont programmées : 14 h, 17 h et 19 h. Le prix du billet est de 300 DA. Ça faisait longtemps que ce cinéma ronronnait. Il revit un peu grâce à « Héliopolis » de Djaffar Gacem ».  

Nous avons croisé deux étudiantes en licence de Lettres anglaise à la sortie de la séance. « Le film a duré près de 2 heures mais on n’a pas senti le temps passer. On a beaucoup apprécié cette histoire qui se passe en Algérie dans les années 1940. En tant que jeunes, nous n’avons jamais connu l’ambiance d’une salle de cinéma dans notre pays. C’est une première et nous espérons pouvoir y retourner souvent pour voir des films réalisés par des Algériens, avec des acteurs algériens », raconte l’une d’entre elles.

On croyait les salles de cinéma algériennes sinistrées. Voilà qu’une lueur d’espoir se profile au bout du tunnel. « Héliopolis », premier long-métrage de Djaffar Gacem, a réconcilié les cinéphiles algériens avec le 7e art.

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