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« Il y a des discriminations antimusulmanes tous les jours en France »

« Il y a des discriminations antimusulmanes tous les jours en France »

Par franz massard / Adobe Stock
Le drapeau de la France.

La France se déchire de nouveau pour un morceau de tissu, le voile islamique. La polémique sur le port du voile dans le sport survient dans un contexte général de stigmatisation de l’islam et des musulmans.

Face à l’acharnement de la droite et de l’extrême-droite, des voix de sagesse se font entendre pour signifier que les musulmans ont aussi le droit de vivre et de pratiquer leur foi.

Le Sénat a adopté en février dernier un projet de loi interdisant le port du voile pendant les manifestations sportives. Le texte devrait être présenté prochainement devant l’Assemblée nationale. En attendant, la polémique bat son plein et ne se limite pas à cet aspect.

Paris : un meeting contre l’islamisme s’est transformé en tribune d’Islamophobie

Mercredi 26 mars, un meeting à Paris censé être « contre l’islamisme » s’est transformé en tribune d’islamophobie.

« À bas le voile », s’est écrié le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau au cours de ce rassemblement, sans susciter l’indignation qu’appelle un tel dérapage. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (Ccie) a décidé de saisir la justice et l’Arcom (autorité de régulation de l’audiovisuel).

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, a dit toute son inquiétude de ce climat de tension autour des musulmans en France.

« Il y a une haine et des discriminations anti-musulmanes tous les jours en France. Moi, j’ai 70 ans, c’est fini. Mais un gamin qui a 13-14 ans, qui est Français jusqu’au bout des ongles, mais qui est musulman, qui regarde ça, qu’est-ce qu’il pense ? Il a envie de quitter la France, moi, je ne veux pas qu’il quitte la France », a dit le recteur sur Sud Radio, vendredi 28 mars. Interrogé si ces jeunes sont ainsi poussés dans les bras de l’extrémisme religieux, Hafiz a répondu : « Bien évidemment. »

Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise (LFI), a, lui aussi, exprimé sa colère sur le plateau des Grandes gueules (RMC), rappelant que les priorités des Français sont la santé et le pouvoir d’achat au moment où les politiques et les médias se focalisent sur l’immigration et l’islam.

« J’ai envie de vous dire, foutez-leur la paix aux personnes de confession musulmane. S’il y a des gens qui violent la loi, ils doivent être condamnés parce qu’ils violent la loi. Ce n’est pas à vous de définir qui est un bon musulman ou un bon catholique », a dit Bompard à ses vis-à-vis, soulignant qu’en Iran, les femmes ne sont pas libres et « en France, vous voulez leur imposer de ne pas l’être ».

« Beaucoup de femmes font le choix de porter un foulard, il faut le respecter »

Le député de gauche a accusé la chroniqueuse Zohra Bitan, par son opposition au port du voile dans le sport, d’empêcher les femmes de pratiquer le sport.

Le cas d’une femme exclue d’un terrain à cause du voile a été rapporté par la députée LFI Aurélie Trouvé.

Sur France Info, la parlementaire a raconté qu’une basketteuse qui pratique le basketball « depuis 15 ou 20 ans » été virée du terrain devant ses camarades parce qu’elle portait un foulard.

« Voilà ce qui est fait avec ce type d’invectives et de stigmatisations. Beaucoup de femmes musulmanes font le choix de porter un foulard. Il faut le respecter, comme il faut respecter la liberté de croyance ou de non-croyance dans ce pays, du moment que ça ne trouble pas l’ordre public. C’est ça la laïcité », a-t-elle plaidé.

Radicalisation dans le sport en France : un rapport contredit la thèse officielle

La polémique sur le voile dans le sport n’est qu’une facette du climat général de suspicion et de stigmatisation contre l’islam et les musulmans en France.

À l’université de Lyon 2, des étudiants musulmans ont été interdits par la direction d’organiser un repas collectif de rupture du jeûne.

La fac a estimé que rompre le jeûne et « poster un visuel avec des dattes étaient des atteintes graves à la laïcité » et a sommé les étudiants d’annuler l’événement ou de quitter l’occupation de la salle « de gré ou de force », a dénoncé le syndicat Solidaires Étudiants Lyon.

Mediapart a pour sa part révélé une manipulation politique visant l’islam et les musulmans. Le journal a rapporté que le contenu d’un rapport réalisé par les services du ministère de l’Intérieur, démontrant « qu’il n’y a pas de phénomène de radicalisation dans le sport », a été occulté. « Ce travail d’ampleur a été soigneusement enterré », a écrit le média en ligne.

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