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Hiziya, héroïne du patrimoine algérien, au coeur d’une polémique

Hiziya, héroïne du patrimoine algérien, au coeur d’une polémique

Hiziya, l’héroïne du poème éponyme du patrimoine bédouin algérien, fait parler d’elle, près d’un siècle et demie après l’année supposée de sa mort.

Une vive polémique est suscitée par l’écrivain Waciny Laredj qui revisite dans un roman l’histoire des Roméo  et Juliette algériens. Waciny Laredj va trop loin dans le scénario qu’il affirme être le vrai. Qu’il ait raison ou pas, c’est aussi ça le rôle d’un écrivain : susciter le débat.

Le roman n’est pas achevé, mais son contenu déchire déjà les passions entre ceux qui s’en tiennent l’histoire telle qu’elle nous est parvenue à travers la tradition orale, la poésie bédouine notamment, et les défenseurs du droit de l’écrivain à donner libre cours à son imagination et son génie créatif. Quitte à revisiter les légendes.

L’histoire se serait déroulée dans les premières décennies de la présence coloniale française en Algérie, dans la région des Zibans, Biskra.

Issue de la tribu des Dhaouaouda, Hiziya était la fille d’un riche notable, Ahmed Ben El Bey Bouakkaz.

D’une grande beauté, elle ne manquait pas de prétendants parmi les puissants de la région, mais son choix s’est porté sur son cousin Saïd, que son père avait recueilli à la mort de ses parents. Trois mois après leur mariage, Hiziya meurt  d’un mal inconnu à 23 ans.

L’auteur du poème était le véritable amoureux de Hizya

De chagrin, Saïd se retire de la communauté et termine sa vie en ermite dans le désert, après avoir pris le soin de solliciter le poète Mohamed Benguitoune  pour composer un poème en hommage à sa bien-aimée.

C’est ce poème qui a permis à cette histoire d’amour de traverser les âges.  Au 20e siècle, le poème a été repris par de nombreux chanteurs populaires du style bédouin, Khelifi Ahmed d’abord, puis Abdelhamid Ababsa, Rabah Driassa et d’autres, faisant de Hiziya un véritable mythe.

Dans la localité de Sidi Khaled, dans la wilaya de Biskra, se trouve la supposée tombe de Hiziya. Sur l’épitaphe, les années de sa naissance et de sa mort sont indiquées : 1855-1878.

Pour la population locale, elle a bel et bien existé et son histoire a été fidèlement reproduite dans le poème de Benguitoune. Mais ce n’est pas l’avis de Wassini Laredj.

L’écrivain a évoqué la teneur de son prochain roman dans un entretien avec le quotidien gouvernemental paraissant à Constantine, Annasr.

A propos de la cause de la mort de l’héroïne, restée une énigme, Wassini croit détenir la réponse. Selon lui, Hiziya est morte empoisonnée, sans préciser par qui et pour quelles raisons. Mais ce n’est que le début. Il avance aussi que Saïd est un personnage fictif inventé de toutes pièces par le poète Benguitoune.

Mais là où beaucoup peinent à le suivre, c’est lorsqu’il dit que Benguitoune était le véritable amoureux de Hiziya et que, à travers le célèbre poème, il n’a fait qu’exprimer son propre chagrin.

Mieux, Wassini Laredj précise que tout cela n’est pas une fiction destinée à agrémenter son roman, mais la conclusion de ses multiples discussions avec les vieux et vieilles de la région de Sidi Khaled ainsi que de ses multiples lectures et écoutes du poème en question. La polémique s’annonce encore plus vive à la sortie du roman.

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